Hartmann II - Oiseaux pris dans la vague

Une minute de lecture

J'ai les sentiments balzaciens,

Le col droit et les boucles d'or,

Vers toi je m'avance et je viens

Seulement dans mes rêves, aux aurores ;

Tu me grises, on me vampirise,

L'alcool révèle tous mes torts

En cachant toutes mes hantises.

Comment l'amour crie au-dehors,

Comment je l'étrangle sans un mot,

Tu es l'étranger sur ce seuil

Tuant mes illusions au berceau ;

Avec pour seul couteau ton oeil,

Tu dois voir le vrai dans le faux,

Et l'éternel retour du même

Pour lequel tu n'es qu'un morceau.

Un être à qui on dit "je t'aime",

Que je juge prisé dans la presse

Au milieu des lustres et du luxe,

Doté d'une excellente adresse,

Hors d'atteinte, hors de tout réflexe ;

Un Apollon armé d'hardiesse

Blessé en plein talon d'Achille,

Quand en silence on dit la messe

L'épervier retourne à l'argile.

Mon coeur palpite pour de pâles corps,

Ces Hommes meurent comme nous autres Hommes ;

Et moi suivant de port en port

Ma Muse qui s'ignore en poèmes,

Pendant que le cygne fend l'azur,

Je recueille patiemment ces restes

De l'amour comme sublime accord

Entre prétexte et allégresse.

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