Lettre d'amour à ma bien aimée

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À ma chère et tendre,


Ma belle, mon épouse adorée, mon seul et unique grand amour. Comme vous le savez, le roi a décidé demain de s'offrir ma tête en cadeau dans un beau panier d'osier fabriqué dans notre belle Charente. En effet, Sa Majesté Louis le seizième n'a pas apprécié la caricature de mon dessein qui le ridiculisa aux yeux de la populace riante, en le présenta sous les apparences d'un gros cochon au groin badigeonné d'excréments de son bonjour matinal.

Néanmoins malgré cette situation d'équilibre précaire dans laquelle se trouve ma petite tête, j'ai une très bonne nouvelle à vous annoncer. Le Roi, hier dans sa bonté matinale est venu en personne me rendre une courtoise visite  dans ma cellule. Il m'avoua son embarras en me confiant que son jugement avait été prématuré et impulsif en ordonnant ma mise à mort. Il alla jusqu'à se confier qu'il aimait beaucoup mon esprit quand je caricaturais les autres puissants. Il me dit sans ambages qu'il en riait à gorge déployée. Mais que malheureusement il ne pouvait revenir sur ma sentence sans paraitre faible aux yeux des bourgeois et des manants en guenilles du peuple. C'est pour cela qu'il me proposa une idée absolument géniale, dans laquelle mon amour, vous êtes directement concernée. L'idée de Sa majesté se résume simplement ainsi : votre tête contre la mienne.

N'est-ce pas là un immense privilège de sacrifier l’ombre de votre esprit pour sauver la Lumière du mien. Ce ne sera pas une grande perte pour vous ma chérie, vous qui passez vos journées ennuyeuses dans des attitudes veauvelliènnes à fixer d'un regard éternellement vide et hagard l'horizon des cieux. Et puis ma chère, vous le savez, souvent vous perdez la tête, jusqu'à vous retrouver nue dans la chambre des domestiques, à hurler d'un plaisir satanique en vous faisant enfiler par ces coquins. Perdre la tête une fois de plus ne se remarquera pas, et puis vous n'avez pas inventé l'eau chaude. Souvent en écoutant vos insipides logorrhées philosophiques de bras cassés. Je me posais cette question, de savoir si monsieur de la Palisse n'était pas venu copuler avec votre arrière grand mère. Ah que de chance vous avez ma belle de rejoindre votre grande propriété promise au royaume des cieux par le Christ.

Tandis que moi, après votre départ pour le paradis, meurtri dans l’âme, je souffrirais pareil à mille martyres à vous pleurer. L'atroce douleur de votre absence m’aveuglera, et ne pourrait plus contempler la beauté des cerisiers du Japon en fleur, ni le soleil dans le bleu du ciel. Je serais crucifié sur la croix des remords, et broyé dans les terribles tourments du regret. N'ayez aucune crainte ma chérie, pour vous accompagner dans les abysses de l'obscurité éternelle de l'oubli. Je vous écrirais des mots d'amour si beaux, qu'ils brilleront comme des pierres précieuses étincelantes dans le noir qui vous mènera  à la Lumière de l'Éden.

Et puis, n'oubliez pas que votre décision de sacrifice fera battre de bonheur le cœur de notre bon roi...Alors heureuse ?

Comte CharlieT

L'amour de votre Vie

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