L'homme puissant.

Il la viole tous les jours. Presque. C'est tout comme.

Au regard de la loi, c'est pareil.

Dans son esprit, ce n'est rien. Tout juste un geste affectueux, qu'il ne se permet pourtant jamais de refaire en public, parce qu'il sait quelles réactions pourraient avoir les autres en le voyant faire.

Dans son esprit à elle, c'est un viol. Un viol de la confiance qui l'unissait jusqu'alors à cet homme. Un viol de son corps, de son intimité, de tout. Un viol dont elle ne se remettra jamais vraiment.

L'homme puissant, il n'en a rien à faire. Il jurerait ses grands dieux qu'il n'est pas en tort.

***

La femme puissante.

Elle puise sa force dans toutes les épreuves qu'on lui a infligé. Elle ressasse en silence des mots qu'elle ne dira jamais. Des mots que personne ne pourrait comprendre. Elle s'endort tous les soirs les lèvres tremblantes et le sel au coin des yeux.

Et puis un jour, elle commence à ourdir sa vengeance. C'est d'abord un fantasme, ensuite une possibilité, et finalement une réalité.

La première dose, il l'avale d'un trait, sans sourciller. S'il commence à se poser des questions quand ses problèmes de santé augmentent en même temps que se vide le flacon du produit à vaisselle ? Il n'en dira rien. Trop fier, trop bête.

La femme puissante, c'est celle qui niera jusqu'au bout l'accusation de meurtre.

C'était un meurtre oui, mais pas un crime.