Guy

3 minutes de lecture

Pascal - Pensée - remplaça Gaston à deux heures du matin. Dix pourcents d'une cargaison volée aux Allemands, ça se gardait avec vigilance. Pas question de s'endormir.

« Tu peux aller te reposer, dit Aimé en prenant le fusil de Gaston.

-A vrai dire, je vais plutôt aller faire un tour, répondit celui-ci. Je ne sais pas pourquoi, peut-être que l'air de la nuit est frais à point, à moins que la lune ne soit plus belle que d'habitude, mais je vais faire un tour au village. Peut-être faire des repérages, aussi. »

Pascal renifla. Cela se passait de commentaires. Gaston savait qu'il désapprouvait qu'il vole des poules, et que, même ce qu'il gagnait honnêtement, il le refourgue trois fois le prix au marché noir, mais Gaston appelait cela ''loi de l'offre et de la demande'' et continuait de vendre malgré tout. Tant qu'il trouvait des acheteurs...

A six heures, Cendrillon - enfin, Guy Blanche - arriva pour remplacer Basile.

« L'Albatros avait un mauvais pressentiment, dit Guy Blanche. J'espère que ça ne t'effraie pas trop ?

-Tu plaisantes ? ironisa Pascal. Les mauvais pressentiments, c'est des histoires de bonne femme ! Et puis... c'est toi qui va monter la garde, moi je me casse, alors tu parles si ça m'effraie ! »

Sur cette conclusion cynique, il lança son fusil à Guy Blanche et se barra à travers champs. Il croisa le p'tit Pierre qui trimballait du pain pour ses livraisons et ils firent un bout de trajet ensemble dans l'aube naissante.

« Il paraît que l'Albatros avait un mauvais pressentiment ? dit-il à Pierre.

-Oui, répondit celui-ci. Le Chef disait qu'il y avait quelque chose de louche dans l'air et qu'il serait étonné que la transaction avec le Chasseur se déroule sans heurts.

-Ah, un mauvais pressentiment commercial. C'est différent, dit Pascal. Je croyais que c'était une histoire de vie ou de mort.

-Tu sais, dit Pierre avec le ton innocent qui caractérisait son jeune âge, par les temps qui courent, n'importe quoi peut être une histoire de vie ou de mort déguisée en préoccupation anodine. »

Pascal haussa les épaules. Il y avait du vrai dans ce qu'il disait, mais enfin, il venait de veiller une partie de la nuit et tout ce qu'il voulait, c'était retrouver son plumard, même si techniquement son plumard était une botte de foin à l'étage d'une grange.

« Réveilles-moi quand ce sera l'heure d'aller au rendez-vous, dit-il avant de prendre le chemin de la grange.

-OK Basile." dit Pierre d'un ton joyeux, car il aimait bien utiliser leurs noms de code.

Pascal alla à la grange. Lorsqu'il ouvrit la porte, il se retrouva nez à nez avec un uniforme vert-de-gris et crut qu'il allait s'uriner dessus. Puis il reconnut la tête d'Aurélien, qui discutait avec Lucien.

« Pascal, viens là et explique à Aurélien pourquoi c'est une mauvaise idée de se balader comme ça, s'il te plaît, dit Lucien en lui faisant un signe de la main.

-Parce que si j'avais été armé, j'aurais tiré d'abord et regretté ensuite, répondit Pascal. Quoique pour les regrets, c'est à voir. Pourquoi diable t'habilles-tu comme ça au juste ?

-Parce que ça va renforcer la confusion dans les rangs adverses. »

Pascal se massa les tempes et dit à Lucien :

« Je vais dormir, je te laisse lui expliquer."

Lucien hocha la tête et Pascal entendit juste la suite tandis qu'il montait à l'étage de la grange par l'échelle.

« Ecoutes, Aurélien, l'Albatros, qui est quand même vachement coulant, t'as laissé choisir Adolf comme nom de code pour que les Allemands y pigent pas un rond si ils écoutent nos fréquences. Mais avec cet uniforme, tu vas te faire tirer dessus - et si pas par nous, par un des hommes du Chasseur ou d'un autre. »

Aurélien répondit :

« Je te dis que c'est le déguisement idéal ! Je l'ai piqué à un des soldats qu'on a assommé cette nuit. Si on veut piquer des choses à la Kommandantur ou s'infiltrer quelque part, ce sera le moyen parfait ! Et les chleuhs vont même peut-être commencer à se tirer dessus les uns les autres.

-C'est juste une mauvaise idée. Retire-moi ça et prépares-toi à rejoindre l'Albatros à dix heures. »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Arsène le Conteur ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0