Fausse résilience
Ce mot me fait sursauter. Peut-on avoir une résilience face à la souffrance provoquée par le constat régulier d'une trahison ?
Je combats la tristesse et les larmes qui se battent en duel pour couler le long de mes joues. Je serre les poings et je refoule au plus vite les émotions qui me submergent.
Je pensais que le temps avait fait son oeuvre et qu'aucune émotion ne m'atteindrait lorsque je reviendrai sur les anciennes amitiés.
Force est de constater que rien n'est balayé, rien n'est effacé. Il reste encore une plaie vivace qui s'anime dès qu'une brise se met à souffler dessus. La technique consistant à ignorer et fermer toutes les embrasures ne fonctionne pas.
Je n'ai pas le courage de me confronter à la réalité car cela impliquerait de reprendre le fil de l'histoire, se lancer dans des explications, subir des reproches, ouvrir les plaies et donc repartir dans une boucle de chagrin et de tourment.
Est-ce que cela en vaut vraiment la peine ?
Tout cela parce que j'ai voulu revenir sur cette place. M'asseoir à cette table, commander un café et voir si ton visage appararaîtrait.
Je connaissais tes habitudes, à 17h pile tu venais prendre le dernier café avant de repartir et je me suis collée dans le coin essayant d'être aussi transparente que le plexiglas qui séparait les tables.
Après quelques minutes d'attente, j'ai senti ta présence bien avant de te voir. Tu n'avais pas changé, aussi élégant et charmant que dans mes souvenirs.
Puis là, j'ai failli renverser ma tasse. Tu n'étais pas seul. La surprise et une forte émotion ont pincé et piqué mon coeur.
Je l'ai reconnue.
Elle non plus n'avait pas changé. Sa persévérance avait payé. Elle est revenue... Auprès de toi.
Vous étiez tellement accaparés par votre conversation que vous n'avez pas jeté un regard vers le coin sombre de la salle. J'ai suivi du regard le couple que vous formiez et dans mon esprit, toutes les belles promesses formulées autrefois se déchiraient une à une dans mon esprit.
Une grande lassitude et une énorme tristesse m'ont envahi à ce moment précis.
J'ai reniflé un bon coup puis j'ai attendu le bon moment pour me lever discrètement et partir.
Le courant d'air qui a suivi mon départ t'a-t-il fait te tourner ?
Je l'ignore. Aveuglée par les larmes, je marchais vers la station la plus proche.
Je voulais fuir, fuir tes mensonges, fuir tes superficielles déclarations et piétiner toute la confiance que je te portais. Malheureusement, tu n'es qu'un homme faillible.
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