Mise au point
— Allo ?
— Hey Max, c’est Marta
— Oui j’ai reconnu. Je ne pensais pas que tu avais gardé mon numéro.
— …
— Marta ?
— Oui ?
— Tu vas bien sinon ?
— Oui de manière générale.
— Tu me caches quelque chose ?
— Je préfère qu’on se parle si tu veux bien dans un café, demain à onze heures ? Enfin, si tu vis toujours à Madrid.
— Je n’ai pas bougé. Bien, tu as un café de préférence ?
— Dans le centre-ville, le roi de pique. Tu connais ?
— Oui.
— Cool, j’ai tellement de choses à te dire. Et j’espère que tu me pardonneras d’avance pour ma longue pause.
— Tu as forcément tes raisons et je te connais bien, toi et tes fuites.
— Ouai, bon, je vais me reposer, j’ai quand même un cours de danse demain.
— Je te souhaite une bonne nuit alors. A demain.
— A demain.
L’appel fût court et c’est très bien. Je souffle un bon coup puis part prendre mon traitement avant de rejoindre Roberto pour la nuit. J’ai plutôt bien dormi et c’est toujours d’une meilleure humeur, que je m’en vais danser.
Après ma douche, je reprends un peu de force avec une pomme puis j’informe Roberto, que je sors seule en ville. Finalement, mon stress revient et je me calme en prenant un verre de limonade assise à la terrasse. Enfin, après cinq minutes de retard, il est là. Il n’a jamais changé.
— Je peux m’asseoir ?
— Bé bien sûr ! Quelle question !
— Je te fais marcher
— Tu n’as pas changé.
— Toi aussi.
Pendant qu’il s’assoit, il commande une pression. Une fois servi, il règle sa note et me fixe heureux. Moi, je me sers ma boisson encore mal à l’aise.
— Alors ?
— Alors quoi ?
— Bé je t’écoute. Raconte-moi tout ce silence. Il y a deux ans, après ton anniversaire, tout nous dit, je cite « Merci d’être venus les gars, mais cette soirée hier n’était pas qu’une simple fête, c’est plus un adieu. Ne cherchez pas à comprendre. Mais je vais bien et j’ai juste besoin d’une coupure. Je vous aime et je reviendrais un jour, promis. Au revoir. »
Il savoure sa bière satisfait de sa tirade en se penchant. Je décide de l’imiter puis je me rapproche de lui.
— Comment tu te souviens de tous ces mots ?
— J’avais pressenti quelque chose de disons important et j’ai donc enregistrer. En la réécoutant en boucle avec les autres, on a tenté de comprendre et même en demandant à ta famille. Et puis, le temps a passé. Mais sans t’oublier.
— Ouai d’accord. Avant de parler de moi, parlons du groupe et votre affiche.
Je lui sors l’affiche que j’ai arracher avant de venir. Cela le fait rire et ça m’insupporte.
— Ha ça. Tu ne m’as pas appelé juste pour t’expliquer hein ?
— Tu es aussi malin que moi. J’ai compris le jeu.
— Explique-toi.
— C’est simple. Comme vous avez peur que je ne vous réponde pas, pour des nouvelles, vous avez décidé par ce coup de génie, dont je te décerne le prix, me faire revenir avec ce pseudo concours !
— Bravo ! Bien joué ! Mais tu te trompes sur un petit détail.
— Lequel ?
— Ce n’est pas un pseudo concours. Disons plus tôt, qu’on a voulu officialiser le groupe. On s’avait que tu allais mordre à l’hameçon mais on cherche aussi une chanteuse de préférence.
— Max. Ce groupe c’est aussi moi ! Il est hors de question que tu me remplaces ! C’est moi ou rien !
Je range l’affiche et termine de boire d’une traite. Je repose le verre avec force et ma colère le laisse encore rieur.
— On va continuer de jouer.
— Jouer à quoi ?
— Tu veux revenir ?
— Bien sûr ! C’est moi qui ai écrit toutes les chansons !
— Je sais. Alors je te propose de me dire la raison de ton silence et en échange, tu nous laisse faire le concours. Tout en sachant, qu’on va te faire gagner.
Il lève son verre en me faisant un clin d’œil et le finit presque. Il s’installe de manière confortable pour fumer une cigarette. Je me mords les lèvres en montrant mon angoisse puis prise au piège, j’accepte le deal :
— Tu as gagné !
— Cool ! A toi.
— Bien, si j’ai coupé les ponts c’est que, j’ai retrouvé ma sœur.
— Et ? Ça s’il mal passé que tu as carrément plus voulu nous voir ?
— Au début si mais au cours de l’année, c’est compliqué à expliquer mais pour faire simple, j’étais amoureuse d’un garçon et ma sœur aussi. Le pire, quand on s’est retrouvé, elle était professeur à l’école. Enfin bref, j’ai découvert que le garçon sortait avec elle. Je l’ai mal prise et je me suis fait du mal. Anorexie-boulimie et j’ai failli rater ma première année.
— A ouai ! Carrément ! Tout ça pour ça ?!
— Ouai je sais…Surtout quand pardonnant à ma sœur, elle m’a dit que le gars était amoureux d’elle mais pas elle ! Et bref, comme j’étais occupé à me soigner, je ne voulais pas vous embêter avec ça. J’allais bien pourtant, quand on s’était vu. Et enfin, quand j’avais hésité à revenir vous voir mais je n’ai pas pu. Je préférais la danse avant tout. Pardonne-moi…
— Hey, ne pleure pas. C’est du passé. On va se retrouver et commencer à remonter sur scène.
— Si tu le dis. Désolé de te laisser, j’ai un rendez-vous important.
— Où ça ?
— Le médecin, rien de grave. Promis on se rappelle ! Ou passe à l’école !
Voilà, je fuis encore comme une lâche. Mais je sais que je finirais par leur apprendre ma maladie. Je rentre juste à temps pour déjeuner avec Roberto. Je le laisse parler de sa répétition puis il me questionne sur ma virée en ville.
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