— Bien tu comptes rester silencieuse ou accoucher !?

— Je vais te dire ce qui ne va pas.

— Tu vas me faire la morale c’est ça ?

— Je demande juste des explications ma belle.

— À propos de quoi ?

— Viens t’asseoir loin des chevaux, j’ai bien peur que tu leurs fasses peurs avec ton emportement.

Je la suis sur la réserve et on s’assoit dehors sur une botte de foin.

— Avant que tu me questionne, tu n’as rien dit aux parents ?!

— Tu me prends pour qui avec ce genre de sujet ?

— Mais alors sur quel sujet !?

— Je vais te répondre mais ne m’interrompt pas d’accord ?

— Ouais ok. Balance ce qui te tracasse qu’on en finisse !

— Bien, quand j’étais encore professeur à New-York, j’ai eu une jeune fille qui était apathique depuis quelques mois. Elle n’arrivait pas à se remettre à la danse. Aucun professeur pas même la direction ne réussissait à l’aider car elle refusait tout simplement de se confier. Mais moi je suis parvenue petit à petit à percer sa carapace.

— Et ? Où tu veux en venir ?

— Attend ! Laisse-moi finir d’accord ?

— Ouais.

— Bien, en creusant un peu, j’ai fini par savoir qu’elle sait fait avoir par de faux professionnels d’un magazine de lingerie. On l’a filmé en train de se changer à son insu pour la mettre en ligne.

Je me tends encore plus et son regard n’est pas dupe.

— Tu vois où je veux en venir ?

— Bé écoute, tu l’as dit toi-même, elle sait fait avoir et bé ça n’a rien n’avoir avec moi !

— Elle m’a montré le site et j’ai vu des tas de vidéos rappelant mon… mon passé. Mais surtout tu y étais ! Alors je te demande de me dire toi aussi la vérité. Tu étais consciente de ce que tu faisais ou pas ?

— Tu penses sérieusement que j’allais m’abaisser à ce genre de choses ?!

— Je voulais en être sûr. Car la jeune fille en question, était surtout influencer par une amie. Qui connaît les types derrière ce genre de choses et gagner aussi de l’argent. Bien évidemment je l’ai aidé à porter plainte. Pour le moment ça rien donner... Tu sais dès que je t’ai vu, j’ai ressenti un mélange de peur et de colère. Je m’inquiète pour toi.

— Je comprends. Sache que …

— Comment tu t’es retrouvé là-dedans hein ?

— Je n’ai pas envie d’en parler. C’est du passé.

— Tu as porté plainte ?

— Avec Roberto oui, il m’a aidé mais les gars ont disparu.

— Roberto ?

— Je …

— Dis-moi tout, je sens que ça te travaille encore cette histoire.

— Pour faire simple, c’est aussi une amie qui m’a montré le casting de lingerie. J’y suis allé et je suis revenue plusieurs fois pour des photos. Et un jour…enfin, l’un des types m’a dit que le photographe n’était pas là et qu’on n’avait pas besoin de lui. Il m’a dit que j’avais du potentiel pour autre chose et quand je voulais sortir, il m’a enfermé. Il commençait à me proposer de faire enfin tu vois quoi, tout en étant très insistant. Je l’ai frappé là où tu penses et je suis sortie. Et Roberto m’a trouvé dans la rue en maillot, il m’avait vu et m’a tout expliqué. Voilà tu sais tout.

Elle reste silencieuse un long moment et je m’invite en larme dans ses bras.

— J’en suis rassurée.

— Mais je suis encore en ligne !

— Je sais. On ne peut revenir en arrière. Pense au présent et surtout à ton concours. Tu te sens prête ?

— Plus que jamais !

— Tu veux nous chanter quelque chose ?

— Les parents connaissent mes chansons. Mais si tu veux, oui, maintenant ?

— Je suis prête !

Je lui souris puis me lève tout en séchant mes yeux. Je me prépare et choisit une de mes meilleurs.