Cache-cache
» Je ne commencerais jamais ce que tu attends de la fin de mon existence, j’ai assez attendu pour la mienne et je n’ai pas réussi, mon dernier souhait »
Je relis cette phrase en boucle, rédigée dans un moment de quiétude pendant mes vacances. Une semaine après mon changement d’humeur chez ma famille, je me résous à finalement suivre mon désir refouler.
Pour toi, je dois le faire. Je n’ai rien à perdre et si je dois être en prison, cela ne me pose aucun problème. Je retourne la carte de visite pour lui écrire mais il n’a aucun numéro. Alors, je le cherche sur mon ordinateur, cependant il n’a qu’un mail.
Après avoir vérifié que ma sœur n’est pas là, je rédige le courrier :
« Je ne commencerais jamais ce que tu attends de la fin de mon existence, j’ai assez attendu pour la mienne et je n’ai pas réussi, mon dernier souhait. »
Si ces mots ont été mes compagnons durant nos maigres entrevus, ils n’ont plus lieu d’être. Je te propose donc de réaliser ton vœu le plus cher. Le jeu mortel.
Devant témoins, autour du Puente de Toledo, dans une semaine dès onze heures. Je serais là sûrement dans la ruelle entre le magasin de vélo et celui de peinture. Ou bien, sur le pont ou sous le pont.
Dès que tu me verras, tu devras me suivre assez loin. Vient en haut blanc et veste en jean. Puis tout s’arrêtera, d’un simple regard, d’un simple geste.
Tu verras ainsi toute ma rage comme mon indifférence. Une fois tombée, tel un pantin, je me serais déjà envolé sans laisser de trace.
Si jamais, par malchance, je suis attrapée et en cage, je te laisse en amont, garder une lettre dans ta veste, pour tout expliquer.
Je suis ton tueur à gage et ma justice. Tu m’as voulu gratuitement et j’aurais enfin, réaliser le souhait d’Eva.
Je ne suis plus Marta, ni qui que ce soit.
Je suis juste une passagère, une étrangère.
Je suis ce que je déteste. Je suis celle que tu espères.
Ce message sera effacé quand tu auras répondu. Amicalement, vôtre. «
Ce n’est que le lendemain midi que j’ai une simple réponse « Ok merci, tout est déjà prêt. Amicalement vôtre aussi ». Je souris avant de tout effacer et de reprendre un semblant de vie normale.
En vérité, j’ai peur. Non pas de tuer, non pas d’échouer, ni de mourir mais de faire endurer à mes proches mon suicide.
Et surtout Roberto. Je l’aime comme une folle. Mais je suis sûr que même en disparaissant naturellement, il souffrira.
Je me rappellerais à jamais de ce moment où je voulais me jeter du toit d’une discothèque, en ayant ingurgiter quelques shoots de vodka. Ce jour, où le cardiologue m’annonçait l’arrivée d’un nouveau cœur. Ce soir où, personne ne savait mon destin funeste.
Et où, j’ai interrogé mon homme avec des questions mystères sans queues ni tête. Où dans nos états de détresses, Il m’a sauvé avec son discours et dont ma maigre amnésie, me conforte avec ces mots embellis : « Je m’en fiche de ce que tu veux être ou ne pas être Marta. Je t’aimerais toujours. Marta, je te jure, que si te sautes, je te suivrais. Donne-moi ta main, s’il te plaît. Viens, ne fais pas de bêtises ».
Il sautera, j’en suis sûr cependant on le retiendra. Comme pour moi si… Non ! Je vais faire autrement. Mourir ? Peut-être…Mais le tuer ? Non.
Le jour J, je loue le matin même, une moto en mentant sur ma santé, puis je m’arrête près du portail côté cour, chez mes parents. J’arrive à rentrer dans le petit garage dédié aux armes diverses dont de chasse de mon père, via une fenêtre à moitié ouverte. Je n’ai pas le droit d’y accéder tout comme ma sœur et ma mère pour des raisons évidentes de sécurité.
Je récupère un des révolver vide et y insère deux balles dont la première trafiquer de ma propre initiative. Elle contient de la peinture rouge. J’ai appris à fabriquer ça via internet et j’espère que ça fonctionnera. La deuxième je la garde pour moi si besoin.
En repartant dehors, j’entends du bruit à la maison. Pris par mon impulsivité, je me jette dans la gueule du loup avec mon arme. Ma sœur et ma mère sont comme je m’y attends, sous le choc. Mon esprit ne résonne plus…
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— Marta ?! S’approche doucement ma mère. Que fais-tu avec cette arme ?! Ne fais pas de bêtises, donne-la-moi ma puce.
— N’a…n’approchez pas !
Elle recule un peu et nous braque, un regard furtif dehors. Je ne l’ai jamais vu comme ça et je comprends que ma mère sait comment gérer la situation.
— Marta ? Ecoute moi continue ma mère. Respire et donne moi l’arme. On va discuter et souviens toi, tu ne seras pas juger.
— Non ! N’approche pas ou je tire !
— Ma puce, s’il te plaît. Je sais ce que tu es entrain de faire et ce n’est pas ce que tu veux au fond.
— Si ! Laisse-moi ! Je…je sais et je…je le ferais !
— Marta ! Revient !
Elle s’en va en tirant en l’air ce qui fait un peu stopper ma mère avant que cette dernière tente de la rattraper. J’entends le bruit d’une moto et je dégaine mon téléphone au moment où elle revient.
— Maman ? Qu’est-ce qui se passe ?!
— Je n’en sais pas plus que toi !
— Alors on fait quoi ? On appelle la police ?
— ….
— Maman ?!
— Oui mais aussi il faut prévenir ton père, Carmen et Roberto.
— Ok alors je vais à l’école et tu préviens papa et la police ?
— Oui, il faut faire vite. Elle peut se faire du mal…
— Ou tuer quelqu’un !
— Mais qui ?!
— On n’a pas le temps d’y penser ! Le temps nous est compté ! Prend la voiture.
— Tu n’as en pas besoin avec papa ?!
— Ton père a la sienne.
— Bien, j’y vais ! On se tiens au jus !
Je la laisse prendre le téléphone fixe et je me dépêche de rouler jusqu’à l’école. Une fois sur place, j’entre en trombe dans la salle des professeurs, heureusement vide. Je toque au bureau et mon amie m’y invite.
— Tu fais une drôle de tête Adela. C’est ta sœur ?
— Exactement ! Il ne faut absolument pas affoler toute l’école mais faut rapidement que tu saches que ma sœur pour une raison qui m’échappe est en danger ou bien va faire une grosse bêtise mortelle !
— Comment ça ?!
— Elle nous a surpris avec une arme devant ma mère à la maison ! Ma mère a tenté de la raisonner en vain. Elle est en fuite toujours armé !
— Tu as appelé la police ?!
— Oui ma mère s’en occupe et …
— Quoi ?!
— J’ai eu un message de sa part, la police est au courant et elle part avec mon père pour la chercher aussi. Je dois informer Roberto, peut-être qu’il sait où elle peut se trouver. Et est-ce tu vas prévenir les autres ?
— Je ne pense pas. On ne va pas comme tu as pensé, affoler les autres. Mais attends-on la fin de la journée.
— Bien, merci de tes conseils, je dois y aller.
— Tu peux toujours compter sur moi.
Son sourire et sa main sur mon épaule me fait chaud au cœur. En sortant, je réfléchis à l’endroit où peut-être Roberto. Je décide de téléphoner et il n’est effectivement pas ici. Si au début il ne me croit pas, après quelques secondes de silence, il m’informe qui part de suite avec César et Tania du studio d’enregistrement pour la chercher. De mon côté, je décide de rester sur place.
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— Bien les gars, l’heure est grave. Est-ce que vous avez une idée de sa cachette ?!
J’ai les clés sur le contact et la transpiration au front. César est à mes côtés et Tania derrière. Leur silence ne m’aide pas mais les mots réconforts de César sont les bienvenus.
— Quel que soit son but, on va gagner sa partie. On va la sauver. Elle qui se demandait justement « Qui peut me sauver ? »
— Oui et si on perd ?
— Il y a deux façons de perdre me répond Tania
— Deux ?!
— Oui. Soit c’est fini soit elle est blessée.
— Mais Tania, si elle est blessée, c’est qu’on n’aura pas tout à fait perdu ?
— Les gars, on n’a pas le temps de réfléchir !
— Ok Roberto, alors où on va ? Me questionne Tania
— Faire chacune des rues jusqu’à la trouver ! La police fait de même, Adela reste en position à l’école si elle revient sur sa décision et ses parents vont aussi comme nous.
— Bien, alors en route ! S’attache César
Seule Tania l’imite. Malgré la panique, je respecte les limites. Après une heure de route, c’est Tania qui pense l’avoir trouvé. Je me gare sur une place de parking et je lui demande après l’avoir aussi repéré :
— On prévient les autres ?
— Regarde là, elle semble sereine non ?
— Je pense qu’elle cache son arme dans sa veste en jean suppose César
— Hum…elle a sans doute jetée ?
— Rien n’est sûr Roberto admet aussi Tania
— Vous pensez que je devrais aller la voir ? Je vois qu’elle ne semble plus en danger.
— Je pense qu’elle sait qu’elle est recherchée. Regarde bien, elle semble chercher quelque chose…
— Ou quelqu’un Tania et elle a trouvé ! Je sors, ne bouger pas !
— Ne fais pas de bêtise Roberto !
Je n’écoute pas mon ami et je m’approche de ma copine sauf que la foule à dix heures est un peu dense. Je suis son regard qui fixe un homme un peu confiant mais aussi inquiet, marcher sur le passage piéton. Je reconnais le serveur et je ne comprends rien.
Comme dans un matche de tennis, Marta sous sa capuche posée tel une criminelle dans cette ruelle, sort son arme. Un regard glacial, sûr d’elle face à l’homme qui semble cette fois s’amuser en ouvrant plus sa veste.
Mon cri réussit à faire stopper la foule autant que moi par mon ami. Mais aucunement la balle qui atteint le pauvre homme.
Je me précipite pour rattraper Marta mais elle s’enfuit en par les toits. Mes amis ainsi que les passants sont autours de l’homme. On l’aide à se relever alors qu’il rit et cela nous surprend en voyant de la peinture.
— Ne vous inquiétez pas ! Tout va bien ! Je suis désolé de cette belle frayeur mais c’était prévu !
Ma colère monte et je me retiens de lui casser la tête ainsi qu’à Marta.
— Excusez-moi mais la personne que vous avez engagé pour cette mascarade est ma copine !
— Désolé jeune homme. Désolé pour vous.
— Comment vous avez eu l’idée de la prendre ?! Vous êtes le serveur du bar tapas et je vous ai reconnu dans la galerie ! Est-ce c’est là-bas que vous l’avez …
— Pour faire simple, j’ai donné ma carte de visite, oui c’est ma galerie, je suis peintre et j’avais déjà tenté de faire venir de potentiels clients pour mon délire artistique. J’en ai touché pour la première fois, un rapidement mot à votre copine puis on s’est plusieurs fois écrits.
— Et le but de tout ça ?!
— Ho, disons que je voulais voir ce que ça donne d’avoir peur de mourir pour mieux retranscrire ses émotions en peinture.
— Et pourquoi elle ne nous a rien dit ? Elle est partie de chez ses parents, paniqué avec son arme !
— J’en suis encore désolé, ça fait partie du jeu.
Je décide de m’éloigner un peu et c’est César qui prend le relais avec Tania. Cette dernière comprend le message et sort le téléphone.
— Tout sa famille pense qu’elle va se tuer y compris la police !
— Encore désolé ! Je suis prêt à m’expliquer avec eux !
— Alors ici, devant témoin et en haut-parleur !
— D’accord jeune fille.
— C’est bien Tania la complimente César
Pendant l’appel, je fais de même pour prévenir sa famille. Le retour à l’école est encore tendu. Dans la chambre, on sait tous que tout n’est pas clair. Marta est harcelée de toute part et l’inquiétude reprend en intensité jusqu’au début de la nuit.
La police est de nouveau en service. Mais où est-tu ma belle ?! Si cela n’ était qu’un simple jeu, pourquoi ne pas nous rassurer ?!
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