Chapitre 21 : Non-dits (2)

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Vyrian sentit l’air quitter ses poumons sous la violence du choc.

Satisfait, Xam le lâcha avant de lui envoyer des giclées de cendres au visage. Vyrian tenta de s’en protéger, mais s’en trouva recouvert. Une fois de plus, il fut satisfait de sa combinaison, il eut juste à se redresser et l’épousseter.

Alors qu’il finissait de se relever, il entendit des pas précipités se diriger dans sa direction. Il leva rapidement le regard et découvrit Yomi essoufflée à quelques mètres de lui. Xam trottinait gaiement à ses côtés, elle s’excusa pour le comportement de son ami.

— Pardonnez-le, il est encore jeune.

— Ce n’est rien.

Les trois Ombres se joignirent à eux, Dezaël en tête.

— C’est donc lui le fameux patient de Rayec ?

— Ouais.

Alors que les trois Numériciens débattaient de son cas, Vyrian vit l’expression de Yomi se décomposer. Vanea et son frère ressemblaient trait pour trait à leurs parents. Mais comment l’expliquer à la jeune femme ? Un mélange de tristesse et d’incompréhension s’imprima sur ses traits. Son visage d'ordinaire doux se durcit et les cœurs magiques se manifestèrent sur sa peau.

Vyrian craignait qu’elle ne perde le contrôle comme lors de son interrogatoire. Dezaël sembla également percevoir la menace, il rabroua la jeune femme.

— Hey ! T’as écouté ce que je t’ai dit tout à l’heure ?

Yomi sursauta avant de se tourner vers lui.

— Oui.

— Alors contrôle-toi ! Tu ne peux pas utiliser tes pouvoirs dès que quelque chose ne te convient pas ! Je t’ai expliqué la situation en plus !

— Je sais.

— Ne les regarde pas comme ça alors !

— Mais je n’y peux rien ! Mes parents sont retenus captifs. J’ai dû fuir et je me suis retrouvée ici, parce que tu n’avais pas fermé un portail entre les mondes !

Kayle interrompit Yomi.

— C’est vrai ça, Dez ? T’es encore allé faire un tour dans les autres mondes ? Mais, tu sais bien que c’est interdit depuis la guerre !

Dezaël fusilla Yomi du regard qui ne se dégonfla pas et poursuivit.

— Et depuis que je suis ici, tu ne cesses de me répéter que ma vie n’est que mensonge ! Que ma famille n’est pas ma famille, mais la leur !

Yomi désigna Kayle et Vanea avant de terminer sa tirade essoufflée.

— Alors excuse-moi si j’ai besoin de le vérifier de mes propres yeux !

Cette fois, ce fut Vanea qui intervint.

— Dez, qu’est-ce qu’elle raconte ?

Dezaël se tourna vers Yomi.

— T’as le sens de la diplomatie, toi.

Sans prévenir, il attrapa la main de la jeune femme et montra le symbole du projet Trimondes qui y figurait aux deux Numériciens. Ce fut Kayle qui fit le lien entre les deux Exilés.

— Elle a le même gribouillis que toi et alors ?

— Mais c’est dingue ce que tu peux être étroit d’esprit !

Pour la seconde fois de la journée, Vanea soutint son frère.

— Dez ! Explique-toi !

Le jeune homme dévisagea tour à tour le frère et la sœur.

— Rayec ne vous a donc rien dit. Je lui avais pourtant fait promettre. Enfin bref, je vous présente votre petite sœur adoptive.

— Pardon ?!

— Soyez pas si étonné ! Comme moi, Yomi a été enlevé à son monde alors qu’elle était toute petite.

Vyrian le vit remontrer leurs marques, avant de reprendre.

— Rayec m’a élevé. Dallan et Fara se sont occupés d’elle et ont eu une autre fille. Désolé Kayle, mais tu te trouves en infériorité numérique.

Le scientifique vit le jeune homme balbutier avant de récapituler les événements.

— Donc nos parents sont encore en vie …

Dezaël l’interrompit et lui apporta des précisions.

— D’après ses dires pas pour longtemps.

Kayle poursuivit toujours hagard.

— Et ils ont fondé une nouvelle famille.

Le Numéricien chercha un peu de réconfort auprès de sa sœur. Elle lui renvoya la réalité.

— Ce n’est pas si étonnant. S’ils voulaient s’intégrer, créer une famille est une bonne stratégie.

Ce pragmatisme offusqua Yomi qui interpella l’intéressée.

— On n’était pas que des alibis !

Cette fois-ci, ce fut Kayle qui vint en renfort à sa sœur.

— Qu’importe ! Qu’avez-vous de si spécial ?

Vyrian appréhendait le changement de situation. Avant que les évènements ne dégénèrent Dez s’interposa.

— Calme-toi mec.

— Et toi depuis combien de temps tu étais au courant ?

— Tu ne veux pas vraiment connaître la réponse.

Vanea comprit sans difficulté l’insinuation.

— Depuis toujours, Rayec aussi.

— Rayec n’est qu’une marionnette de plus. Tout comme cet homme, seule Mère semble avoir les réponses.

Tous se tournèrent vers Vyrian. Vanea le détailla du regard avant d’observer la tenue de Yomi.

— C’est quoi le rapport entre lui et le Monde Mythique ?

Dezaël lui fournit la réponse, catégorique.

— Mère.

A l’évocation de ce nom, les deux Ombres se raidirent. Ils lui devaient leur capacité à changer de mondes. Pourtant, ils ne connaissaient rien d’elle. Kayle qui semblait s’être calmé interrogea l’Exilé.

— Qui est-elle ?

— Je l’ignore. Mais Rayec a trouvé des traces de sa présence chez lui, alors que ça fait plus de dix-huit ans que nous n’avons pas perçu sa présence.

Huit paires d’yeux se tournèrent vers le scientifique dans l’espoir d’avoir les réponses à leur souffrance. Vyrian sentit sa bouche s’assécher. Alors qu’il tentait d’ordonner ses pensées pour les apaiser, une sensation familière fit son apparition. Tous la reconnurent.

Les cœurs magiques pulsèrent de plus bels sur la peau de Yomi, alors qu’elle percevait la présence.

— Des Sanctionneurs !

Dezaël, Kayle et Vanea la détectèrent tout autant, mais lui attribuèrent un autre nom.

— Des Infovirus !

A cet instant, Vyrian réalisa l’étendue de sa mission. Il ne devait pas empêcher une guerre de se produire, il était trop tard pour ça. A présent, il devait l’arrêter. Les Infovirus n’étaient autres que les créatures des Régisseurs. Ils en avaient fait des armes pour attaquer le Monde Mythique.

Dans un même mouvement, tous se retournèrent vers les créatures fantomatiques qui sortaient par dizaines de l’obscurité. Kayle et Vanea affichèrent un air farouche. Xam se positionna devant sa maîtresse qui peinait à contrôler l’extension de son cœur magique. Dezaël resta imperturbable. Vyrian, lui regretta la monotonie de son passé.

Les Infovirus se rapprochèrent et encerclèrent le groupe. Une voix jaillit des ténèbres. Vyrian n’eut aucun mal à l’identifier. Il s’agissait du Capitaine des Régisseurs.

— Que vois-je ? Trois rebelles, un inconnu et oh surprise ! La seule personne ayant su me tenir tête. C’est ce qui s’appelle obtenir le gros lot.

Yomi se mordit les lèvres et défia le Capitaine.

— Libérez-les !

— Pourquoi ferais-je une telle chose ? J’ai encore beaucoup de choses à apprendre de ton peuple. Ne t’inquiète pas, tu ne tarderas pas à les rejoindre. Neutralisez-les !

De toute part, des rayons d’énergie zébrèrent l’obscurité. Ils étaient encerclés. Nulle chance de fuir. Lorsqu’un des rayons le toucha, Vyrian sentit son énergie le quitter, ses jambes flancher, son buste s’incliner et enfin le contact du sol brûlant contre sa combinaison.

— Pas encore…

Sa plainte fut noyée dans la cendre. Une nouvelle fois le scientifique s’évanouit.

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