Le déclic
Et puis un jour, il y eut un déclic.
Elle n’y croyait pas, il était là, avec sa colocataire, dans le lit qu’ils partageaient lorsqu’elle venait chez lui, il la caressait, comme il la caressait, elle, il employait les mêmes mots, les mêmes surnoms, les mêmes petites blagues !
Ils venaient apparemment d’avoir des relations sexuelles, tous les deux nus, enlacés, se bécotant encore, n’ayant aucune conscience de sa présence à côté de la porte.
Valentine était paralysée, elle n’arrivait plus à réfléchir. Après un moment, elle décida de ne pas se montrer, elle n’avait pas envie de se confronter à eux, là, maintenant. Cependant, elle voulait qu’Axel se rende compte qu’elle avait été présente, elle tenta alors de réfléchir à comment faire.
Elle trouva ; comme elle avait rapporté leurs biscuits préférés, elle déposa le paquet, par terre, dans le hall d’entrée et y ajouta un papier avec le message suivant ;
Bonjour Axel, je te laisse ce paquet de biscuits que je comptais déguster avec toi en petite tenue, mais comme j’ai pu constater que tu as trouvé une autre partenaire pour les échanges que j’avais l’intention d’avoir avec toi, je vous les laisse, vous aurez bientôt faim.
Bon appétit et au plaisir de ne plus faire partie de ton cercle intime… Je ne suis pas partageuse, toi apparemment tu l’es beaucoup plus, j’ose juste espérer que tu as songé à me protéger en prenant tes précautions avec celle avec qui tu as élargi notre cercle intime.
Ps : je te laisse aussi les clés, je pense que je n’en aurais plus aucun usage à l’avenir.
Satisfaite de son mot, entendant au loin Axel et son amante éclater de rire, Valentine décida de partir, en claquant la porte d’entrée.
Elle l’entendit l’appeler derrière la porte qu’elle venait de claquer, elle continua son chemin et descendit les deux étages qui la séparait de l’extérieur, de la rue, de l’air frais… Elle allait exploser.
Une fois dans la rue, elle entendit qu’Axel ouvrit la fenêtre de la chambre, qui donnait sur la rue, elle l’entendit crier ;
- Ce n’est pas ce que tu crois, Valentine !
Elle ne se retourna pas. Son visage baignait dans ses larmes, une fois le coin tourné, elle se laissa aller et éclata en sanglots.
Après avoir pleuré tout son soûl, Valentine se dirigea vers le fastfood bio du coin et s’installa dans un coin peu peuplé pour consommer le chocolat chaud qu’elle avait acheté.
Elle laissa son esprit vagabonder… Comment en était-elle arrivée là ? Elle avait repéré qu’intellectuellement ils n’avaient plus grand-chose à se dire et que cela l’agaçait, elle. Lui ne se posait pas de questions, il vivait, tout simplement, comme il le lui disait lorsqu’elle tentait d’avoir une discussion constructive avec lui.
Le seul avec qui elle pouvait parler et en parler, c’était Sébastien, le cousin d’Axel. Avec lui, elle arrivait à avoir des discussions, de tous ordres, sérieuses comme futiles. Avec lui, ça passait bien.
Elle fut sortie de ses pensées par un texto, c’était un message de Sébastien ;
Est-ce que ça va Valentine ? J’ai reçu un message d’Axel, plutôt incompréhensible je dois dire, il parle de rupture, pourrais-tu m’expliquer ce qu’il se passe ?
Valentine eut un hoquet de colère puis soupira profondément. Elle hésita puis décida de lui répondre ;
J’ai effectivement rompu avec Axel, en lui laissant des biscuits, les clés et un message après l’avoir retrouvé en plein ébat sexuel avec sa coloc.
Elle redéposa son téléphone, reprit le cours de ses pensées et la dégustation de son chocolat actuellement tiède.
Alors qu’elle allait se lever pour partir, son téléphone sonna, c’était Sébastien. Elle décrocha et prononça froidement,
— Bonjour Sébastien.
— Bonjour Valentine, je voulais savoir comment tu allais, toi ?
— Pourquoi ?
Elle soupira, elle n’avait pas envie de parler à qui que ce soit pour le moment.
— Parce qu’Axel m’a dit que vous n’avez pas pris le temps d’en parler et qu’il se pose en victime par rapport à cette séparation, alors que ton texto indique bien que tu l’as vu en plein ébat …
Sur un ton très sec, elle lui répondit,
— Bien sûr, il t’a sûrement dit qu’être au pieu avec sa coloc, à poil, en lui caressant et embrassant les nichons ça n’a rien de sexuel, c’est juste pour entretenir les bonnes relations dans sa colocation !
Surprit par son ton, il tenta de la rassurer,
— Eh Val ! Calme-toi, je te crois, je connais Axel et je sais bien qu’il tente toujours de faire porter le chapeau à l’autre.
Elle attendit un moment avant de répondre, elle tenta d’évacuer un sanglot qu’elle sentait monter dans sa gorge. Elle finit par répondre, avec une petite voix,
— Oui, je sais, excuse-moi de t’avoir parlé si sèchement. J’ai un peu de mal, là.
— J’imagine bien Val, j’imagine bien. Mais, justement, toi, comment tu vas Valentine ?
Elle soupira à nouveau,
— Je ne sais pas Sébastien, je ne sens plus rien… Je crois que j’aurai besoin d’un certain temps pour digérer cette affaire-là.
— Valentine, je reste toujours dispo pour toi, si tu veux en parler, je suis au bout du fil, on peut même se voir si tu veux.
— Merci Seb, mais tu devras aussi être présent pour ton cousin, non ?
— Qu’il se débrouille, lui, il a fait tout ce qu’il fallait pour que votre couple finisse par se briser, alors, qu’il y réfléchisse, s’il y arrive… Ce dont je ne suis pas sûr, je dois dire.
Là ce fut Sébastien qui eut un ton plus sec, cela mit un peu de baume au cœur de Valentine qui esquissa un sourire.
— Effectivement, je te rejoins, je ne pense pas qu’il soit un jour capable de se remettre en question à ce niveau, mais bon…
— Je m’inquiète pour toi Valentine, maintenant tu es en colère, mais n’hésite pas à me contacter quand tu auras envie d’en parler. Je sais que je suis son cousin, mais tu sais bien que je ne suis pas comme lui et que je ne cautionne pas ses comportements.
— Je le sais Sébastien et je t’en remercie.
— Tu n’hésites pas alors, hein !
— Non, mais je pense que j’aurai d’abord besoin de me retrouver, moi.
— Oui, j’imagine, Val.
Après avoir raccroché, Valentine quitta l’endroit où elle était et rentra chez elle.
Face à elle-même dans son appartement, elle baissa le masque qu’elle avait porté jusque-là et éclata à nouveau en sanglots.
Une fois qu’elle n’eut plus de larmes dans les yeux, elle se remit à réfléchir et constata que durant les quatre mois où ils avaient été ensemble, Axel n’avait jamais mis les pieds chez elle, oui, plusieurs fois il était venu la chercher, mais jamais il ne s’était attardé chez elle, jamais il n’avait pu détailler ses gouts, son décor, le cocon qu’elle s’était créé.
En fait, il n’avait jamais voulu réellement la connaitre.
Elle soupira en faisant cette constatation, de fait, oui, cela lui semblait tellement clair maintenant, c’était toujours à elle de se déplacer. Cela ne lui déplaisait pas, elle aimait voyager et se voir une fois à la côte, une fois dans les Ardennes, puis dans son appartement à lui, cela ne dérangeait pas Valentine, elle n’avait pas encore réellement capté le fait qu’il n’était jamais resté chez elle plus de quinze minutes.
— Il n’a jamais cherché à en savoir plus sur moi, à me connaitre réellement… Sébastien me connait plus que lui… C’est dire !
Elle étreignit le coussin qu’elle avait dans les mains puis le lança en travers de la pièce.
— Salaud ! Tu t’es bien foutu de moi !
Valentine se remémora le début de leur relation, elle était amoureuse de lui, depuis bien avant qu’ils ne se connaissent charnellement durant la nuit où elle avait été bloquée à Mons, cela l’avait probablement aveuglée face à lui, même si elle avait déjà réagi à son comportement le lendemain même de leur première fois …
— Je n’aurais jamais dû le revoir après cet esclandre-là … punaise que j’ai été conne !
Elle repensa aussi aux remarques que faisait régulièrement Sébastien à Axel, le mettant en garde face à la façon dont il la traitait ou parlait d’elle … nombre de fois, elle avait eu de longues discussions avec Sébastien suite à des bêtises dites ou faites par Axel.
Elle sentait souvent Sébastien énervé par Axel, mais respectueux du couple qu’elle formait avec lui. En fait, il l’avait plusieurs fois prévenue de l’inconstance d’Axel, du peu de respect qu’il avait pour quiconque à part lui-même.
Elle ne l’avait pas entendu au moment même, elle n’avait probablement pas voulu l’entendre, tout simplement. Le pauvre Sébastien … Il lui avait encore téléphoné, lui, pour prendre de ses nouvelles. Quelqu’un de bien, qu’Axel avait tendance à dénigrer non-stop, qui le trouvait trop « bonne pâte », à écouter les autres, à « penser comme une fille » comme il disait en parlant de la compréhension que Sébastien avait de la vie, en l’appelant « le raté » parce qu’il avait été soi-disant largué par son ex-copine, Sandy.
Ce cher Axel oubliait de préciser que la rupture avait fait suite au fait que Sandy avait ouvertement draguer Axel qui, lui, avait très facilement répondu à ses avances, oubliant totalement qu’elle était la copine de son cousin. Il se révéla qu’elle avait opéré de la sorte avec pas mal d’autres représentants de la gent masculine, ce qui avait décidé Sébastien à mettre un terme à cette relation toxique.
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