Place nette
La pièce avait été vidée, cela la rendait plus grande malgré le lit deux personnes qui y siégeait ainsi qu’un petit fauteuil deux places en bois clair recouvert d’un velours orange clair et de quelques vêtements. Les murs avaient été repeints, une jolie teinte orange pastel avec une frise végétale. La petite chambre d’à côté était transformée en dressing, un superbe et grand dressing tout neuf.
Cela n’avait plus rien à voir avec ce qu’elle avait connu. Elle savait que Marcelle et François avaient effectué des travaux depuis le départ d’Axel, mais cette transformation-là était, à ses yeux, radicale.
La chambre d’Axel n’existait plus.
Perdue dans ses pensées, Valentine n’avait pas entendu que Sébastien, qui venait de sortir de la salle de bain située juste en face, était entré dans la chambre, pieds nus, avec juste une serviette autour de la taille.
Sébastien toussa discrètement pour signifier sa présence à Valentine, cette dernière sursauta.
— Oh, Sébastien ! Excuse-moi, j’étais juste venue voir les transformations qui ont eu lieu ici… Je… Je vais te laisser t’habiller, désolée !
La voyant saisie, il la rassura.
— Hé, cool Valentine, il n’y a pas de souci ! C’est vrai que cette pièce a bien changé.
— Oui, le résultat est superbe, beaucoup plus clair, plus joyeux.
Elle lui sourit, un peu gênée d’être face à lui, quasi nu, mais n’arrivant pas à détacher le regard de son torse, qu’elle détailla.
Elle rebondit sur le sujet de l’aménagement de la pièce pour tenter de se déconnecter de cette vision.
— Marcelle a bien fait de transformer cette pièce.
— Tu trouves ? Cela ne te perturbe pas trop, côté souvenir ?
— Non, c’est mieux, c’est un effet « table rase » bénéfique, tant pour elle, je pense, que pour moi ; cette pièce est vraiment belle. Elle sert de chambre d’amis maintenant ?
— Oui, Vanessa et Fabrice vont dormir ici cette nuit… Vanessa apprécie aussi ces changements.
Ils s’étaient tout doucement rapprochés l’un de l’autre. Tout en n’osant pas le regarder, elle dit tout bas,
— Tu sens la pomme, Sébastien…
— Oui, c’est mon gel douche… C’est mieux que le t-shirt trempé de sueur, non ?
— C’est différent.
— C'est-à-dire ?
Il sourit en lui posant la question,
— Ah… Euh, juste que c’est différent, comme je te l’ai dit là-tantôt, tu ne sentais pas la bête.
Elle se sentit rougir et chercha un moyen de s’enfuir. Elle voulait prendre le temps de comprendre ce qu’il se passait en elle. Elle était désarçonnée par ce qu’elle ressentait, dans son corps et dans sa tête. Elle mourait d’envie de se coller à lui, d’être contre son torse … Elle tenta d’être pragmatique.
— Je vais te laisser t’habiller Sébastien, Fabrice a commencé à cuire la viande, je crois que le repas ne va plus trop trainer.
— Ok, je vais essayer d’être rapide !
Valentine se dirigeait vers la porte lorsque Sébastien lui demanda,
— Valentine, tu peux me réserver un verre d’apéro ?
— Ah, je vais voir s’il en reste encore… Je dois dire qu’à trois, nous en avons déjà consommé une bonne partie !
Il haussa les sourcils et sourit en lui précisant,
— Oui, c’est bien pour cela que je te le demande ! Allez, file et protège mon apéro !
— D’accord.
Elle fila vers le rez-de-chaussée en tentant de prendre de grandes respirations pour calmer ce qu’il se passait en elle.
Arrivée dans la cuisine, Marcelle l’interpella
— Ah, eh bien, où étais-tu, Valentine ?
— J’admirais la nouvelle chambre d’ami, c’est beau Marcelle, vraiment !
— Je dois te dire que vider cette chambre m’a fait un bien fou !
— J’imagine
Valentine la prit tout d’un coup dans ses bras et la serra fort, ce qui apaisa partiellement la tension qu’elle ressentait encore en elle depuis qu’elle avait été confrontée à Sébastien à moitié nu. Lorsqu’elle libéra Marcelle, cette dernière lui demanda,
— Hé, qu’est-ce qu’il se passe Valentine ?
— Tu as fait table rase et j’adore ce que tu as fait de cette chambre. J’espère que Vanessa et Fabrice y dormiront bien cette nuit.
Interloquée, Marcelle lui demanda,
— Comment tu sais ça toi ?
— C’est Sébastien qui me l’a dit là-haut.
— Ah, il est finalement sorti de la douche lui ?
— Oui, et il veut que je lui réserve un verre d’apéro… Enfin, s’il en reste…
Valentine interrogea Marcelle du regard, pleine d’espoir. Marcelle lui adressa un clin d’œil et un sourire en coin,
— En fait, j’ai dit à tout le monde qu’il n’y en avait plus, mais il en reste un petit peu, maximum deux verres, je l’ai planqué et tenu au frais pour lui, sinon il n’aurait plus rien eu après sa douche.
— Ah ouf…
— Mais par contre, si tu pouvais le lui apporter discrètement, comme ça il aura sa part sans dévoiler mon petit secret ...
Valentine prit les deux verres que Marcelle venait de préparer sous ses yeux et se dirigea vers les escaliers. Lorsqu’elle fut en haut de l’escalier, elle entendit Marcelle lui lancer,
— Et dis-lui de se dépêcher, la viande est presque cuite !
— Ok !
Sur ces entrefaites, Vanessa arriva dans la cuisine et s’enquit auprès de sa mère,
— Qu’est-ce qu’il se passe ?
— Rien, tiens, vas porter cette salade à table. La viande est bientôt cuite ?
— Bientôt, mais pas encore. Allez, dis-moi !
Devant l’insistance de sa fille, Marcelle lâcha,
— J’ai envoyé Valentine porter deux verres d’apéro à Sébastien… Elle a découvert la nouvelle déco de la chambre et ça lui plait.
De connivence avec sa mère, Vanessa ajouta,
— Et tu espères qu’ils vont siroter l’apéro à deux en haut, c’est ça ?
— Oui, j’espère …
En rigolant franchement, elle lança à sa mère,
— Eh, c’est Fabrice et moi qui devrons dormir dans ce lit après ! Je ne veux pas qu’ils fassent de cochonneries dedans, moi !
— Oh mais t’inquiète, concernant ton cousin, je suis sûre qu’il ne fera rien … hélas !
— Mmh, enfin, on ne sait jamais…
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