En route vers le parc, Valentine et Sébastien marchèrent main dans la main, visiblement heureux. De loin, Françoise les vit arriver et sourit, Valentine lui semblait bien plus sereine depuis qu’elle avait concrétisé les choses avec ce Sébastien. Elle détailla ce dernier et acquiesça au choix de son amie, en tout cas, physiquement et de là d’où elle les voyait.

Elle indiqua à Grégory que sa sœur et son amoureux arrivaient, Grégory tourna sa chaise roulante et les observa. Il prit la main de Françoise dans la sienne et lui dit,

— Ils ont l’air bien tous les deux, tu as des infos sur lui ?

— Il est kinésithérapeute et aux dires de ta sœur, il est sympa, c’est un bon coup et il a de la conversation.

Grégory éclata de rire, il lui embrassa la main qu’il tenait toujours,

— Fran ! Tu ne changeras décidément pas, toi !

— Mais quoi ? Je te dis ce qu’il en est… Tout simplement Greg.

Elle se pencha vers lui et l’embrassa à pleine bouche, Grégory lui caressa les cheveux et les épaules.

— Fran, ils arrivent…

— Et quoi, tu ne veux pas qu’ils voient tout le désir que j’ai encore pour toi ?

Grégory eut l’impression que sa cage thoracique lui écrasait le cœur, oui, il voulait que tout le monde sache qu’elle le désirait, lui, ce qu’il restait de lui, mais il ne pouvait s’empêcher de penser à tout ce qu’il ne pourrait plus lui faire pour montrer l’étendue de son désir à lui.

— Pas encore, Fran, prenons encore le temps de connaitre mes limites de ce côté-là et on reparlera à ce moment-là.

Françoise se maintint au-dessus de lui hochant négativement la tête tout en lui susurrant,

— Greg, je ne pense qu’à toi depuis que j’ai quinze ans… Le grand frère de ma meilleure amie ! j’ai hésité longtemps tu sais, j’ai été voir ailleurs, mais c’est toujours toi que je veux, c’est comme ça !

— Même depuis l’accident ? Ecoute, tu as goûté à des choses que je ne peux plus te donner, Fran.

— Je le sais, mais malgré ça, c’est toujours vers toi que je reviens, il n’y a qu’avec toi que je me sens bien.

Il lui caressa le visage qu’elle avait toujours à hauteur du sien, il lui déposa un baiser sur les lèvres puis lui dit,

— Là, ils sont à dix pas Fran… Accueillons-les.

— D’accord.

Françoise se releva et les interpella,

— Hello vous deux ! Comment allez-vous ?

— Bonjour, je suis Sébastien, l’ami de Valentine.

— Bonjour Sébastien, je suis Grégory, le frère de Valentine et voici Françoise, la meilleure amie de Valentine.

Voyant Françoise le regarder avec les sourcils bien hauts, il finit par rajouter,

— Et mon amie aussi.

Valentine s’exclama,

— Mais Greg ! Tu t’es rasé !

— Oui, enfin, Françoise m’a rasé…

— Je préfère nettement ! C’est moins négligé.

Françoise précisa,

— Ça fait surtout moins « homme des bois », j’ai insisté lourdement le jour où j’ai retrouvé ton frère, il a fini par accepter que je le rase moi-même, en douceur, pour lui enlever tout ce qu’il avait laissé pousser en un an.

En s’adressant à sa sœur, Grégory expliqua, avec un sourire en coin,

— Je ne te dis pas la tête de maman quand elle m’a découvert, rasé, juste après le départ de Françoise.

— Oh, j’imagine ! Mais quoi, elle a fait des commentaires ?

— Elle a déclaré que je sortais finalement de dépression, puis elle s’est posé la question de savoir qui m’avait aidé à le faire, elle a commencé à se montrer suspicieuse.

— Et ?

— Je lui ai dit que Françoise était passée à ma demande, elle a été très contrariée !

Valentine hocha négativement la tête et rétorqua platement,

— J’imagine aisément.

— Cela lui déplait que je veuille m’en sortir sans elle tu sais.

— Oui, je sais Greg.

Sentant qu’ils risquaient d’orienter la discussion dans leurs problèmes familiaux, Grégory prit le parti de changer de conversation.

— Mais arrêtons de papoter entre nous deux, j’ai envie de connaître celui qui fait battre ton cœur.

Les deux couples se découvrirent en discutant et sympathisèrent. Françoise trouva Sébastien très sympathique, Grégory aussi. Il fut heureux pour sa sœur, il ne l’avait pas fréquemment vue aussi sereine.

Ils se quittèrent en fin d’après-midi, chaque couple rentra de son côté.