- Métempsycose -

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Les choses tanguent autour de moi, les contours sont flous, je ne reconnais rien.

J'ai l'impression de tourner dans un kaléidoscope, entouré d'une mosaïque de polygones.

Je suis confus, je me cogne dès que j'avance, pourtant je ne vois pas d'obstacle.

Je ne sais pas comment arrêter cette torture, je sens que si je lâche je risque de tomber dans le vide.

Des bourdonnements titillent mes oreilles et, étrangement, je les sens aussi dans tout mon corps.

Tout d'un coup, une violente rafale me projette contre cet obstacle invisible, je suis sonné, je tombe.

Je me réveille en sueur, haletant, avec cette sensation de mort qui glace mon âme.

Jamais je n'avais vécu de rêve si prenant, si traumatisant.

J'ai besoin d'un bon quart d'heure avant de pouvoir tenir sur mes pieds, comme s'il fallait me réapproprier mon corps

Toute la journée un poids appuie sur mon ventre, la gravité semble augmentée.

L'atmosphère aussi semble grave. Ce rêve et cette sensation obnubilent mes pensées.

Le soir venu je redoute l'heure du coucher.

Je préférait mes nuits sans rêve, enfin, les réveils où je ne me souvenais pas.

Le lendemain matin, de nouveau, je me lève terrorisé.

Cette fois j'avais huit jambes, je courais sans arrêt, poursuivi par des ombres gigantesques.

Tout vacillait autour de moi dans un vacarme tonitruant.

Le sol tremblait, des choses volaient en tous sens, l'apocalypse quoi.

Toute la journée, mes yeux opposent une résistance farouche, je risque de piquer un somme d'un moment à l'autre.

Pour rajouter à mon malheur, les guêpes sont de sortie, il fait beau, les gens s'habillent coloré et mangent en terrasse, le paradis pour elles.

J'en coince une, qui ne cesse de m'embêter, sous mon verre. Je la vois s'agiter pour tenter désespérément de sortir.

Ses mouvements ralentissent à mesure que l'oxygène est consommé.

Je ne vais pas la tuer tout de même.

J'attends qu'elle se calme pour la libérer, elle s'envole étourdie.

Le soir-même je m'endors d'un coup, exténué par ces nuits cauchemardesques.

J'étouffe, l'air me manque, je suis enfermé dans une grande cage de verre.

J'essaie de toutes mes forces de briser la paroi en fonçant dedans, rien n'y fait.

Mes efforts sont vains, je faiblis, je sens ma tête tourner, des petits points noirs dansent devant mes yeux.

Mes poumons me brûlent terriblement, j'ai envie que cela cesse.

Soudain, je réalise que je suis la guêpe, que je revis la torture que je lui ai faite subir quelques heures plus tôt.

Je quitte brutalement cette métempsycose et bondit hors de mon lit.

La leçon est retenue, désormais je sais ce qu'il me reste à faire, ou justement à ne plus faire.

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