Les papillons
C'est toujours pareil, dès les premiers mots, ça éclos dans les esprits. Comme un oisillon dans son œuf, l'histoire se développe. Elle grandit de plus en plus jusqu'à sortir de sa coquille . La deuxième phrase est un délice. Tel un papillon elle prends son envol, va de mot en mot comme un papillon va de fleur en fleur. Les phrases s'entrechoquent et prennent tout leur sens par rapport à celle qui la précède et celle qui la suivra. Dans les histoires les plus incroyables, on ne peut deviner à l'avance la phrase suivante. Lorsque l'étonnement fait entièrement parti de l'histoire, on ne peut plus se repérer, on est perdu, mais cette sensation est si captivante qu'on ne peut s'arrêter même si ça n'a plus aucun sens. On se doit de continuer pour savoir la suite, on doit finir coûte que coûte, c'est primordial, car si on s'arrête, on passe la nuit à réfléchir a une fin possible en sachant pertinemment que ça ne sera pas celle qu'on a imaginé. On perd notre nuit dans la réflexion alors il faut finir. On a plus le choix. C'est vital. Quand les dernières phrases arrivent, la plupart du temps, on le sent venir, on savoure ces derniers instants. On s'est enfin mis dans la peau du héros, on sent qu'on ne sentira plus jamais de la même façon sa présence, on aura beau lire et relire, il n'y aura plus la sensation de découverte de la première lecture, on saura quand arrivera la fin, notre cœur ne battra plus à l'unisson avec l'histoire. Alors après le dernier mot, on en commence une autre, on est devenus accro à toutes ces sensations, voir la naissance et la mort d'un texte nous est devenu indispensable, on lit chaque histoire avec la même idée en tête : rentrer dans l'histoire et devenir soi-même un des papillons qui vole à chaque fois dans notre esprit à chaque nouvelle lecture.
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