Jour 8 : Etoile
C'est une nuit des plus classiques : je marche tout doucement sur les bords de Seine pour rentrer chez moi. J'ai horreur de me presser, c'est une des rares formes d'élégances que je m'accorde.
Dans mes oreilles la musique résonne. A ma droite, la Seine est noire et mouvante. La surface brisée de ses flots est éclairée par les lampadaires sur son bord et par la pleine lune. Je lève alors les yeux aux ciels pour regarder le ciel étoilé et non une humble copie.
Elles sont timides mais présentes, quelques petites lumières collées sur la voûte céleste. Elles se regroupent ensembles et luisent en silence.
Ce spectacle ramène alors à la surface de ma conscience un flot de souvenirs : je devais avoir treize ou quatorze ans et je traînais avec ma première amie, une jeune fille blonde au talent indécent à notre jeune âge, que j'admirais et qui n'avait alors de cesse de me rabaisser.
Je lui faisais part alors d'un article de sciences que j'avais lu dans je ne sais plus quel magazine de vulgarisation concernant les étoiles et les atomes complexes qui se créent dans leur cœur.
« Nous sommes des poussières d'étoiles ! » avais-je alors conclu, émerveillée par la beauté de cette information.
« J'y crois pas, c'est trop niais ! » dit-elle alors sans appel.
Et pourtant...
Oui, nous sommes faits de poussières d'étoiles, en tout cas tous les atomes qui nous composent et plus complexes que l'Hélium et l'Hydrogène. Ce sont ses forges stellaires qui ont commencé à assembler nos composants les plus élémentaires avant de les jeter dans le vide quand ces étoiles en fin de vie ont explosé. La matière même qui nous compose est le résultat du cycle de la vie et de la mort ou de l'ordre et du chaos.
Les atomes de nos corps se sont formés dans une étoile ou lors de son explosion.
Nous sommes de la poussière d'étoiles semblables à celles que je peux voir ce soir.
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