Chapitre 1
Le monde tout autour semblait n’avoir de cesse de tournoyer. Pourtant, sans crier gare, il avait soudainement décidé de revenir à son état nominal, stable et immobile. Les échos de voix lointaines et incompréhensibles se turent. Tout reprit sa place, comme de petites briques s’emboîtant tranquillement les unes sur les autres.
Eldria émergea d’un sommeil inhabituellement profond. Les battements de sa tempe tambourinaient à l’intérieur de son crâne et elle eut l’impression de revenir à elle après un très long moment d’absence. Cela faisait littéralement des mois qu’elle n’avait pas dormi aussi confortablement. Elle en avait presque oublié la douce sensation d’être emmitouflée de la tête aux pieds dans une couverture chaude et réconfortante.
Mais où était-elle ?
Lentement, elle ouvrit les yeux. Après plusieurs laborieux battements de paupières, elle dissipa le flou qui avait profité de son errance pour s’installer sur ses pupilles embuées. La vive lumière dans laquelle elle baignait l’éblouit presque.
Elle était allongée dans un lit. Un vrai lit. Elle balaya du regard la pièce dans laquelle elle se trouvait. C’était une chambre aux murs de pierre et aux dimensions respectables, sobrement aménagée d’une penderie, d’une petite console en bois, décorée de quelques tableaux dépeignant des paysages ainsi que d’un vase contenant un bouquet de fleurs séchées depuis longtemps. Sur sa gauche, un autre lit similaire au sien faisait face à un âtre au sein duquel brillaient encore les cendres d’un feu probablement consumé depuis une poignée d’heures déjà.
Elle prit quelques instants pour faire le point. Elle avait beau fouiller dans sa mémoire, elle n’avait aucune idée de comment ni quand elle était arrivée dans cet endroit qu’elle ne connaissait pas. « Réfléchis, réfléchis... » s’intima-t-elle.
Les seuls souvenirs qui lui vinrent en tête furent aussi flous que sa rétine quelques secondes plus tôt. Elle se voyait marcher pendant des heures et des heures dans la neige, grelotant d’un froid inimaginable, ses jambes la faisant souffrir le martyr à chaque pas supplémentaire dans une immensité boisée. Et après cela, c’était le néant...
Elle se sentait désorientée et aurait volontiers refermé les paupières pour se replonger dans un profond sommeil réparateur et bercé d’insouciance, mais elle ne pouvait se le permettre. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait en ce lieu inconnu et il lui fallait des réponses.
A contrecœur, elle repoussa l’épaisse couverture qui la recouvrait. A cet instant, elle se rendit compte avec stupeur qu’elle était purement et simplement... nue. Mais que diable avait-il bien pu lui arriver pour qu’elle se retrouve dans cette étrange situation ?
Elle jeta un nouveau coup d’œil inquiet autour d’elle afin de s’assurer qu’elle était bel et bien seule, puis se leva enfin.
La tête lui tourna un peu, comme si elle était restée allongée trop longtemps et que son sang peinait à remonter jusqu’à son cerveau. Pourtant mis à part cela, elle avait l’air d’aller bien. Sa cheville gauche la tirailla quelque peu du fait de sa récente blessure, mais cela ne l’empêcha pas de tenir sur ses deux jambes.
Elle s’immobilisa un instant face à un grand miroir accroché au-dessus de la table de chevet qui séparait les deux lits. Son reflet la contempla.
Ses yeux étaient bleus azur. Les traits de son visage, légèrement émacié, étaient fins. Ses cheveux bruns et lisses lui tombaient en cascade jusque sous les épaules. Le reste de son corps, bien qu’affaibli, ne semblait heureusement pas avoir gardé de lourde trace de ses récentes épreuves. Elle se trouva malgré tout plus maigre que dans son dernier souvenir devant un miroir. Sa poitrine, menue, demeurait néanmoins ferme. Sa taille était creusée et elle pouvait deviner son bassin qui saillait de chaque côté de ses hanches. Plus bas, dans l’ouverture formée entre ses cuisses jointes, elle put apercevoir la pilosité naissante de son pubis. Elle rosit légèrement en repensant à ce qu’elle avait fait...
Sans perdre une seconde de plus, elle se dirigea à pas feutrés vers l’unique fenêtre qui l’inondait de toute sa lumière. Peut-être qu’en observant ce qu’il y avait à l’extérieur elle comprendrait où elle était...
Au-dehors, le sol était encore recouvert d’un épais manteau blanc. Le ciel était lui aussi couleur ivoire, mais on apercevait tout de même les timides rayons du soleil percer au travers du voile que l’hiver avait formé sous le ciel. La tempête, dont elle avait encore le douloureux souvenir, s’était apparemment dissipée.
A en juger par la hauteur qui la séparait du sol, elle se situait au premier étage d’une maison dans les bois. Des pins similaires à ceux au milieu desquels elle avait longuement déambulé l’empêchaient en effet de voir à plus d’une dizaine de mètres.
Soudain, une silhouette masculine encapuchonnée fit irruption depuis l’orée des arbres. Le sang d’Eldria ne fit qu’un tour. Afin d’éviter d’être vue, elle s’accroupit en un éclair.
Au travers de la vitre, elle entendit distinctement le bruit crissant des pas dans la neige se rapprochant inexorablement. Soucieuse de reconnaître l’homme qui entrerait probablement bientôt sous le même toit qu’elle, elle risqua un nouveau coup d’œil à l’extérieur mais ne put glaner qu’un morceau d’étoffe grise qui se dérobait à son champ de vision.
– Mince... murmura-t-elle.
Paniquée à l’idée de voir un inconnu débarquer dans la mystérieuse chambre alors qu’elle n’avait rien sur elle, elle fit volte-face en quête d’une solution. Par miracle, sur un coffre au pied du lit qu’elle occupait encore une minute plus tôt, elle remarqua avec soulagement une petite pile de vêtements soigneusement pliés. Elle ne savait pas s’ils lui étaient destinés, mais elle n’avait pas le loisir de se poser davantage de questions. Cela ferait parfaitement l’affaire.
L’accoutrement était complet et, par chance, semblait convenir à sa taille. Il était composé d’une culotte et d’une brassière, d’une tunique ample en tissu blanc et à manches longues, d’un pantalon en cuir noir, ainsi que d’une paire de bottines foncées aux semelles épaisses. Elle revêtit en priorité la culotte et le pantalon, qu’elle trouva un peu trop moulant à son goût même si c’était toujours mieux que rien.
Mais soudain, alors qu’elle était en train d’enfiler la brassière, la porte de la chambre s’ouvrit en grand. Elle poussa un cri de surprise et se recroquevilla de pudeur.
– Oh, tu es levée ?
Dan, planté derrière l’encadrement, lui lança un regard surpris. Le jeune homme portait un manteau marron qui lui tombait jusqu’aux genoux. Ses cheveux étaient bruns coupés courts et son visage aux traits carrés arborait une barbe de trois jours.
– Tu pourrais frapper ! lui lança-t-elle, le cœur battant à tout rompre.
– Pardon...
Il tira la porte – sans toutefois la claquer – et attendit de l’autre côté.
Bien qu’encore quelque peu chamboulée par cette soudaine et inattendue irruption, Eldria fut gagnée par un sentiment de soulagement bienvenu. L’espace de quelques minutes, elle avait redouté s’être retrouvée dans la demeure d’un quelconque déséquilibré qui l’aurait capturée elle ne savait trop comment pour d’obscures raisons. Les conditions dégradantes de sa récente incarcération l’avaient de toute évidence marquée et elle se faisait des histoires pour rien...
– Je vois que tu as trouvé les vêtements que je t’avais laissés, dit Dan au travers de l’entrebâillement.
Elle termina de s’habiller en hâte et vint lui rouvrir.
– Que s’est-il passé ? Où sommes-nous ? lui demanda-t-elle tandis qu’il entrait dans la pièce.
Dan accrocha son manteau à un cintre et s’assit sur l’autre lit, qu’il avait certainement occupé la nuit précédente.
– Nous sommes dans un petit gîte perdu au milieu de la montagne, pas loin de la frontière avec Eriarh. Tu as perdu connaissance il y a deux jours et par chance je suis tombé sur cet endroit...
Le lendemain de leur évasion, Eldria et Dan avaient en effet repris la route au petit matin. La tempête s’était un peu calmée mais la neige avait continué à tomber abondamment. Dan n’avait pas souhaité courir le risque d’attendre plus longtemps, aussi avaient-ils tous deux décidé de braver le froid.
Eldria se rappela effectivement s’être sérieusement inquiétée pour sa propre survie. Le blizzard s’était de nouveau levé plus tard dans la journée, aussi intense que la veille, et malgré la tunique que Dan lui avait noblement prêtée pour qu’elle ait sur ses épaules autre chose qu’une légère robe en tissu, elle n’avait visiblement pas réussi à supporter les conditions hivernales.
– Le gérant a eu la gentillesse de nous accueillir au beau milieu de la nuit sans poser de question. Tu étais congelée. Tu ne m’en voudras pas, j’ai pris la liberté de brûler ta robe... Ça évitera déjà qu’on puisse te reconnaître, et puis elle était trempée, à moitié déchirée et tâchée de toute façon.
Elle rougit en détournant les yeux.
– Je suis soulagé que tu ailles mieux en tous cas, sourit-t-il
Elle lui sourit timidement en retour, toujours sans le regarder.
– Merci...
Elle n’en revenait toujours pas que l’homme qui se tenait devant elle et avec qui elle avait cet échange poli était bel et bien celui de sa toute première fois... Elle avait couché avec lui ! Au fond d’elle-même, une partie de son esprit s’en félicitait ; elle ne pouvait en effet nier ressentir de l’attirance pour lui et, l’un près de l’autre dans la grotte, elle y avait totalement succombé. Et ça avait été... Tellement bon !
Jamais de sa vie elle n’avait ressenti autant d’excitation accumulée. Jamais de sa vie – même lors de ses expériences solitaires les plus folles – elle n’avait joui avec une telle intensité. Chaque caresse, chaque souffle, chaque gémissement... Sa première fois lui resterait à jamais gravée en mémoire comme un moment à part.
Cet acte un peu fou et impromptu revêtait également pour elle une importance toute particulière pour une autre raison. Ce même jour un autre homme, le soldat blond – son bourreau –, avait lui aussi franchi les barrières de son intimité, avec toutefois infiniment moins de délicatesse et surtout sans son consentement. Dan, du haut de son statut de premier véritable amant, avait réussi l’exploit de pratiquement éclipser cette expérience bouleversante et rien que pour cela, même s’il l’ignorait, elle lui en serait éternellement reconnaissante.
Mais d’un autre côté, une partie d’elle-même était gagnée par le doute... Avait-elle bien fait ? Avec le temps, elle avait été amenée à apprécier Dan beaucoup plus qu’elle aurait pu l’imaginer. Pourtant, que ressentait-elle réellement pour lui ? Etait-elle... amoureuse ?
Le simple fait de formuler cette question en pensée la fit davantage rougir. En réalité elle ne savait elle-même pas y répondre. Elle devait réfléchir...
Et puis qu’en était-il de Jarim, son ami d’enfance, qu’elle considérait jusque-là déjà comme l’homme de sa vie ? Elle se prit la tête entre les mains.
– Ça va ? lui demanda Dan.
– Oui oui, s’empressa-t-elle de répondre.
A l’aube qui avait suivi leur première nuit ensemble, elle s’était réveillée dans ses bras. Passé l’excitation de la veille, elle s’était sentie gênée comme jamais et s’était rapidement rhabillée. Lorsque Dan avait émergé à son tour, elle était restée distante avec lui. Apparemment compréhensif, il ne lui en avait pas tenu rigueur et n’avait pas fait de remarque déplacée. Depuis, aucun d’eux n’avait évoqué cet évènement de nature charnelle. Pourtant, elle se demandait sérieusement si cela ne faisait pas d’elle un monstre de ne pas oser en reparler... Après tout elle avait aimé ce moment intime avec lui, le pauvre Dan devait se poser des questions...
Quoiqu’il en fut, pour l’heure elle n’avait besoin que d’une chose : du temps !
– Je meurs de faim, ajouta-t-elle pour changer de sujet.
Ce n’était d’ailleurs absolument pas faux. Si elle était effectivement restée inconsciente pendant quarante-huit heures, alors son dernier repas datait de presque trois jours ! Son ventre choisit d’ailleurs cet instant précis pour gargouiller.
Dan la conduisit donc vers le rez-de-chaussée. Devant l’escalier en colimaçon aménagé au bout du couloir menant à la chambre, il lui proposa de l’aider pour ménager sa blessure à la cheville.
– Ça ira, déclina-t-elle poliment. Ça va beaucoup mieux !
Et en effet, elle put descendre les marches en boitant certes un peu, mais sans que sa jambe ne la lance outre-mesure. Il l’avait vraiment bien soignée.
Ils arrivèrent dans une grande pièce un peu sombre à la décoration rustique. Une demi-douzaine d’imposantes tables étaient disposées en rang devant un grand comptoir en bois foncé. L’endroit aurait facilement pu accueillir une trentaine de voyageurs mais paraissait pourtant tristement vide et calme.
Un individu fit alors irruption depuis une porte dérobée derrière le comptoir. Eldria reconnut les vêtements gris qu’elle avait aperçus un peu plus tôt. C’était un homme dans la cinquantaine, grand, aux épaules carrées et au ventre bedonnant. Son visage était rond et jovial, et il arborait une moustache drue qui contrastait avec sa calvitie bien entamée. Il leur adressa un large sourire en les voyant.
– Ah, j’vois qu’la petite s’est remise !
Sa voix était rocailleuse et son accent chantant.
– Votre ami était très inquiet ma p’tite d’moiselle. Heureusement qu’il s’est bien occupé d’vous !
Il la jaugea de haut en bas.
– Les vêt’ments d’ma fille vous vont à merveille. J’étais sûr qu’y s’raient à vot’ taille. Vous m’faites beaucoup penser à elle.
Eldria ne sut pas vraiment comment réagir et lui rendit à son tour un timide sourire.
– Je vous remercie encore pour ce que vous avez fait pour nous, dit Dan.
– Oh vous savez, j’vois guère plus grand monde ici d’puis l’début d’cette foutue guerre. Y’a quelques soldats d’Eriarh qui passent d’temps en temps pendant leurs patrouilles mais c’est r’lativement rare. J’les porte point dans mon cœur si vous voulez mon avis. On raconte des choses terribles sur l’fort pas très loin d’ici...
En constatant qu’ils ne faisaient aucun commentaire, il demanda :
– Mais qu’est-ce donc qui vous amène dans un endroit r’culé comme ça en plein hiver, et surtout attifés comme vous l’étiez ?
Dan s’éclaircit la gorge.
– Eh bien, ma cousine et moi sommes simplement de passage. Elle s’est sentie mal et heureusement nous sommes tombés par hasard sur votre auberge. Voilà tout.
L’aubergiste fronça les sourcils en se demandant certainement ce que deux cousins pouvaient bien avoir à faire en pleine nuit dans sa forêt en période d’occupation, mais n’insista heureusement pas davantage.
– Oh vous savez, après tout ça m’regarde point. Parfois, moins j’en sais et mieux ça vaut pour tout l’monde.
Il leur proposa alors de prendre place pour le déjeuner, ce qui ravit Eldria. Elle était affamée et avait presque oublié le plaisir simple de s’assoir autour d’un vrai repas. Bientôt, un fumet appétissant émana de la cuisine et vint ravir leurs narines.
Elle ne fut pas déçue quand l’aubergiste leur servit à chacun une assiette débordante de légumes – chou, poireaux, carottes – et de viande – du jarret de bœuf à en juger par l’odeur et la texture.
Dan retira quelques piécettes de la bourse solidement accrochée à sa ceinture et les tendit à leur hôte.
– Encore merci pour ce repas. Et voici un petit supplément pour les affaires de votre fille. Pensez-vous pouvoir également nous trouver des vêtements chauds ? Vous comprenez, malheureusement nous avons égaré nos bagages en route...
L’homme accepta les pièces pour le repas mais refusa celles en supplément.
– Oh n’vous en faites pas pour les habits d’ma fille. Elle n’les utilise plus, autant qu’y servent à quelqu’un. Qui plus est à une jolie jeune fille comme vous ma p’tite d’moiselle.
Il adressa un nouveau sourire bienveillant à Eldria.
– Pour les vêt’ments chauds, reprit-il, j’dois bien avoir d’vieux manteaux qui traînent. J’m’en vais essayer d’vous trouver ça. Vous m’paierez bien après n’vous en faites pas.
– Si ce n’est pas indiscret, où est votre fille ? demanda Eldria entre deux coups de fourchette, curieuse d’apprendre à qui avait appartenu son nouvel – et bienvenu – accoutrement.
Malheureusement, elle ne provoqua pas l’effet escompté. Un voile de mélancolie venait de passer devant le visage de son interlocuteur.
– Ma fille ? C’la fait bientôt trois ans qu’elle est partie à la ville. Pour étudier qu’elle m’a dit. J’reçois parfois des lettres, mais avec la guerre c’est d’plus en plus compliqué...
– Oh, je... Je suis sûre qu’elle va bien.
– J’vous remercie ma p’tite d’moiselle.
Sur ces mots, il les salua, tourna les talons et les laissa savourer leur repas en tête-à-tête.
– Ca me change de la bouillie qu’on nous servait à la caserne, commenta Dan sans lâcher son assiette des yeux.
– Et moi donc...
Pendant quelques instants, on n’entendit plus que le bruit des couverts contre la faïence à l’apparence datée.
– Et maintenant ? finit par demander Eldria.
Dan acheva de mâcher sa viande pour ne pas parler la bouche pleine puis planta ses yeux prunes droit dans les siens. Se sentant rougir, elle ne parvint pas à soutenir longtemps son regard perçant. C’était vraiment un beau garçon...
– Maintenant, plusieurs options s’offrent à nous, dit-il sans trop élever la voix pour éviter que l’aubergiste ne les entende depuis la cuisine. D’après les renseignements que j’ai pu obtenir pendant que tu te remettais, nous sommes dans les montagnes du Solstice, tout près de la frontière avec Eriarh au nord. Il y a un village à environ deux heure de marche au sud d’ici, mais il serait trop dangereux de s’y aventurer, nous sommes encore trop près du Fort de la Rose-Epine. Nous ne pouvons pas non plus nous permettre de rester dans cette auberge trop longtemps pour les mêmes raisons. Même si c’est un endroit perdu dans les montagnes, ils vont sans doute nous rechercher...
– Alors nous repartons ? Mais pour aller où ?
Dan se frotta le front en signe de réflexion.
– Je pense que nous pouvons nous permettre de rester encore une journée. Une nuit de repos supplémentaire ne te fera pas de mal. Même si ta cheville a l’air d’aller mieux, tu boitais encore dans les escaliers tout à l’heure.
Eldria baissa la tête. Elle ne voulait pas être un poids pour lui, mais il avait probablement raison.
– Quant à notre destination... Je pense que nous allons devoir faire profil bas pendant quelques temps. Il faut que nous retrouvions les poches de résistance du Val-de-Lune. Mais c’est plus simple à dire qu’à faire...
– Nous pouvons peut-être nous rapprocher de ma ferme natale ?
Il la regarda d’un air circonspect.
– Ma tante doit être là-bas, et aussi la mère de Salini. Elles doivent être mortes d’inquiétudes depuis qu’on nous a enlevées... Et puis elles auront peut-être des nouvelles des hommes qui sont partis à la guerre il y presque un an et demi. Ça peut être une bonne piste.
Sans trop y croire, elle l’observa se gratter le menton. Puis contre toute attente, il concéda :
– C’est surement un risque à prendre. Nous ferons toutefois bien attention de ne pas tomber dans un guet-apens. A partir de maintenant, nous devons être très prudents.
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