Chapitre 8 (2ème partie)
Je me réveillai dans la nuit, ressentant une envie pressante. Impossible de tenir ainsi jusqu'au matin. Arouk dormait profondément. Je me glissai alors sans bruit hors des fourrures et sortis au-dehors, dans la nuit encore bien noire. Nous étions en période sans lune et je me fis la réflexion que ma période sanguine n'allait pas tarder. Cela me fatiguerait sans doute un peu plus, mais, durant les jours à venir, nous chasserions peu et je ne manipulerais pas d'autre nourriture que celle m'étant destinée. Ce ne serait donc pas un trop gros désagrément. Il valait mieux les avoir maintenant, même si cela ne serait pas très agréable de porter nos affaires en sentant par moments des spasmes se réveiller dans mon ventre.
Je m'éloignai un petit peu de notre abri pour uriner, mais sans aller trop loin non plus. En revenant, je remis du bois dans les trois feux qu'Arouk avait allumés la veille. Ils avaient tous encore de belles braises, mais les raviver pour la fin de nuit n'était pas inutile. Puis je retournai, un peu frissonnante, me coucher, car l'air au-dehors était maintenant vraiment beaucoup plus froid que durant les lunes du rassemblement. C'était souvent à ces nuits plus fraîches qu'on sentait que l'été s'en allait.
Sous nos fourrures, il faisait bien chaud et je ne tardai pas à me rendormir, heureuse de la présence d'Arouk. Avant de sombrer dans le sommeil, je songeai cependant que si j'avais accompagné les miens, j'aurais été seule et sans doute que j'aurais très mal dormi, m'inquiétant déjà pour lui. Bien sûr que, très certainement, au fil des prochaines lunes, je m'inquièterais pour les miens, me demandant s'ils allaient bien, si aucun n'était malade. Mais ils étaient tous ensemble, ils bénéficieraient aussi du savoir de notre Grande Mère pour lutter contre les maladies hivernales. Nous, nous ne pourrions compter que sur nous-mêmes. Nous devrions alors être particulièrement vigilants et surtout, attentifs à ne pas prendre froid. Ramener du bois jusqu'à notre futur abri d'hiver serait sans doute un travail fastidieux, mais nécessaire. Car quand la neige recouvrirait tout... ce serait beaucoup plus difficile de trouver de quoi alimenter notre feu.
Le chant encore enjoué des oiseaux nous tira de notre sommeil. Arouk resserra son étreinte autour de moi et je sentis son membre dur cogner contre le bas de mon dos. Rien que cette pression contre ma peau, alors que j'étais encore dans un demi-sommeil, me donna envie de lui et je ne tardai pas à me tourner, à l'enlacer en retour pour l'attirer tout contre moi. Il dormait lui aussi encore à moitié, mais son corps trouva instinctivement à s'emboîter dans le mien et j'eus à peine à guider son membre vers mon sexe pour qu'il vienne m'emplir.
- Ourga... Hum... Hum... Que c'est bon... Comme tu es chaude...
Je me cambrai un peu pour mieux l'accueillir encore et vins mordiller sa lèvre inférieure, avant de l'embrasser profondément. J'aimais cela aussi : nos langues qui jouaient l'une avec l'autre alors que nos sexes s'épousaient, qu'il entrait totalement en moi d'une lente poussée. Ce mélange des sensations était vraiment délicieux.
Nos premiers mouvements, ses premières poussées, furent lents, encore empreints de notre sommeil. Mais ma main caressant ses reins le réveilla tout à fait et je sentis son ardeur se manifester plus nettement par la tension dans son dos, dans ses muscles. Il se redressa d'ailleurs bien vite, s'appuyant sur ses bras tendus, son visage au-dessus du mien. Il souriait, me contemplant alors que je sentais le plaisir monter en moi. Il accéléra un peu le rythme de ses va-et-vient, me faisant gémir maintenant à chaque coup de reins. Je gardais les yeux ouverts, autant que possible, je voulais voir aussi sur son visage, sur tout son corps, la manifestation de son propre plaisir. Il se figea soudain en moi, demeurant immobile. Lors de nos premiers ébats, je pensais que c'était juste le temps d'arrêt avant sa jouissance, mais j'avais compris que, bien souvent, c'était un instant qu'il appréciait, pour suspendre notre étreinte avec l'envie de la prolonger.
Il me fixait toujours, de son regard plus perçant encore, comme si le bleu de ses yeux avait pris une teinte plus sombre dans le plaisir. Je demeurai également immobile, prolongeant l'instant, avant de laisser mes petits muscles intimes se contracter autour de son membre, l'enserrer d'une pression tendre et câline. J'aimais ces moments, même si, souvent, nous ne pouvions les prolonger indéfiniment car le plaisir surgissait alors bien vite. Mais oui, j'aimais l'entourer ainsi, le cajoler dans mon antre. Sa respiration s'accéléra. Qui de lui ou de moi romprait le premier ? Lequel offrirait à l'autre son plaisir avant de succomber ? Je savais Arouk si attentif à moi que c'était souvent moi qui m'abandonnais la première, mais là, ce premier matin où nous n'étions que tous les deux, j'eus vraiment envie que ce soit lui. Je vis avec joie son torse se soulever plus rapidement, la sueur perler sur sa poitrine, alors que mes petits mouvements poursuivaient leur oeuvre. Je vis son sourire se tordre, ses yeux se fermer, j'entendis son cri fuser et je sentis en moi son sexe redonner un dernier assaut avant que sa liqueur ne se répande. Un grand sourire éclaira mon visage et, à mon tour, je fermai les yeux, savourant cette petite victoire alors qu'il s'employait à donner quelques ultimes coups de reins pour me faire jouir à mon tour.
**
Alors que le soleil avait tout juste passé son point le plus haut, nous avions réussi à passer toutes nos affaires de l'autre côté de la rivière. Comme j'achevais d'emmener les peaux qui avaient servi à fabriquer notre tente, Arouk était parti de son côté en exploration le long de la falaise. Je le vis revenir assez vite et il m'aida pour le dernier chargement.
- J'ai repéré un endroit où nous pourrions construire un petit abri provisoire, me dit-il avec une certaine excitation. Il y a des trous dans la falaise, à hauteur d'homme, où nous pourrions cacher la nourriture et la mettre hors de portée des carnassiers et des rongeurs. Nous pourrions alors faire un premier voyage jusqu'à trouver un endroit où nous installer définitivement. Une fois qu'on y aura construit notre abri, je ferai les voyages pour ramener tout ce qui restera ici. Bien sûr, on va essayer d'emmener le plus de nourriture possible...
- Montre-moi cet endroit, dis-je, curieuse.
Ce n'était effectivement pas loin, là où la falaise s'incurvait comme pour former un coude qui épousait ensuite le lit de la rivière. A partir de cet endroit, la rive devenait vraiment étroite et était encombrée de rochers, de morceaux de bois, que la crue printanière charriait. Je montrai le début de notre futur parcours à Arouk :
- La rive est étroite ici, elle s'élargit un peu plus ensuite, mais pas de beaucoup. On marchera vraiment le long de la falaise. Mais, tu vois, le sol n'est pas aussi régulier que sur l'autre rive et le travois ne passerait pas partout.
- Oui, me dit-il. J'ai réfléchi aussi à cela. Il nous reste assez de jour pour ramener nos affaires plus près et pour construire une sorte de brancard qu'on portera sur nos épaules. Je vais t'expliquer.
Je l'écoutai avec attention. Ce qu'il envisageait était ingénieux. En utilisant deux longues branches assez solides, mais pas trop lourdes, auxquelles on fixerait les plus grandes peaux que nous avions, nous pouvions ainsi réaliser une sorte de large panier dans lequel nous pourrions mettre une grande partie de nos provisions. En portant aussi sur notre dos des sacs de peaux, cela nous permettrait d'emporter en un voyage quasiment autant de choses que si nous avions pu utiliser le travois.
Nous décidâmes alors de manger un morceau avant d'amener toutes nos affaires au pied de la falaise. Il nous serait facile, ensuite, d'ériger la tente pour la nuit et il nous resterait assez de temps pour ranger les affaires en lieu sûr et pour réaliser le grand panier-sac.
Ce fut ainsi que passa la fin de journée et pendant qu'Arouk rangeait nos provisions le plus en hors de portée possible, je me mis en quête de ce que nous pouvions trouver à manger de ce côté-ci. Je ne m'étais pas aventurée jusqu'au pied de la falaise lors de mes pérégrinations estivales, le plus loin que j'avais été, c'était au bosquet de noisetiers que je pouvais apercevoir un peu plus vers l'amont. D'où nous nous trouvions, on pouvait encore distinguer les restes du campement. Je trouvai sans difficulté d'autres noisettes, mais aussi des racines comestibles. En revenant sur mes pas, je constatai qu'Arouk avait terminé le rangement et qu'il avait commencé à monter notre abri. Je l'aidai, puis j'allumai un feu pour faire cuire les racines. Pendant ce temps, il prépara les perches et commença à assembler les peaux tout autour.
Nous travaillâmes tant et si bien qu'avant le soir, tout était prêt. Nous avions fixé solidement les peaux aux perches et, de ce que nous avions estimé, nous allions pouvoir emporter en un voyage toute la nourriture que nous avions gardée. En revanche, il serait difficile d'emporter avec nous le nécessaire pour construire un abri provisoire et j'espérais alors que nous trouverions le moyen de laisser la nourriture hors de portée.
Nous ne veillâmes pas tard ce soir-là, afin de profiter d'une nuit bien reposante pour repartir au plus tôt le lendemain matin.
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