Chapitre 9 (5ème partie)
Les jours suivants, le froid se fit plus vif. Nous étions vraiment au coeur de l'hiver, en ces jours où il nous arrivait de nous demander si nous reverrions jamais l'été. Un vent, très froid, soufflait de l'amont, apportant avec lui de la glace et, parfois, quelques rafales de neige. Ce fut trois soirs après la mort du chasseur que nous les entendîmes : les loups approchaient. Malgré le vent glacé, Arouk ressortit de notre abri et tenta d'allumer d'autres feux, mais c'était difficile. Il parvint cependant à en entretenir un quatrième, autour de notre abri, mais ne réussit pas à faire durer celui qu'il avait voulu allumer sur le dessus du rocher. Les loups avaient-ils senti le sang et la mort ? Je me remis à trembler en entendant leurs cris sauvages, lancés dans la nuit. Ils n'étaient pas loin, mais même si Arouk se releva plusieurs fois au cours de la nuit, veillant sur nos feux, il n'en vit aucun. Au petit matin, nous ne les entendîmes plus, mais nous savions bien, l'un comme l'autre, que la meute ne devait pas être très loin.
Le vent était toujours aussi coupant, mais Arouk profita cependant de la clarté du jour pour dégager la glace qui s'était accumulée sur le toit de notre abri et pour dégager cette fois un vrai espace dans la neige au-dessus du rocher. Cela lui prit beaucoup de temps, mais il parvint à réaliser un assez grand foyer et à y allumer un feu. L'entretenir serait peut-être un peu plus difficile si la neige tombait, mais enfin, il jugeait que ce foyer serait important pour nous protéger.
A la nuit tombée, nous les entendîmes à nouveau, plus proches.
Il en fut ainsi durant trois soirs, avant qu'Arouk n'en aperçoive finalement un, au cours de la troisième nuit, en remettant encore une fois, inlassablement, du bois dans nos feux. Il avait aperçu des petits yeux jaunes le fixant sous la masse sombre des arbres. Mais le loup ne s'était pas plus approché.
- Tant qu'ils sont dans les parages, me dit Arouk au petit matin, je ne vais pas aller chasser.
- Nous avons encore des provisions, dis-je. Même si nous n'avons plus de viande fraîche.
- Oui. En revanche, ajouta-t-il, il faut vraiment que je coupe du bois aujourd'hui. Si une tempête de neige se lève, et je crains qu'il n'y en ait une bientôt, avec tout ce vent, nous ne pourrons plus sortir.
- Si une tempête arrive, nous aurons du mal à entretenir les feux au-dehors.
- Je le sais, et c'est pourquoi il faut vraiment qu'on amasse du bois. Par précaution.
Au cours de la journée, je l'aidai le plus possible, rapportant auprès de notre abri les branches qu'il avait coupées. Mais nous devions aller plus loin car nous avions déjà prélevé tout le bois accessible sur les arbres les plus proches, que ce soit lorsque nous nous étions installés pour construire notre abri ou au cours des deux dernières lunes, pour alimenter nos feux. C'était un travail dur et harassant, et je dus m'interrompre en milieu de journée. J'avais très mal au dos et mon ventre me tirait. Arouk me força à rester me reposer à l'abri, et je m'occupai alors en écrasant quelques grains pour en faire une poudre grossière. J'y mêlai de l'eau et des fruits secs qui nous restaient pour en faire des petites galettes que je fis cuire sur des pierres chaudes. C'était délicieux et cela réconforta tout autant Arouk de ses efforts que moi-même de ma fatigue.
**
Depuis plusieurs nuits, nous n'avions pas partagé le plaisir. D'abord, il y avait eu les nuits qui avaient suivi l'attaque du chasseur - et sa mort -, nuits au cours desquelles j'avais eu trop peur et Arouk aussi pour songer à nous câliner. Ensuite, la veille rendue nécessaire par la présence des loups nous fatiguait plus que d'habitude et cette coupe de bois supplémentaire avait eu raison des forces d'Arouk qui s'écroula sur notre couche à peine le repas du soir avalé.
Au cours de la nuit, j'entendis bien les loups, mais ils me semblèrent plus éloignés. Il n'en était rien, mais la neige qui s'était mise à tomber en lourds flocons assourdissait tous les bruits alentours. Arouk était parvenu à tenir deux foyers allumés au cours de cette nuit et cela avait suffi à nous protéger.
Au petit matin, après s'être à nouveau relevé pour remettre du bois dans le feu, Arouk revint se coucher contre moi au lieu de nous préparer quelque chose à manger comme il le faisait habituellement. Il se colla dans mon dos, m'entoura de ses bras, ses mains trouvant naturellement l'arrondi de mon ventre. Il caressa doucement la vie chaleureuse qui s'y trouvait et commença à m'embrasser dans le cou. Ses gestes pleins de tendresse me firent du bien et me donnèrent bien vite envie de lui. Ces derniers jours, ces dernières nuits, avaient été si harassantes que je ressentais vraiment le besoin de repos et de tendresse.
Après avoir câliné mon ventre, une de ses mains remonta vers ma poitrine, jouant un moment avec mon téton. Je gardai les yeux fermés, savourant la douce chaleur qui m'envahissait. Je pouvais ressentir tout à la fois sa tendresse pour le bébé, la force de son amour pour moi, la puissance de son corps collé au mien.
Je me tournai finalement vers lui, laissant mes lèvres courir sur son épaule, la base de son cou. J'avais envie de le toucher, de l'embrasser, de laisser mes mains courir partout sur lui. Et je le fis sans attendre. Puis, il se coucha en partie sur moi, prenant soin de ne pas appuyer sur mon ventre, mais passant une de ses jambes sur les miennes et m'entourant de ses bras. Ses mains et sa bouche n'étaient pas en reste pour me caresser en retour. Je repoussai les fourrures, pour mieux le parcourir encore et ma main descendit bien vite vers son membre qui commençait à durcir contre mon ventre.
Il devint bien vite tout dressé et bien dur contre ma paume, mais, malgré mon impatience de le sentir en moi, je pris le temps de le caresser encore, alternant des pressions de mes doigts et des caresses de ma paume ou de mon pouce sur son petit bout tendre. L'une de mes caresses fit se cambrer Arouk et son baiser fut plus marqué dans mon cou. Il s'écarta alors pour glisser le long de moi, mettant son sexe hors de ma portée. Je protestai, mais ce reproche se perdit bien vite dans une plainte lorsque ses lèvres s'emparèrent d'un de mes tétons, le suçotant doucement. Des sensations nouvelles m'envahissaient, comme la montée d'une vague dans mes seins, comme si tout mon sang affluait là. Soudain, Arouk s'arrêta, lâcha mon téton et je gémis encore.
- Arouk...
- Ourga... Je... Tu...
- Que se passe-t-il ? soufflai-je en rouvrant les yeux, étonnée qu'il s'arrêtât ainsi.
- Tu... ton sein... il y a du lait...
Je baissai les yeux vers ma poitrine et je vis effectivement une petite coulée blanchâtre descendre sur ma peau. Je relevai les yeux vers Arouk, pris son visage entre mes mains et l'approchai du mien pour l'embrasser. Je goûtai sur sa langue cette saveur nouvelle, un peu aigre et sucrée à la fois. Je prolongeai notre baiser car je trouvai cela délicieux.
Quand je le relâchai, il soupira et je dis simplement :
- Je serai bientôt prête à nourrir le bébé. Mais je crois qu'il est encore trop petit pour sortir de mon ventre. Caresse-moi, Arouk... J'ai envie...
Il sourit, mais j'eus le temps de voir un éclat d'inquiétude dans son regard. Il abandonna mes seins pour plonger vers mon antre et caresser mes cuisses. Puis ses mains se posèrent sous la forme ronde et il embrassa le petit trou ridé de mon ventre, avant de laisser ses lèvres glisser dans ma toison. Je me cambrai et écartai les jambes un peu plus, pour lui laisser le passage, et gémis en sentant sa bouche se refermer sur mon bouton sensible. Des vagues chaudes remontaient maintenant tout le long de mon échine. Mes seins étaient durs et suintaient à nouveau, mais je n'en avais plus souci. Je ne voulais plus que sentir la langue d'Arouk parcourir encore et encore mes replis humides. Mes gémissements devinrent cris et je l'appelai encore, le suppliant maintenant de me donner le plaisir.
Il colla sa bouche à ma fente, mais je le repoussai :
- Je te veux en moi... Arouk... Je t'en prie... Viens en moi...
Hésita-t-il un instant ? Je n'en eus pas conscience, mais je poussai un long râle de soulagement en le sentant entrer en moi, m'envahir toute entière et bouger lentement sans ressortir de moi. Mes mains se saisirent à nouveau de sa nuque, je le voulais plus près de moi, mais il résista en prenant appui sur ses mains, de chaque côté de mes épaules.
- Doucement... Ourga... Doucement... Pense au bébé... Je ne veux pas aller trop fort !
- Viens..., répondis-je, seulement consciente de ce désir aigu qu'il avait fait jaillir en moi. Viens... Viens...
Je nouai mes jambes autour de ses reins, pour le serrer plus encore en moi alors qu'il entamait de lents mouvements de va-et-vient, trop lents à mon goût. Je le voulais fort et il allait lentement. Je le voulais lourd et il se faisait léger. Je le voulais tout contre moi et il s'écartait, toujours bien en appui sur ses mains, bras tendus.
Mais le plaisir eut raison de mon impatience, de mon désir trop vif. Les vagues qui montaient en moi étaient délicieuses, je savourai désormais chaque sensation, chaque caresse, chaque effleurement, intime ou non. Que ce soit son sexe qui parcourait le mien, plongeant, revenant, explorant, ou ses lèvres qui frôlaient les miennes, ou mes joues, ou mon cou. Ou que ce soit son torse qui, par instant, reposait légèrement sur ma poitrine, frottant tout juste sa peau sur la pointe durcie de mes seins.
Un premier éclat de plaisir me cueillit, mais il ne fut pas suffisant à me satisfaire. Arouk ne s'était d'ailleurs pas arrêté à mon cri et avait poursuivi tout à la fois ses caresses, ses baisers et sa pénétration. La sueur coulait maintenant entre mes seins, dans mon dos, collant plus encore nos ventres l'un à l'autre.
- Viens... Ourga... Viens encore... Maintenant !
L'appel d'Arouk raviva mon désir, tel un feu brûlant jaillissant à nouveau de dessous la cendre. Mes bras noués autour de sa nuque, mes jambes refermées autour de ses reins, mon dos cambré, et tout mon corps épousait maintenant le sien pour nous emmener vers une nouvelle explosion. Le plaisir me traversa à nouveau, cette fois en longues ondes envahissant tout mon corps, alors qu'Arouk me rejoignait en lâchant son jus chaud au plus profond de moi.
Nous retombâmes enlacés, étroitement unis, comme incapables de nous détacher l'un de l'autre. Il roula un peu sur le côté, m'entraînant avec lui, pour ne pas peser sur le bébé. Je restai longtemps me sembla-t-il, la tête collée contre son torse, entendant son coeur battre follement. Un de mes premiers frissons lui fit ramener nos fourrures sur nous et la douce chaleur qui nous envahit alors me fit plonger dans un sommeil profond.
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