Chapitre 13 (troisième partie)
Comme lors de la précédente cérémonie, nous fûmes conviés Arouk et moi, ainsi que l'autre couple, à passer deux journées dans la tente des cérémonies. Les trois Grandes Mères, ainsi que les trois chefs se trouvaient avec nous. Nous avions, Arouk et moi, déjà entendu leurs conseils, déjà échangé avec eux l'an passé. Ce n'était pas nouveau pour nous, mais nous demeurâmes attentifs. L'expérience que nous avions vécue au cours de l'hiver, la présence de Kourag avec nous, donnaient aussi à cette préparation une couleur bien particulière.
L'autre couple, issu donc uniquement du Clan de la Louve, était composé de Kyru, un homme un peu plus âgé qu'Arouk - il avait déjà 27 printemps - et d'une jeune fille initiée deux étés plus tôt, en même temps qu'Ilya et moi. Je me souvenais d'elle, elle s'appelait Tora. Kyru avait déjà été uni, mais sa compagne était morte en donnant le jour à son enfant. Lui aussi était mort. Cela était arrivé il y a déjà trois ans, et cela avait représenté une terrible épreuve pour lui. Il avait quitté le Clan de la Louve durant une année, pour vivre parmi le Clan de la Jument, puis était revenu parmi les siens. Il se disait heureux que Tora l'ait choisi, au cours du printemps, traçant le cercle de pierres pour lui, lui faisant confiance alors qu'il avait toujours un peu le sentiment qu'un mauvais esprit le poursuivait. Il s'était déjà présenté deux ou trois fois, devant des jeunes femmes qui traçaient le cercle de pierres, mais n'avait jamais été choisi. Je me souvenais en effet de l'avoir vu, une fois, au cours de l'été passé, se présenter.
A l'entendre nous faire part de son expérience, avec humilité, je fus très touchée et je me sentis heureuse de participer à la même cérémonie d'union qu'eux deux. Ils avaient vécu des épreuves, lui surtout, mais elle aussi en voyant que sa confiance était souvent mise à mal, et je relativisai aussi notre propre épreuve, à Arouk et moi, serrant par moment plus fort Kourag contre mon sein. Rien ne pouvait être plus douloureux que perdre son enfant et, plus d'une fois au court de nos échanges, Kyru en eut les larmes aux yeux. Mais Tora lui prenait souvent la main, le réconfortant par sa présence. Nul doute pour moi qu'ils partageaient déjà beaucoup, un peu comme Arouk et moi. Aussi, le récit de notre propre expérience les intéressa-t-il vivement et quand j'osai leur demander s'ils étaient heureux eux aussi de s'unir en même temps que nous, Kyru répondit sans hésitation :
- Oui, Ourga. Pour moi, c'est un bon présage. Bien sûr, tout le monde se souvient de ce qui s'est passé au cours du dernier rassemblement, mais chacun veut l'oublier et que vous souhaitiez toujours vous unir devrait faire taire ceux qui doutent encore d'Arouk. Pour moi, il est un grand chasseur, il est un homme de parole qui a veillé sur sa compagne tout au long de l'hiver. Et que les esprits vous aient déjà accordé un enfant est un signe qui ne trompe pas : eux ont foi en lui, en vous. Et si tu veux vraiment le fond de ma pensée, sache que je n'ai pas peur d'un mauvais présage.
- Moi non plus, renchérit Tora en souriant. Je suis certaine que nous aurons une belle cérémonie et que les esprits seront avec nous, désormais.
Elle avait prononcé ces mots en serrant plus étroitement la main de Kyru. Je me sentis rassérénée par leur attitude et nous poursuivîmes les préparatifs de la cérémonie.
Comme l'an passé, ma mère, Gourn, Kari et nous-mêmes nous nous activâmes à préparer des petits cadeaux d'échange. Gourn s'occupa aussi de ma tunique de cérémonie. J'aurais aimé porter à nouveau celle qu'il avait réalisée l'an passé, mais mes formes encore généreuses et surtout, mes seins continuellement gonflés de lait ne me permettaient pas de la remettre. Il m'en fit donc une plus ample, mais en veillant aussi à ce que je puisse l'ouvrir facilement pour allaiter Kourag. Cela ne manquerait pas d'arriver au cours de la fête et des heures qui suivraient la cérémonie. Il la décora tout aussi richement que la précédente, mais je fus très émue de constater qu'il l'avait essentiellement décorée avec des signes rappelant l'Ourse : dents ou griffes, dessins évoquant l'animal. Il m'expliqua pourquoi il avait fait ainsi :
- Tu appartiens au Clan de l'Ourse, Ourga. Et Arouk aussi a été marqué par l'Ourse. Son esprit, parmi tous les esprits, veille sur vous en particulier. Il vous a aidés à surmonter les dangers de l'hiver et vous a donné Kourag.
- Oui, tu as raison. Et nul ne pourra alors douter qu'Arouk a tout autant le droit de faire partie de notre peuple qu'un autre.
- Crois-tu que certains doutent encore, Ourga ? Ou est-ce toi qui as encore un peu peur ?
Je le regardai sans répondre. Mais je me dis qu'une fois de plus, Gourn m'avait bien devinée et qu'il avait raison : j'éprouvais sans doute encore des craintes infondées.
**
Bien que ne concernant que deux couples, la cérémonie fut tout autant émouvante et gaie que celles auxquelles j'avais pu assister depuis mon enfance. Depuis le matin, tous s'étaient rassemblés, apportant petits cadeaux ou nourriture. Des pièces de viande rôtissaient sur les grands feux, emplissant l'air de parfums alléchants. Nous avions commencé par nous purifier à la rivière, puis par revêtir nos tenues de cérémonie. Arouk avait confectionné la sienne lui-même, Gourn l'aidant quelque peu, mais surtout pour trouver les éléments dont il avait besoin. Je ressentis un pincement au coeur en pensant à Liki et à Kian qui ne pourraient assister à notre union.
Nous étions attendus par tous et nous prîmes place au centre de l'espace laissé dégagé. Le chef et la Grande Mère du Clan de la Louve attendaient eux aussi. C'étaient à eux qu'était confiée la cérémonie. Ils prirent tour à tour la parole, rappelant l'engagement de chacun et la sincérité de nos unions. Puis, quand vint le moment fatidique de la question, de savoir si quelqu'un souhaitait prendre la parole, il y eut comme un long frémissement parmi la foule. Je fus tentée de baisser un instant les yeux, mais une légère pression de la main d'Arouk dans la mienne m'en dissuada. Je ne devais éprouver aucune honte, aucune colère non plus. Et face au silence, la Grande Mère dit alors :
- Devant nous tous, je demande aux esprits de veiller à la destinée de Tora et Kyru, et d'Ourga et Arouk. Ils sont désormais unis.
Un bref temps de silence suivit ses paroles, puis on entendit des premiers cris de joie. Je vis plusieurs des miens s'embrasser, se féliciter. Les réjouissances allaient pouvoir commencer.
Après ma mère et Gourn, ce fut Ilya la première à me tomber dans les bras et à me serrer fort contre elle. Je sentis son ventre dur contre le mien, ne pouvant ignorer le bébé qui s'y trouvait. Mon amie était très heureuse de pouvoir nous féliciter et je vis quelques larmes perler à ses paupières. Elle n'allait pas veiller très longuement avec nous au cours de la soirée de fête, mais elle n'aurait certainement pas voulu être absente pour ma cérémonie d'union. Je n'oubliais pas non plus que c'était elle qui m'avait incitée à tracer le cercle de pierres pour Arouk et elle avait eu bien raison.
Ce fut une vraie journée de fête. Le repas était délicieux et l'on dégusta avec plaisir les mets préparés tout au long de la journée. Chacun venait, tour à tour, échanger quelques mots avec nous quatre, offrir un petit cadeau. Je reçus ainsi une très belle peau pour Kourag, mais aussi des petits colliers, des paniers tressés. Arouk offrit plusieurs couteaux fabriqués par Kian, ce qu'il n'avait pu faire l'an passé. Les trois chefs présents en reçurent un chacun, mais aussi plusieurs chasseurs avec lesquels il avait pris plaisir à discuter, à traquer les bêtes, à préparer le gibier abattu. Il en offrit un aussi à Kyru ce qui le toucha beaucoup. Certes, l'an passé, je n'avais pu échanger mes cadeaux avec les autres couples, aussi fus-je très contente de pouvoir le faire cette année et d'offrir notamment des cadeaux à Ilya et Kaarg, et à Lorg et Oda. Ainsi allait s'effacer le pénible souvenir de l'année passée. Et pas uniquement pour nous, je le savais. Pour tous les miens aussi.
**
Le soir était maintenant tombé. Les chants se faisaient entendre, les rires et les éclats de voix aussi. Les feux étaient constamment alimentés et leurs flammes éclairaient la nuit. La voix de ma mère me tira soudain de cette atmosphère :
- Veux-tu que je m'occupe de Kourag ? me dit-elle. Tu veux peut-être pouvoir rester encore un peu et profiter de la fête.
Je pris conscience qu'il était déjà assez tard et que mon bébé s'était endormi depuis un moment, contre mon sein, indifférent à toute l'agitation qui régnait autour de nous. Je me tournai vers Arouk, il me fixait avec sérieux et je vis aussitôt s'allumer la lueur que je connaissais bien dans ses yeux. Il me dit, avant que je puisse répondre à ma mère :
- Nous pouvons faire comme tu veux, Ourga.
- Nous allons partir, alors, dis-je à ma mère en souriant.
Et elle me répondit par un même sourire.
Nous les quittâmes peu après, mais nous trouvâmes sur notre chemin plus d'une personne voulant encore nous congratuler, nous offrir ses voeux. Nous parvînmes enfin à notre abri. Le reste du campement paraissait étonnamment calme par rapport au lieu où se déroulait la fête, mais Ilya et Kaarg se trouvaient déjà là. En nous entendant approcher, je vis la peau qui fermait leur tente se soulever légèrement, c'était Kaarg.
- Tout va bien ? demandai-je un peu inquiète.
- Oui. Ilya était fatiguée alors je l'ai raccompagnée. Mais elle va bien et était heureuse d'assister enfin à votre union.
- Elle dort ?
- Oui.
Je souris alors et me redressai. Pendant notre échange, Arouk était entré dans notre tente et je fus surprise de le voir en ressortir en portant une partie de nos affaires de couchage.
- Viens, me dit-il simplement.
Et il me sembla voir un sourire de connivence s'afficher brièvement sur le visage de Kaarg. Je suivis alors Arouk, un peu curieuse de ce qu'il avait décidé. Il me mena vers la rivière. Elle n'était pas aussi large et profonde que celle près de laquelle nous installions le grand rassemblement d'été, mais elle coulait, fraîche et fluide, entre deux rives en pente douce.
Arouk se dirigeait d'un pas sûr vers un petit îlot de saules, sur la rive. Il y disposa nos affaires, me prit Kourag des bras et le coucha soigneusement dans sa peau de lynx. Puis il prit mes mains dans les siennes et me regarda avec bonheur.
- Je suis maintenant l'homme de ton foyer, Ourga. Et nul ne peut plus le contester. Et je suis le père de Kourag. Ce soir, cette nuit, je veux t'apporter tout l'amour que j'ai pour toi. Partager encore et encore le plaisir avec toi. Et veiller sur notre fils, comme je veillerai sur lui pour les jours et les nuits à venir. Je t'aime.
- Je t'aime aussi, Arouk, répondis-je avec émotion en refermant mes doigts sur les siens. Et je suis heureuse de pouvoir partager tant et tout, maintenant, avec toi.
Il s'assit et je m'agenouillai alors entre ses jambes, pris son visage entre mes mains et posai ma bouche sur la sienne. Ma langue se glissa entre ses lèvres, épousa la sienne en une danse tendre. Mais, déjà, ses mains remontaient dans mon dos et les miennes ouvraient sa tunique.
- Gourn a réalisé une magnifique tenue de cérémonie pour toi, me souffla-t-il quand nos lèvres s'écartèrent. Je crois qu'elle est encore plus belle que celle de l'an passé.
- Il voulait rappeler combien l'esprit de l'Ourse veillait sur nous. Après tout, c'est lui qui t'a mené vers moi...
- Oui, me répondit-il avec assurance. Je l'ai compris bien vite et c'est aussi pour cela que je voulais m'unir à toi et que j'avais fait le choix de ne pas repartir vers mon peuple. Je suis maintenant un des chasseurs du Clan de l'Ourse et cela me plaît. Mais plus encore, je suis l'homme de ton foyer.
- Alors, homme de mon foyer, aime la femme à laquelle tu t'es unie. Aime-la qu'elle puisse t'aimer en retour. Tant et tout.
Nos mains se glissèrent sous nos tuniques alors que nos bouches s'étaient à nouveau unies. Une fièvre nouvelle, un désir impérieux, montaient en moi. Nous n'avions pas partagé les plaisirs depuis si longtemps ! Depuis avant la naissance de Kourag... Et il nous tardait, autant à l'un qu'à l'autre, de nous retrouver enfin. Arouk fut cependant, comme à son habitude, prévenant et sut dompter mon impatience. Il me savait peut-être encore sensible et ne voulait pas me brusquer, me faire mal. Son attention me touchait toujours autant et ne faisait qu'exacerber mon désir de lui.
Mais, déjà, mes mains partaient à la reconnaissance de son corps, caressant avec joie sa peau que je trouvais si douce, ses muscles qui roulaient sous mes doigts, ses tétons qui se dressaient sous ma paume. Mon baiser se fit plus intense, plus avide.
Il s'écarta enfin de moi, rompant notre baiser. Mes yeux devaient briller comme les siens le faisaient. Il dénoua lentement le lien qui refermait ma tunique, en écarta les pans. Ma poitrine, gonflée de lait, apparut, blanche et veinée de bleu. Ses mains glissèrent sur ma peau fine, avec douceur. Je gémis. Déjà, des ondes délicieuses descendaient dans mon ventre, excitant mon petit bouton que, pourtant, Arouk n'avait pas encore frôlé. Mais rien que ses mains sur mes seins le faisaient déjà palpiter.
Ma tunique glissa sur mes épaules et Arouk la souleva pour m'aider à la retirer. Je ne tardai pas à faire de même avec la sienne. Son torse musclé apparut alors, luisant déjà d'un peu de sueur sous la lumière argentée de la lune. Ses cheveux, un peu longs, tombaient sur ses épaules. J'avais pris soin de les peigner longuement ce matin, et ils étaient maintenant toujours aussi doux entre mes doigts. Pour ma part, ma mère avait tressé mes cheveux et Arouk dénoua à son tour le lien pour les libérer en lourdes volutes dans mon dos.
- J'aime quand tes cheveux tombent ainsi, me souffla-t-il. Ils sont un peu sauvages, comme les chevaux qui courent dans la plaine. On dirait qu'ils courent dans ton dos.
- Et moi, dis-je en insistant sur sa nuque, j'aime passer mes doigts entre les tiens, ainsi, et te toucher là et là.
Et, ce faisant, je le caressai juste à la limite d'implantation de ses cheveux, sur sa nuque, à cet endroit où je le savais très sensible. Son regard changea alors, devenant plus sombre, plus profond. Et j'eus envie de m'y noyer, ce qui suscita une première onde chaude entre mes cuisses. Mais, pour l'heure, comme je portais encore mes jambières, cela ne lui fut pas visible.
Il eut un mince sourire, se pencha vers mon visage et reprit mes lèvres avec douceur, mais en y imprimant aussi de la force. Je succombais déjà, ses bras me retinrent et son torse se colla au mien. Je gémis sous sa bouche tant la caresse de son corps contre mes tétons sensibles était à la fois agréable et légèrement douloureuse. Pourtant, j'avais nourri Kourag il y a peu...
Arouk, se doutant de quelque chose, ralentit son baiser, puis me demanda :
- Ca va, Ourga ?
- Oui, dis-je en un souffle. J'ai tant envie de toi et pourtant, mon corps est par moment douloureux. Mes seins me tirent et pourtant, j'ai tant envie que tu les caresses et les embrasses.
- Je serai doux, me répondit-il en mordillant mon oreille. Allonge-toi, tu seras plus à l'aise.
Je m'étendis bien volontiers sur nos fourrures et Arouk en profita pour me retirer mes jambières. Même si Kourag était né depuis plus d'une lune, mon ventre était encore rond et mes cuisses n'avaient pas retrouvé toute leur musculature. Je n'avais pas autant marché que les printemps précédents, alors que j'avais l'habitude d'aller souvent à la chasse.
- Tu es si belle, femme de mon foyer, souffla-t-il en me regardant avec désir.
Je le crus bien volontiers, car je voyais une flamme s'allumer dans ses yeux alors que son regard se portait sur moi, me caressant aussi tendrement et intimement que le feraient ses mains, sa bouche.
- Viens, soupirai-je. Viens contre moi. Je veux te sentir contre moi. Enfin.
Il s'allongea contre moi après avoir retiré ses propres jambières. J'étais heureuse qu'il ait décidé de nous faire dormir un peu loin du campement, et surtout, en plein air. Je retrouvais là le plaisir que j'avais eu à dormir avec lui, lors de nos premières nuits ensemble, l'été dernier, quand nous nous retrouvions tous les deux, sur l'autre rive.
Sans tarder, ses mains se mirent à parcourir mon corps, se faisant douces sur ma poitrine, plus insistantes sur mes cuisses, mon ventre. Son sourire me prouvait son bonheur à ces retrouvailles, mais aussi à vivre notre nuit d'union. Celle dont nous avions été privés l'été passé. Je lui rendais ses caresses, n'étant pas en reste de le toucher à nouveau, sur le dos, les fesses, les cuisses. Je m'emparai d'un de ses tétons et le suçai longuement, les yeux fermés, savourant ce petit fruit que j'aimais tant. Il poussa une première plainte et son sexe devint dur contre ma cuisse.
- Doucement, Ourga, me souffla-t-il à l'oreille. Je veux prendre le temps...
Je levai les yeux vers lui, sans cesser pour autant mon baiser. Il soupira et reprit ses caresses sur mes cuisses, mais sans s'approcher encore de ma toison. J'écartai un peu les jambes, je voulais le retrouver, totalement. Le sentir à nouveau en moi. Mais il avait raison d'être plus mesuré que moi, car la première pénétration me fut douloureuse. Mes chairs étaient encore si sensibles...
Je me mordis les lèvres, mais il vit tout de suite que j'avais mal. Il se retira doucement, roula sur le côté, m'entraînant avec lui.
- J'ai envie de toi, sanglotai-je, incapable de retenir mes émotions.
- Je le sais, et moi aussi. Mais la naissance de Kourag est récente. La Grande Mère m'a dit de faire attention à toi. Même si nous avions très envie de partager le plaisir tous les deux. Laisse-moi te donner du plaisir autrement, Ourga.
Je levai mon visage vers lui. Son regard était franc et aimant. Ses bras me tenaient tendrement contre lui. Il m'allongea sur le dos, me couvrit la poitrine d'une de nos fourrures, car je tremblai, mais sans pouvoir déterminer si c'était de froid, de peine ou de désir. Sans doute un peu de tout cela. Il reprit ses baisers sur mon ventre, ma toison, mes cuisses. Lentement, il se rapprochait de mon sexe et j'oubliai mon chagrin. Ses lèvres se posèrent doucement sous ma toison, fouillant et cherchant mon petit bouton. Il était juste sensible et de nouvelles ondes chaudes jaillirent dans mon ventre, me faisant oublier l'éclat de douleur précédent.
Sa langue me fouilla, trouvant ma fente juteuse, remontant régulièrement vers mon petit bouton. Les ondes chaudes devinrent flammes brûlantes et je retrouvai avec joie les prémices du plaisir. Les mains d'Arouk n'étaient pas en reste, caressant doucement mon ventre, mes seins, mes cuisses, me tenant les jambes pour que sa bouche puisse oeuvrer. Je m'abandonnai cette fois totalement et le plaisir m'emporta en une longue vague chaude. Je retombai, alanguie, sur nos fourrures, et Arouk vint se coucher contre moi, me prenant tendrement dans ses bras.
Lorsque je rouvris les yeux, revenant de ce beau voyage, je croisai son regard, aimant et amoureux. Je posai mes mains sur son torse, le caressant à mon tour. Il bascula sur le dos, me laissa faire. Et je partis à la redécouverte de son corps, embrassant et goûtant avidement sa peau, sa sueur. Me délectant de ses tétons, des muscles de ses bras, de son ventre. Je m'enivrai de son odeur. Ses plaintes accompagnaient chacune de mes caresses, chacun de mes baisers. Mais quand je m'emparai de son membre, ce ne fut plus un gémissement, mais un cri qui retentit à mes oreilles. Un cri de joie et de bonheur. Et j'en eus les larmes aux yeux.
Je le pris délicatement en bouche, retrouvant tout à la fois la douceur de sa peau et l'énergie de son membre. Je fermai les yeux, dégustant à nouveau, le prenant en bouche aussi loin que je le pouvais. Mes mains n'étaient pas en reste, parcourant son ventre, dessinant les muscles de ses cuisses, avant de venir se refermer sur ses bourses qu'elles caressèrent avec douceur.
- Ourga..., souffla-t-il... Oh... Ourga...
J'aimais l'entendre ainsi, j'aimais lui donner le plaisir. Je poursuivis mes baisers encore un peu, mais quand je sentis ses plaintes devenir plus rapides, je me redressai et m'assis sur son ventre. Mes cuisses, ouvertes, s'offraient à son membre. Arouk me fixa droit dans les yeux, il voulut parler, mais je me penchai en avant et le fis taire d'un baiser. Ma langue se mit à danser dans sa bouche, alors que mon bassin basculait pour accueillir son membre en moi. J'y allai doucement, craignant encore que ce ne soit douloureux. Mais était-ce grâce au plaisir que j'avais éprouvé un peu plus tôt ou à mon envie de le recevoir en moi, plus impérieuse que jamais ? Sans être aussi agréable qu'avant, je n'eus pas mal et me sentis soulagée de pouvoir le prendre en moi.
Mes hanches allèrent et vinrent, doucement d'abord, puis plus vite ensuite. Notre baiser se prolongeait et les mains d'Arouk se refermèrent sur mes épaules, mes reins. Je ressentais vivement sa chaleur, en moi et contre moi, jusqu'à ce qu'il se répande en moi. Et c'était un vrai bonheur.
**
Je me réveillai à l'aube, juste avant que Kourag ne réclame sa première tétée. Je m'étais endormie sans m'en rendre compte, étendue sur Arouk. Lui avait dû plonger dans le sommeil peu après, mais il avait pris le temps de remonter les fourrures sur nous et de nous couvrir. Je n'avais pas froid, ainsi couchée entre les bras de l'homme de mon foyer. Mais mes seins étaient douloureux et commençaient à suinter, signe qu'il allait être temps pour moi de nourrir mon bébé.
Je bougeai doucement, ne voulant pas réveiller Arouk, mais il le sentit et ouvrit les yeux.
- Ca va, Ourga ? murmura-t-il d'une voix encore rauque.
- Oui... Je pense que Kourag va bientôt se réveiller.
Il hocha la tête, tourna un instant son visage vers le petit paquet emmailloté non loin de nous. Kourag dormait encore. Nos regards se croisèrent à nouveau et Arouk me sourit.
- C'est une belle journée qui va commencer, me dit-il. As-tu aimé dormir un peu loin du camp ?
- Oui, dis-je. Cela me rappelle l'été passé. Et, aussi, un peu, notre abri de cet hiver, quand nous n'étions que tous les deux. C'était une belle idée de nous amener ici.
Il me souriait toujours et attira mon visage vers le sien, pour m'embrasser. Ses mains se posèrent doucement sur ma poitrine. Il prolongea un peu notre baiser, mais quand il le rompit, il me dit :
- Il va être temps que Kourag se réveille, n'est-ce pas ?
- Oui, dis-je en baissant les yeux vers mes seins gonflés.
Un peu de lait avait coulé et maculait ses paumes. Je me levai alors, m'approchant de notre bébé. Ses petits poings étaient serrés fort, ses yeux fermés, mais sa bouche remuait comme s'il avait voulu téter. J'estimai qu'il me restait encore un petit peu de temps pour moi et je dis à Arouk :
- Il dort encore. Je vais aller à la rivière.
- Je reste avec lui, ne te soucie pas.
Je lui souris et m'éloignai alors jusqu'à la rive. Je trouvai rapidement un petit endroit pour uriner, puis je me glissai dans l'eau, me lavai un peu. J'en profitai pour me plonger totalement dans l'eau, l'onde fraîche apaisant un instant la tension dans ma poitrine. Mais je ne m'absentai pas bien longtemps, une petite plainte se faisant déjà entendre du côté de notre campement improvisé pour la nuit. J'avais laissé mes habits là-bas et je revins, nue, le soleil pointant déjà ses premiers rayons pour me sécher le dos.
Arouk s'était assis et avait pris son fils dans ses bras, le berçant doucement. Je m'assis à ses côtés et il me le tendit une fois que je fus bien installée. Kourag appuya vivement sa tête contre mon sein gauche et se mit à téter goulûment.
- Il dormait, mais il avait faim ! sourit Arouk. Il m'impressionne à dévorer ainsi. Surtout le matin...
- Il mange plus souvent dans la journée, le matin, c'est un peu différent. C'est comme pour nous, c'est son premier repas !
- Oui.
Je me penchai vers mon fils, le regardant faire. Il avait bon appétit et prenait sans difficulté. Je n'étais pas inquiète pour lui. Au bout d'un petit moment, je le déplaçai vers mon autre sein pour qu'il le vide aussi. Il avait ouvert les yeux et me fixait. J'en souris. Arouk lui caressa doucement la joue avant de déposer un baiser sur son front, puis, en se redressant, de faire de même sur le mien.
- J'aime vous regarder ainsi, tous les deux. C'est la plus belle chose qui m'ait été donnée de voir. Toi et Kourag.
Je levai les yeux vers Arouk. Les rayons du soleil fusaient maintenant sur la plaine, auréolant sa chevelure d'or. Ses yeux brillaient, de ce bleu profond que j'aimais tant. Je lui souris.
- Je suis heureuse, Arouk. Nous formons un foyer maintenant, tous les trois.
Il hocha la tête. Oui, aujourd'hui était le premier jour d'existence de notre foyer.
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