Chapitre 2
Chapitre 2
Octobre 1944
" Boum boum boum !"
- J'arrive !
Mon père nous a jeté un dernier regard avant d'aller ouvrir la porte.
Derrière se trouvaient deux SS. Rien qu'en les regardant, on savait qu'ils étaient de race aryenne. "Brrr ! " J'en ai encore des frissons rien qu'en les revoyant dans mes pensées.
Ils lui ont tendu un document. A voir sa tête décomposée, je savais qu'on devait partir sur le champ.
- Fünf Minuten Hund. Schnell !
Cinq minutes... Cinq petites minutes pour nous préparer.
Lorsque mon père est revenu vers nous, laissant les deux SS envahir notre espace de vie et toucher à nos biens, il a montré la lettre à ma mère. Elle a mit sa main devant sa bouche, comme pour contenir un hurlement. Elle s'est ensuite tournée vers mon frère, avant de me dire :
- Ma chérie, aide ton frère à faire ses valises s'il te plaît.
" Non, pas Joshua."
- Ton père va m'aider à préparer les miennes.
Ma mère et mon frère. C'est eux qu'ils sont venus chercher, ou devrais-je plutôt dire, prendre ce jour-là.
- Vier Minuten !
Oh la la ! Quatre minutes. Juste le temps pour mon père et moi d'aider ma mère et mon frère à rassembler quelques affaires personnelles.
Mon frère me regardait, tout larmoyant.
- Ça va aller Josh, tout ira bien.
Mais bon sang, que m'a-t-il pris de dire ça ! Je savais très bien au fond de moi que ça n'irait pas. Ils allaient probablement les emmener dans un de ces foutus ghettos à Varsovie ou dans un de leurs nombreux camps de concentration pour les forcer au travail.
Alors que je mettais un dernier pantalon dans sa valise, mon frère m'a pris dans ses bras tous frêles.
- Je t'aime.
- Moi aussi je t'aime.
- Dreißig Sekunden, schnell !
Je me souviens avoir tenu mon frère pour la toute dernière fois dans mes bras, avant de le conduire dans la salle où mes parents attendaient déjà.
Ma mère est venue jusqu'à moi, avec hâte, pour me serrer aussi fort que possible dans ses bras.
- Restez sage mes amours et tout se passera bien pour vous.
Un adieu à mon père et à moi. C'est le genre de paroles que l'on oublie jamais. Ça reste gravé.
L'un des SS m'a arrachée à ma mère, l'a prise par le bras et l'a tirée vers la sortie. Mon frère a couru jusqu'à elle après avoir abandonné la chaleur des bras de mon père pour se camoufler dans ceux de ma mère.
Sans un mot, et après avoir pillé notre argenterie, les deux SS partirent, mon frère et ma mère entre eux ; sans même avoir pris le temps de refermer la porte. J'entends encore mon frère chuchoter à ma mère : "J'ai peur".
Oh mon Dieu, que ça fait mal...
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