Carly
Carly Rodrigues émerge brutalement de son sommeil. L'obscurité de sa chambre est encore épaisse, Il lui fallut quelques secondes pour comprendre pourquoi elle a été tirée du lit si soudainement. Puis, elle réalise enfin : elle est en retard. Elle jette un coup d'œil à son réveil digital : les chiffres rouges brillants affichent un impitoyable 6h45. Un flot de panique la submerge. C’est son premier jour à la NASA, elle s'est promis d'arriver bien avant l’heure prévue pour faire la meilleure impression possible.
— Putain de merde ! s'écrie-t-elle en repoussant brutalement les couvertures et en bondissant hors du lit.
Son appartement, situé dans un quartier résidentiel calme de Houston, est encore plongé dans la pénombre du matin. Carly se précipite vers la salle de bains, trébuche sur une pile de livres qu'elle a laissée par terre la veille. Elle ouvre la porte d'un coup sec, se dirige directement vers le miroir et allume la lumière, qui éclaire immédiatement son visage marqué par la fatigue. Son reflet lui renvoie l'image d'une jeune femme de 27 ans, les cheveux noirs en bataille, les yeux cernés, encore à moitié engourdie par le sommeil. Elle plisse les yeux, fronce les sourcils en s'approchant du miroir. Elle n'a pas le temps de se soucier de son apparence, mais elle ne peut s'empêcher de se critiquer intérieurement.
— Hey ma belle, réveille-toi ! Tu es une astronaute maintenant, Carly. Tu vas partir à la conquête de l'espace, baby, crie-t-elle à elle-même avec un grand enthousiasme.
Elle se douche en vitesse, laisse l'eau chaude la réveiller complètement. Les gouttes d'eau glissent sur sa peau bronzée, emporte avec elles les vestiges de la nuit. La jeune femme repense aux sacrifices qu'elle a dû faire pour arriver là où elle en est : des années d’études intensives, des entraînements physiques rigoureux chaque jour, des relations mises à mal par son dévouement au travail et à l'acharnement. Mais tout cela en a valu la peine pour atteindre son rêve de toujours : devenir une astronaute. Une fois sortie de la douche, elle enfile en vitesse une chemise blanche bien repassée, un pantalon noir ajusté, et un blazer sombre. Elle noue ses cheveux en une queue de cheval rapide, ne prenant même pas le temps de se maquiller, puis se dirige vers la cuisine. Là, elle attrape une barre protéinée et une pomme qu'elle fourre de façon abrupte dans son sac en cuir noir, tout en jetant un coup d'œil anxieux à l'horloge murale. 7h02. Elle doit être à la NASA dans moins de trente minutes.
— Connerie d'arlame ! Si seulement j'avais mis ce fichu réveil à sonner plus tôt... » marmonne-t-elle en se précipitant vers la porte d’entrée.
Elle se saisit de ses clés sur la petite table de l'entrée, enfile ses chaussures et ouvre la porte d’un geste rapide. L'air frais du matin la frappe, Carly frissonne légèrement lorsque le vent matinal vient mordre les pores de sa peau. Le soleil se lève tout juste, le ciel se teinte de nuances rosées et dorées, mais Carly n’a pas le temps de profiter du spectacle. Elle se précipite vers sa voiture, une petite berline grise, stationnée devant l’immeuble. Elle s’installe rapidement derrière le volant. Sa main tremble légèrement lorsqu'elle insère la clé dans le contact. Le moteur rugit, le calme du quartier se brise instantanément. Carly observe son reflet dans le rétroviseur. Elle inspire profondément, tente de calmer ses nerfs.
— Allez ma belle, tu peux le faire », dit-elle pour elle-même, avant de prendre une autre grande inspiration.
Elle démarre en trombe, quitte le parking en surveillant l'heure sur son tableau de bord. Les rues de Houston sont encore relativement calmes à cette heure matinale, ce qui lui permet d’accélérer un peu plus que d’habitude. Tandis qu'elle roule vers sa destination, son esprit se met vagabonder, malgré son stress. Depuis toute petite, elle est fascinée par l’espace. Ses parents se souviennent encore de ses nuits passées à regarder les étoiles à travers un télescope, alors qu'elle n’était qu'une enfant. C'est ce rêve d'explorer l'inconnu qui l'a poussée à persévérer, à surmonter les obstacles qui se dressent sur son chemin. Elle se souvient encore du jour où elle a reçu la lettre d'acceptation de la NASA, il y a quelques mois. C'était le moment le plus heureux de sa vie.
Le trajet vers le centre spatial est habituellement une simple formalité, mais aujourd'hui, les feux rouges, les ralentissements dans la circulation lui semblent être des obstacles insurmontables. Elle se maudit intérieurement pour ne pas s'être levée plus tôt, pour ne pas avoir pris plus de précautions. Carly essaie de se calmer : elle ne pouvait pas arriver au centre dans un état de panique. Elle se rassure en répétant mentalement les instructions qu’elle a reçues. Son premier jour est principalement consacré aux formalités administratives, aux présentations et à une visite du centre. Elle va rencontrer ses nouveaux collègues, découvrir l’endroit où elle passera les prochaines années de sa vie, et surtout, elle ferait enfin partie de cette élite sélectionnée pour explorer l’espace. Mais cela n'atténue pas son anxiété.
Finalement, elle aperçoit les bâtiments emblématiques du Johnson Space Center se profiler à l’horizon. Une vague de soulagement l’envahit, même si elle a encore très peu de temps pour arriver à l’heure. Carly entre dans le parking réservé au personnel. La jeune femme balaye du regard les nombreuses voitures déjà stationnées. Elle se gare rapidement, coupe le moteur, s'empresse de sortir de la voiture. Le sac sur l'épaule, elle court vers l'entrée du bâtiment principal, un complexe moderne de verre et de métal qui reflétait la lumière du matin.
En passant les portes automatiques, elle est accueillie par un hall spacieux et lumineux, décoré de panneaux informatifs et de modèles réduits de navettes spatiales suspendus au plafond. Elle pose son regard sur une immense fresque murale représentant l’histoire de la conquête spatiale, depuis les premières missions Apollo jusqu’aux projets futurs. Mais Carly n'a pas le temps de s'attarder sur les détails. Elle se dirige vers l'accueil, où une femme en uniforme de la NASA l'attend.
— Carly Rodrigues ? » demanda la femme avec un sourire aimable.
— En chair... et en os, répond Carly, légèrement essoufflée.
— Parfait, suivez-moi, je vais vous emmener à la salle de briefing », répond la femme en se levant de son siège. Vous avez quelques minutes d'avance. Pas de panique, tout va bien se passer.
Carly hoche la tête en silence, tentant de cacher son soulagement.
— Haha ! Moi qui croyait être en retard... tant mieux !
Elle suit de près l’employée à travers un dédale de couloirs immaculés, leurs pas résonnent sur le sol en carrelage. L'odeur du désinfectant flotte dans l'air, mêlée à une légère note de café provenant d'une salle de repos voisine. Alors qu'elles s'approchent de la salle de briefing, Carly sent son estomac se nouer. Le moment est crucial, que tout ce qu'elle a accomplie jusqu'à présent l'avait menée à cet instant précis. Elle inspire profondément une dernière fois, fait tout pour calmer ses nerfs, avant de pénétrer dans la pièce. La grande salle de briefing est déjà remplie d'autres recrues et membres du personnel. Des visages jeunes, enthousiastes, tous vêtus de l'uniforme standard de la NASA. Ils discutaient à voix basse, parcouraient des dossiers ou tapaient nerveusement sur leurs tablettes. À l'avant de la salle se tient un homme d'âge moyen, les cheveux grisonnants, vêtu d'une combinaison de vol. Il regarde Carly entrer, lui adresse un sourire professionnel.
— Mademoiselle Rodrigues, je présume ? dit-il en s'avançant pour lui serrer la main. Bienvenue à la NASA. Je suis le commandant Hendricks, responsable de votre formation.
Carly serre la main qu'il lui tend, elle sourit nerveusement .
— Merci, c'est un honneur d'être ici, Commandant.
Hendricks hoche la tête et désigne un siège libre au premier rang.
— Installez-vous, nous allons bientôt commencer.
Carly s’assoit, pose son sac à ses pieds. La jeune recrue sent une excitation nouvelle monter en elle. Elle jette un coup d'œil autour de la salle, observe ses futurs collègues : ils sont tous aussi nerveux et impatients qu'elle. C'est un nouveau départ pour elle, une nouvelle aventure. Elle est prête à relever le défi. Tandis que le commandant Hendricks entame son discours d'ouverture, Carly réalise que, malgré son retard initial et le stress qui l'a accompagnée, elle est exactement là où elle devait être. Les mots du commandant résonnent à travers la salle, mais dans son esprit, une seule pensée prédomine : c'est le début d'un rêve devenu réalité.
Elle prend une grande inspiration, se concentre sur ses mots, prend note sur des détails. À partir de ce moment, Carly Rodrigues n'est plus une recrue. C'est désormais une astronaute. Et sa mission débute aujourd'hui.
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