Flashback #1

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 La peur... elle m'habite depuis toujours, s'infiltrant dès les premiers souvenirs de mon enfance. Alors que d'autres enfants riaient autour de jeux innocents, s'échangeaient des cartes Pokémon, sans se soucier du monde qui les entourait, moi, je m'éloignais. Je me réfugiais dans un monde imaginaire, un lieu secret, façonné pour m'abriter d'une réalité qui me semblait trop lourde, trop sombre, bien avant même que je puisse en comprendre le poids.

J'avais des amis à cette époque, mais la première, la plus chère, s'appelait Chloé. Nous nous étions promis, comme un serment gravé dans le marbre, de rester ensemble jusqu'à la fin de nos vies. Chaque week-end, chaque vacance, c'était elle et moi. Ce que j'aimais le plus, c'était la douceur de ses parents, cette bienveillance qui illuminait leur maison. Je me souviens des après-midis d'hiver, où nous savourions des chocolats chauds débordant de marshmallows, tandis que le froid s'abattait dehors. Avec elle, je pouvais être libre, partager mes rêves d'enfance et goûter à l'innocence sans retenue.

Mais tout a basculé. Chloé est partie, comme un souffle qui s'échappe, lors de ma dernière rentrée en élémentaire. Nos promesses, nos rires, tout s'est effacé, emporté comme ce train qui l'emmenait loin de moi, à plus de 800 kilomètres.

À cette époque, comme tant de petites filles, je rêvais d'un mariage parfait, de l'arrivée de mon 'prince charmant', de cette histoire d'amour qui rend la vie plus belle. Je m'imaginais dans une robe blanche, marchant lentement dans une église parée de branches fleuries, avançant vers ce bonheur éternel que je croyais exister. Je voulais, comme mes parents, découvrir cet amour qui traverse le temps et guérit toutes les blessures.

Jamais je n'aurais pu imaginer que quelques années plus tard, ce 'prince' n'aurait rien de charmant, qu'au lieu de m'envelopper de douceur, il m'envelopperait de ténèbres. Mathias, tu n'as pas seulement brisé mes rêves d'enfant ; tu as éteint une lumière en moi, détruit mon innocence et piétiné ce rêve .


Quand Chloé est partie, la solitude s'est glissée dans ma vie, silencieuse mais oppressante, et j'ai commencé à comprendre ce vide qui grandissait en moi. C'est alors que je me suis plongée dans la littérature jeunesse, comme on s'accroche à une bouée. Mon premier roman fantastique est devenu un refuge, un monde où j'aurais aimé vivre pour échapper à cette pression insidieuse, à cette peur constante de l'autre. Merci, Harry Potter, d'avoir été mon échappatoire pendant toutes ces années. Tu as allégé mon fardeau, mais même toi n'as pu guérir les blessures invisibles qui me rongeaient en silence.

J'ai choisi de me battre pour ma vie, malgré les premières crises d'anxiété qui m'ont assaillie à mon entrée au collège. J'étais déterminée à résister, à préserver ce qu'il me restait de lumière. Mais jamais je n'aurais imaginé que, une fois encore, mon innocence serait brisée, cette fois de manière irréparable. Même des années plus tard, cette fissure demeure, profonde et béante, comme une plaie que rien ne parvient à refermer.

Au fond, la peur a toujours fait partie de ma vie d'enfant, s'infiltrant dans chaque instant du quotidien. Ce sentiment, que chacun est censé connaître, m'était étrangement plus réel, plus oppressant, et avec le temps, il n'a fait que grandir, s'épaissir. La peur de l'abandon, de la solitude, de ne jamais être assez, de l'amour lui-même... puis, plus récemment, la peur de la vérité. Elles sont devenues des ombres qui me suivent, des présences qui ne me laissent jamais en paix.

"Alors, dis-moi, Alice du passé. Je sais que tu as connu des moments de bonheur, que ton innocence t'a protégée, un temps, du monde qui t'entourait. Mais si je n'avais pas croisé certaines personnes, si je n'avais pas accepté certaines vérités... les choses auraient-elles pu être différentes ? Aurais-je été plus heureuse ? Ou, quoi que j'aie tenté, le destin m'aurait-il toujours rattrapée ?

Parfois, je me plais à m'imaginer comme un océan : fort, indomptable, libre de déchaîner mes vagues sans craindre les conséquences, écrasant tout sur mon passage. Un océan qui se sait invincible face à ceux qui osent le défier. Mais la vérité, c'est que je ne suis que moi, vulnérable, face à cette question qui reste sans réponse depuis trop longtemps : pourquoi ?"

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