Journal de Matthew

2 minutes de lecture

« Maat, Maat. »


Ces syllabes traînantes résonnent, encore, dans mon crâne. Pourtant cela fait longtemps qu’elle ne peut plus les hurler. Parfois, j’ai l’impression qu’elle va ressortir de sa tombe pour de nouveau jouer avec moi.

Je dois me reprendre. Elle ne peut plus m’atteindre.

Oublier ce passé. Me reconstruire. Me focaliser sur mon présent, sur l’avenir.

« Maman, non, maman… Pas dans le placard. Je promets, je serais sage. Maman. »

Andrew me tend un croc-en-jambe, je m’affale sur le carrelage qui glace mon visage.

Elle me traîne par les pieds, telle une serpillière, tandis que John me déverse un seau d’eau. Tel une anguille, je me débats ; comme un poisson hors de l’eau, ma respiration est saccadée. Steeve me donne des coups de poings sur l'abdomen tandis que le placard se rapproche. D’un violent coup, elle l’ouvre et me jette à l’intérieur, après m’avoir remis debout.

Obscurité totale. Le néant, l’humidité et le froid m’enveloppent. Plus de repère temporel. Des couinements me parviennent. Ils se rapprochent. Ils viennent pour moi. Une nouvelle fois, lorsque je m’écroulerais de fatigue, ils se promèneront sur mon torse, mes jambes. Poseront leurs sales pattes, enfonceront leurs griffes, m’arracheront des morceaux de peau, gratteront mes oreilles avant leurs hurlements stridents.

Un nouveau matin se lève.

Qu’ont-ils prévu cette fois ?

J’avais laissé des blancs exprès, je savais que je m’en sortirais.

Je dois, certes, me reconstruire, toutefois, je dois laisser des preuves écrites de ce qu’ils m’ont fait subir. Et laisser un message d’espoir : toutes les victimes ne deviennent pas coupables. Ni aigries. C’est trop facile d’évoquer pour excuse, la maltraitance afin de commettre des actes monstrueux. Je suis la preuve vivante que l’on peut passer du bon côté de la barrière malgré les atrocités endurées.

Je mets ce journal à votre disposition pour que vous gardiez espoir. Croyez en vous, vous pouvez vous sortir de toutes sortes de situations, même si par moments, elles vous semblent insolubles.

Je serais là pour vous aider. Votre phare dans la nuit.

Ne franchissez pas la ligne jaune, sinon je serais obligé d’intervenir et vu mon enfance, il vous sera difficile de me convaincre de la rudesse de votre existence.

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