Parti de zéro 

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Le royaume de Camelote, prospère berceau de l'union des cinq royaumes les plus puissants du monde, était régi par des lois impitoyables, des lois qui creusaient le fossé entre les privilégiés et les oubliés.

C'est dans cet univers impitoyable que vivait Kaen, un jeune homme de vingt ans hanté par un passé tragique. La guerre avait emporté sa famille, le laissant seul, brisé, à la dérive dans une mer de désespoir.

Son apparence reflétait son âme meurtrie. Un corps maigre et chétif, à peine enveloppé dans des vêtements usés et délavés. Des cheveux ébouriffés et gras, des yeux jaunâtres et éteints. Son odeur corporelle trahissait une hygiène négligée, signe d'une existence misérable.

Il errait dans les rues, cherchant à survivre en acceptant les pires emplois, juste pour obtenir un morceau de pain rassis.

Ce jour-là, le marché de Zondolph grouillait de vie. Kaen, espérant trouver un travail occasionnel, était plongé dans ses pensées sombres. Soudain, une voix rauque et pleine de mépris le tira de sa rêverie.

"Eh ! Le poisseux, regarde ici quand je t’appelle !"

s'exclama Gronh, un chevalier du royaume, connu pour sa haine injustifiée envers Kaen.

"Ce marché est sacré, et tu n'as rien à faire ici. Tu amènes la poisse partout où tu passes, alors va t'en !"

Gronh, possesseur d'une compétence de feu, déchaîna un torrent de flammes sur Kaen, le brûlant et le laissant nu devant la foule moqueuse. Kaen, désemparé, s'enfuit en courant, cherchant à échapper à l'humiliation.

"Snif… snif… pourquoi moi ? Pourquoi suis-je maudit ? Pourquoi !?"

sanglotait-il, les larmes coulant sur son visage,

"Mieux vaut la mort…"

Essayant de se protéger de la nudité, il se cogna contre un objet dur et métallique. En relevant la tête, il se retrouva face à trois hommes, fiers et arrogants. Leurs blasons et leurs armures flamboyantes annonçaient leur statut : les chevaliers sacrés. Le Verseau, le Capricorne et le Taureau. Malheur à lui, il avait heurté l'armure du Chevalier Sacré du Taureau, célèbre pour sa cruauté.

"Alors comme ça, on se permet de me salir ?!" rugit le Chevalier Sacré du Taureau, "Minable insecte, je vais te corriger !"

"Il mérite une sanction digne de ce nom," intervint le Chevalier Sacré du Verseau.

"Je veux bien m'amuser moi… hihi," ricana le Chevalier Sacré du Capricorne.

Leur regard, empreint de mépris et de haine, ne laissait aucune place à la pitié.

Le Chevalier Sacré du Taureau, dans un geste cruel, jeta Kaen au sol et lui écrasa la tête avec son pied.

"Demande pardon en léchant mes chaussures, petit rat !"

se moqua-t-il, ses deux compagnons riant à gorge déployée.

Soudain, une voix féminine douce et calme interrompit leur brutalité.

"Eh, Garado, Joe, Drendol, le roi vous convoque !"

Les trois chevaliers, déçus de voir leur spectacle interrompu, se levèrent et s'en allèrent sans un mot, laissant Kaen à sa triste et amère destinée.

Les Chevaliers Sacrés, au nombre de douze, étaient les guerriers les plus puissants du royaume. Ils étaient les gardiens de Camelote, protecteurs du roi et de la famille royale. Chacun d'eux incarnait un signe du zodiaque, et leur pouvoir était immense.

La jeune femme s'approcha de Kaen, qui était toujours au sol, la tête baissée.

"Allez, vous en, ou alors non, tuez-moi une fois, j'en peux plus, j'en peux plus de cette humiliation," sanglotait-il.

"Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? Je ne vais pas te faire de mal ni te tuer. Ce n'est pas mon devoir en tant que Chevalière Sacrée," répondit la jeune femme.

"Vous en êtes sûre ? Ça ne vous dégoûte pas de me voir et de m'agresser la parole ?" demanda Kaen, essuyant ses larmes.

"Non, pas du tout. Tu es un humain à part entière. Tu as autant de valeur que moi," répondit la chevalière sacrée avec un sourire chaleureux.

Kaen se sentit flatté, même si cela ne ressemblait à rien de spécial pour elle. C'était la première fois que quelqu'un lui disait cela.

"Allez, lève-toi et suis-moi," lui dit-elle.

Kaen, se sentant soudainement encouragé, se leva et la suivit.

"En fait, moi c'est Elisabeth, Chevalière Sacrée du Poisson. J'ai été affectée dans cette région (Nord) avec le Chevalier Sacré de la Vierge. Les autres qui te faisaient du mal ont été affectés ailleurs par le roi Arthur lui-même," expliqua Elisabeth.

"Ah d'accord… et où m'emmenez-vous ?" demanda Kaen.

"Nous allons dans mes locaux. Je vais prendre soin de toi. Tu as l'air d'en avoir besoin," répondit Elisabeth avec une gentillesse surprenante.

Kaen se sentit tellement bien, tant d'attention, il ne l'avait plus ressenti depuis des années. Cette sensation d'être important, d'avoir de la valeur aux yeux de quelqu'un, le submergea.

Ils arrivèrent dans les locaux d'Elisabeth, un grand manoir orné de décorations somptueuses et raffinées, des motifs de poissons symbolisant la présence de cette chevalière majestueuse.

Kaen fut émerveillé et en même temps gêné par tout cela. Lui, une personne insignifiante, se trouvait en présence de l'une des personnes les plus importantes du royaume.

"Svp, prenez soin de lui, habillez-le et donnez-lui à manger et à boire," ordonna Elisabeth à ses employés.

"D'accord maîtresse," répondit un homme corpulent, semblant être son majordome.

L'homme s'approcha de Kaen et lui dit d'un ton sec: "Suivez-moi monsieur."

L'homme prit soin de Kaen, le conduisant à une douche, chose dont Kaen était très émerveillé car il ne s'était pas lavé depuis des mois. Ensuite, on lui offrit des vêtements neufs, bien repassés et qui sentaient bon. Kaen était ébloui par ce changement soudain et inattendu.

Une fois habillé, on l'emmena dans la salle à manger où un festin somptueux l'attendait. Des plats d'entrée, de résistance, de dessert, et un jus de fruit frais.

Kaen attaqua le repas avec une voracité déconcertante. Il mangeait comme un ours affamé, comme s'il n'avait pas mangé depuis des lustres. Soudain, il s'arrêta, remarquant les regards qui se posaient sur lui. Un peu gêné, il esquissa un sourire timide.

"Désolé, j'ai pas mangé comme ça depuis des lustres," murmura-t-il.

"T'inquiète fiston, je te comprends. Nous te comprenons tous. Dame Elisabeth est une dame de cœur," dit une vieille dame avec un sourire compatissant.

Dans ce domaine, tout le monde jurait par Elisabeth. Elle avait l'air d'être une très bonne personne, une âme charitable.

Mais le calme ne dura pas longtemps. Une pression lourde et menaçante envahit l'atmosphère. Une aura puissante et suffocante se fit sentir, plongeant les plus faibles dans une panique totale.

Ignis, l'un des Grands Dragons, sous sa forme humaine, entrait dans le manoir.

Il s'approcha de Kaen, le fixant avec un regard froid et glacial.

"Eh, le raté, qu'est-ce que tu fiches ici ?" grogna Ignis.

Kaen, pris de panique par la pression imposante d'Ignis, ne trouva pas ses mots.

"Dé… dé… dé…" balbutia-t-il.

"Dé quoi !? J'ai un peu envie de m'amuser. Qu'est-ce que tu penses, le raté ?" se moqua Ignis.

Il créa une épée de feu sur place et la lança à Kaen.

"Allez, amusons-nous… avec cette épée, je vais te laisser m'attaquer. Si tu parviens à me toucher, alors tu pourras rester. Dans le cas contraire, tu meurs," dit-il, esquivant un sourire sadique.

"Je… je… je peux pas. Je sais pas me servir de ça," répondit Kaen, terrifié.

"Allez, fais pas ta mauviette ! Montre-moi ce que t'as dans le ventre, hein… en plus d'être un raté, t'es une poule mouillée ?"

se moqua Ignis, se préparant à déchaîner sa fureur sur Kaen.

"Non, je peux pas," murmura Kaen, la voix tremblante, les yeux fixés sur l'épée de feu qui brillait de mille feux, projetant des reflets rougeoyants sur son visage pâle.

Ignis, les lèvres ourlées d'un sourire cruel, se pencha vers lui, son regard perçant comme des braises incandescentes.

"Puisque tu veux être stimulé, nous savons bien que t'es un batard poisseux. À cause de ta poisse, toute ta famille est morte. Si tu n'es pas encore mort, c'est juste parce que même la mort n'en veut pas de ta poisse divine. T'es un raté. Je suis sûr que de la haut, ta maman regrette d'avoir mis un tel batard au monde. Péché gaspillé..."

Chaque mot d'Ignis, lancé avec une froideur glaciale, était comme un couteau qui s'enfonçait dans l'âme de Kaen. Le sang de Kaen bouillonnait dans ses veines, ses émotions se mélangeaient, l'obligeant à serrer les poings. Une colère bouillonnante, semblable à une lave en fusion, montait en lui, menaçant d'exploser.

"Ne... ne... ne parle plus jamais de ma mère comme çaaaaaaa!!!" hurla Kaen, les yeux injectés de sang, la voix rauque et déchirée par la fureur.

Soudain, il se jeta sur Ignis, tel un fauve affamé, l'épée de feu dans la main, le cœur battant à tout rompre. La vitesse de ses mouvements était déconcertante. Il avait l'air d'un éclair, d'une force incontrôlable, d'une puissance dévastatrice.

Dans l'air, une voix résonna, un murmure profond, un écho étrange. " // Compétence passive activée, compétence No Diff... // "

L'air autour de Kaen s'épaissit, une énergie palpable se déployant comme une vague. Ignis, pris au dépourvu, sentit un choc violent le traverser, une force incontrôlable le soulevant de terre.

Avant même que Kaen ne comprenne ce qui se passait, Ignis fut projeté à travers la pièce, il heurta le mur du manoir avec une violence inouïe, s'écroulant au sol, son corps brûlant et brisé.

Un silence assourdissant s'abattit sur la pièce. L'épée de feu tomba au sol, brillait faiblement, comme une étoile filante. L'attaque du jadis raté, Kaen, avait terrassé Ignis, l'un des dix grands dragons.

La voix du monde « //puissance, force, pouvoirs et compétences du grand dragon Ignis transféré à l’humain Kaen avec succès// »

Les lois de ce monde étaient implacables. Tout humain qui parvenait à tuer un des dix grands dragons héritait de toute sa puissance, de sa force, de ses pouvoirs et de ses compétences.

Kaen, le cœur battant à tout rompre, recula d'un pas, jetant un regard terrifié sur ses mains, le regard vide, les yeux fixés sur les étincelles de feu qui scintillaient sur ses doigts.

"(Non, non, non, qu'est-ce que j'ai fait ? Comment je l'ai fait ? C'est impossible...)" murmura-t-il, le corps tremblant.

Kaen ne le savait pas encore, mais sa vie allait changer à jamais.

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