Chapitre 2 (1/2)

5 minutes de lecture

 Le temps était plutôt gris ce matin, les nuages empêchaient le soleil d'éclairer la terre de ses rayons. Le vent, quant à lui, soufflait fort et faisait se courber les arbres, leurs feuilles virevoltant droit vers le sol. Le ciel grondait de toutes ses forces, comme s'il venait de vivre une peine de cœur, criant sur tous les habitants son malheur. Ceux-ci n'osaient pas s'aventurer à l'extérieur, ils avaient trop peur de se mouiller ou de se faire embarquer leur chapeau loin d'eux. C'était bien un temps à rester chez soi : avec un bon chocolat chaud entre les mains, réchauffant délicatement les doigts, assis dans le canapé à regarder une série à l'eau de rose.

 Ce climat reflétait parfaitement l'état d'esprit et l'humeur de Marie : morose et triste. Elle avait encore du mal à digérer la soirée de la veille, elle qui pensait passer un moment inoubliable avait assister à un désastre monumental. Thomas était rentré au pas de course et était directement partit se coucher, sans l'attendre. Au réveil, il n'était déjà plus là. Fuir plutôt qu'agir, sa grande devise. Le seul signe de vie qui lui avait été laissé était quelques SMS qu'il avait dû envoyer avant de partir.


Ne m'attends pas à midi, j'ai des réunions, je ne pense pas être revenu à temps pour partager ce moment avec toi.

Désolé...

Je t'aime ♥


 C'était une habitude chez lui de ne pas rentrer pour le repas du midi, ou même pour celui du soir. Marie lui préparait souvent un Tupperware remplit d'un repas qu'elle avait préparé avec amour et passion, alors qu'elle mangerait certainement un sandwich acheté dans la boulangerie du coin. Il y avait tout de même une amélioration, ça faisait très longtemps qu'il ne lui avait pas dit ou écrit qu'il l'aimait, et elle ne l'avait pas vu s'excuser de quoi que ce soit depuis belle lurette. Marie était donc partie pour son travail l'âme triste et brisée, mais avec une petite lueur d'espoir.

 La banquière n'avait pas de rendez-vous prévu pour la matinée. Ça allait donc être une journée très calme, pendant laquelle elle n'aurait pas grand chose à faire. Elle était une femme très organisée et rigoureuse, jamais un dossier n'étais laissé de côté ou oublié, tout était fait en temps et en heures. Marie se mettait facilement à la place de ses clients, elle n'aimerait pas attendre des jours et des jours pour avoir une réponse, alors elle faisait de son mieux pour aller le plus vite possible. Dans le doute, ses mains pianotèrent sur les touches du clavier, mais il n'y avait rien à faire, tous ses dossiers, demandes de crédits et ouverture de compte avaient été effectuées.

 L'agence était totalement vide de monde, sûrement effrayé par les quelques gouttelettes qui risqueraient d'abîmer leur brushing, si on ne comptait pas celles qui venaient retirer de l'argent. Marie adorait les observer, c'était assez distrayant, voir leur visage se crisper alors qu'ils composaient leur code, pour ensuite libérer toute la pression lorsque les billets sortaient du distributeur.

 Une main poussa la porte de l'agence, laissant apparaître une silhouette carrée et musclées. L'inconnu avait de longs cheveux bruns qui lui tombaient sur les épaules, l'odeur de son parfum vint titiller ses narines, la transportant dans un autre monde. Elle ne put détourner le regard, se retrouvant à fixer bizarrement et intensément le jeune homme qui venait d'entrer. Il avait de larges épaules rassurante dans lesquelles elle aurait voulu se blottir pendant une heure ou deux, des bras si forts qu'ils seraient près à déplacer des montagnes. Des millions de frissons parcoururent son corps, terminant leur course dans son bas-ventre, la faisant frémir de désir. Elle se laissa aller à s'imaginer nue dans son agence à ses côtés, allongée sur son bureau alors qu'il serait derrière elle à montrer toutes les étendues de sa force. Elle ferma quelques instants les yeux pour mieux imaginer la scène. Lorsqu'elle les ré-ouvrit, les pupilles du bel inconnu croisèrent ceux de la jeune banquière en transe, il lui fit un doux clin d'œil suivit d'un sourire très séduisant. Elle gloussa, les joues rougies par l'excitation et regarda ailleurs. Pourquoi se mettait-elle dans un état comme ça face à un inconnu ? Elle avait Thomas, elle n'avait besoin de rien de plus.

 Un mouvement inattendu la sortie de ses pensées, ce qui lui permit de chasser ces idées indignes de la femme fidèle qu'elle était, quelqu'un attendait à l'accueil de l'agence. De son bureau, elle eue du mal à discerner les traits de cette personne, qui ne lui semblaient pas inconnue. Voyant qu'aucun employé ne se déplaçait pour recevoir la cliente, elle se dirigea vers elle. Elle découvrit une femme de taille moyenne avec de jolies formes bien dessinées, une poitrine développée qui tenait à peine dans le bout de tissu qui la cachait, menaçant à chaque pas de s'enfuir. Sa chevelure était d'un roux éclatant, mis en valeur par une jolie coupe droite au carré, avec de petites bouclettes qui partaient dans tous les sens. Les yeux bleus de la jeune femme s'illuminèrent lorsqu'ils croisèrent ceux de la jeune banquière. Un sourire apparu sur le visage de celle-ci, semblant avoir oublié ce qu'il venait de se passer.

 — Alors ! Comment va la future Madame Vasseur ? dit la voix enjôleuse de Vanessa, avant de regarder plus attentivement son amie de lycée. Il faudra que tu penses à couper le chauffage dans ton bureau, tu es d'un rouge ma pauvre.

 — Vaness' ! Qu'est-ce que tu fais là ? s'étonna Marie, se dirigeant vers elle pour la prendre dans ses bras, ignorant totalement sa remarque.

 — Tu te fous de moi ? Tu n'as quand même pas oublié ?

 — Ne pas avoir oublié quoi ? demanda-t-elle en se reculant, tel un enfant sur le point de se faire gronder.

 — Marie ! s'énerva Vanessa en soupirant.

 — Je suis sincèrement désolée, j'ai tellement de choses à penser en ce moment...

 — On ne peut vraiment pas compter sur toi ! Heureusement que je suis venue, on t'aurait attendu ultra longtemps pour rien ! Bon, prends tes affaires, les filles nous attendent.

 Vanessa l'attrapa par le bras, l'entraînant avec elle hors de l'agence. Marie eu à peine le temps d'attraper ses affaires et de dire au revoir à ses collègues. Elles coururent toutes vers la petite Twingo jaune fluo de la jeune Vanessa, aussi extravagante que sa propriétaire, et elle roulèrent en direction du centre ville.

 — Et au fait, ta Saint-Valentin ? demanda Vanessa, tout en conduisant.

 — Catastrophique. Vraiment. Si on pouvait éviter le sujet avec les filles... Je n'ai pas très envie d'en parler...

 — Comme tu voudras...

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