(Bonus) Un moment de bonheur
Note de l’auteur : Merci à Mxel.Ticka (c’est très dansant comme pseudo) pour ce merveilleux défi, que je relève avec plaisir ! Revenant d’une longue pause - principalement à cause du travail, je profite des derniers jours de vacances pour m’avancer dans cette longue aventure de l’écriture ; et il n’y a pas meilleur qu’un défi pour se remettre dans le jus.
Ce texte est un essai d'expérimentation (pour une histoire non publiée : A wish for a normal life). En espérant que cela plaira, même si le contexte est laissé flou.
La pluie claquait sur les carreaux, violente et vivace. Tandis que le petit comité se pavanait dans la maison, entre les canapés et les quelques assises laissés à la guise des invités, quelqu’un se tenait à la fenêtre. Un verre à la main, un visage calme et pensif. Son regard semblait perdu dans la brume laissée par l’intensité de l’averse.
« Qu’est-ce que tu regardes aussi intensivement, Raiden ?
— Hum… ? »
Raiden se tourna vers la nouvelle figure. Grande et massive, bien plus grande et massive que lui. Sa stature paraissait être celle d’un géant, et Raiden s’émerveillait toujours, comme un enfant devant un super-héros, à le voir apparaître. Il avait l’impression de faire face à une espèce de barbare, mais bien plus agréable à regarder.
« La pluie, ça se voit pas. »
Sarcastique, mais léger, il laissa un rire s’entendre. Malgré le temps désastreux dehors, il était détendu. Ses yeux plongèrent dans la foule derrière, qui parlait, hurlait même et riait à poumons déployés. Personne ne semblait faire attention au monde extérieur. Ni à la météo d’ailleurs.
« Ça fait plaisir de te voir sourire.
— Oui, ça change. Ça change… »
Une lueur nostalgique se perdit sur son visage, alors qu’il observait une dernière fois les traces vagabondes de l’abat. Un souvenir lui rappelait quelque chose que sa mère aimait lui répéter. La pluie était l'œuvre des sirènes qui pleuraient pour les pauvres hommes. Et si quelqu’un venait à récupérer une jarre de leurs larmes, la buvait en une seule fois, il pouvait espérer une vie heureuse.
Un conte de fée qu’il aurait aimé se répéter pour espérer.
« Tu crois que les sirènes sont à l’origine des averses ?
— Quoi ? »
Évidemment, n’importe qui aurait été surpris d’entendre ça de la bouche de Raiden. Après tout, qu’est-ce qui venait de lui passer par la tête ? Raiden ne disait rien d’autre. Une main agrippa le géant à ses côtés, embarquant son cou quelques centimètres plus bas. Une voix ténor, aux sonorités mielleuses, surgit l’instant d’après.
« Arrête de flirter Ryuji ! Et venez manger !
— Nana, je… je ne flirte pas !
— Bien sûr que tu flirtes ! T’as tous les droits de le faire, après tout (elle lâcha un coup de coude dans les reins de Ryuji) c’est ton p’tit chéri.
— Nana ! »
C’était vrai. Tous les deux… Ensemble. Des mois plus tôt, Raiden n’aurait jamais cru ça, et Ryuji encore moins, qu’ils auraient été amoureux. Amoureux, le mot avait paru si étrange avant. Aujourd’hui, il en aimait la sonorité.
Comme une ombre, sa main se faufila entre les phalanges de cet amoureux. D’un mouvement ferme, il l’agrippa.
« Allons-y avant qu’ils ne s’impatientent.
— Rai... »
Ryuji paraissait comme un personnage intimidant, à première vue. La réalité était différente. Bien plus sensible qu’il aurait pu le croire. Raiden ne pouvait se retenir de rire quand il voyait son visage fondre sur ses actes imprévisibles de tendresse. Peut-être était-il trop sadique à son propre goût. Mais ce genre de visage était simplement trop parfait pour ne pas en profiter.
Il le guida à travers les espaces de la pièce, jusqu’à la grande table où tout le monde était posé. Différents plats étaient déposés, mélangeant tous les types de goût : du sucré au salé. En son centre, un énorme gâteau. Déformé, il représentait quelque chose, et Raiden ne put réellement dire quoi.
« C’est l'œuvre de… ? »
Développant sa phrase avec une certaine précaution, son regard roula sur les invités pour se poser sur Nana. Apparemment offusquée quand ses yeux s'agrandirent.
« Pas du tout ! Tu sais à quel point, je suis une experte. Arai ! C’est Arai le réalisateur de cette œuvre… magnifique. »
Arai, le grand méchant loup, le chef respecté et craint du Lycée Blue-Sky, venait de faire une pâtisserie ? Il eut un moment de silence, avant que le rire de Raiden n’éclate. Arai, posé contre le rebord de la porte, visage noire, se détacha de sa place pour agripper le couteau sur la table. Deux âmes se jetèrent sur lui, lui stoppant la route.
« Arai, calme-toi. Raiden pense pas à mal, c’est juste…
— Inattendu, Kanda. Tu peux dire inattendu. Et puis, l’apparence ne compte pas, si ?
— C’est toi qui parle, Masa ! Et puis, tu vas pas me dire que c’est le goût qui compte ? Vu la gueule du produit, si le goût est du même niveau, j’suis pas sûr qu’il reste grand chose à savourer.
— Raiden ! Putain, t’aides pas ! »
Les éclats de rire de Raiden ne s’arrêtaient pas, devant un Arai visiblement énervé, redoublant d’efforts pour passer le mur de corps. Les hurlements du groupe s’élevèrent encore plus haut. En une fraction de seconde un chaos de mots et de gestes démarra. Kanda et Masahiko retenaient leur ami, pendant que Ryuji s’était interposé entre eux et Raiden (qui ne semblait n’avoir besoin d’aucune aide de son côté).
« RYUJI VA SE PROPOSER À RAIDEN ! »
La révélation stoppa le comité dans leur élan.
« C’est vrai, Ryu ? demanda Kanda, oubliant de retenir un Arai tout aussi surpris.
— Comment ça tu l’as pas dit à ton ami préféré ?
— T’es loin d’être mon ami préféré, Masa, lança Ryuji sous le ton de l’humour. Et oui… Ça devait être un secret… mais… Nana ne sait pas tenir quelque chose secret. »
Les rires de Raiden avaient disparu. Une légère tension naquit dans l’air alors qu’il restait silencieux. Arai recula. Il reposa le couteau sur la table avant de repartir à sa place initiale, plus intéressé par le nouveau drama.
Avant que Raiden ne puisse dire quoique ce soit, ou même Ryuji, la sonnette retentit. Le comité resta dans le silence pendant quelques secondes, ne sachant réellement comment réagir.
« Oh ! Ça doit être Yasuhiro ! Je, je vais ouvrir ! »
Nana disparut de la pièce.
« Alors comme ça, tu penses au mariage ? Lança abruptement Raiden. »
Pris de court, Ryuji ne dit rien. Nana revint avec un autre visage. Yasuhiro ressemblait comme deux gouttes d'eau à Raiden, et il aurait pu être confondu avec lui si les traits de son visage étaient autant intimidants. Mais Yasuhiro avait toujours une expression douce, et un sourire agréable au coin des lèvres.
« Oh… Je vois qu'ils sont au courant. Cela dit, j’ai la bague ! déclara avec joie Yasu, qui sortit de son sac un petit boîtier esthétique. »
Raiden lança un coup d'œil vif à son frère, avant de rabattre violemment ses yeux sur Ryuji. Un silence perturbant s'ensuivit.
« J’espère que t'as pris la bonne taille, finit par dire Raiden. »
L'expression autrefois dure de son visage se radoucit. Et le petit comité commença à respirer de nouveau.
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