A méchant, Méchant et demi

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Le vieux Seigneur du mal s'adressa au plus jeune :

- Bon, si je t'ai convoqué pour cette réunion…

- Holà, je t'arrête tout de suite, c'est moi qui ai bien voulu venir, tu ne m'as pas convoqué du tout.

- C'est bon, on ne va pas commencer à jouer sur les termes, on s'en sortira jamais. Donc si j'ai voulu cette réunion, c'est parce que j'ai eu vent, par mes espions, de tes intentions pour les Terres d'Erault.

- Oui, je veux les détruire. Ce n'est absolument pas un secret.

- Voilà, c'est un peu-là mon problème. Tu vois, il y a peu, j'ai commencé à mettre en place mon plan pour conquérir le monde, et je pense qu'il va y avoir un conflit dans nos plannings. Nous sommes ici, tous les deux, pour en discuter comme des gentlemen.

- Ne m'insulte pas s'il te plaît avec ton gentleman. Je suis un gros enfoiré, et j'assume totalement. L'empoisonnement du village de Dursilla, c'est bibi qui en est à l'origine, alors que j'aurai pu simplement tout raser, mais j'ai voulu les voir mourir en s'étouffant dans leur sang, juste pour rigoler.

- C'est d'ailleurs un truc que je ne comprends pas. Tu veux toujours tuer tout le monde. C'est bien plus grisant de les soumettre, et les réduire en esclavage. Crois en mon expérience. J'ai vingt-deux tentatives de conquête du monde derrière moi, dont trois qui ont été à deux doigts de réussir.

- Donc je compte vingt-deux échecs pour vingt-deux tentatives, et tu voudrais me faire la leçon ?

- Beh, je suis un Seigneur du mal, en tant que tel, je ne peux pas gagner.

- C'est pour ça que tu échoues. Tu te dis être super puissant, mais tu dis aussi que tu vas perdre. Les deux ne vont pas ensemble. Du coup, tu ne mets pas en place ce qu'il faut pour y arriver.

- Bah, vas-y, puisque tu es si malin, donne-moi ton plan et dis-moi pourquoi j'échoue ?

- Je ne suis déjà pas stupide au point de révéler mon plan à tout le monde. Ensuite, tu es beaucoup trop classique. Avant de me lancer dans mon grand plan pour détruire le monde, j'ai regardé certaines de tes tentatives. Par exemple, celle avec ton inverseur à flux de polarité. Plan génial. Tu arrives même à capturer le héros.

- J'en suis assez fier.

- Nan, c'est nul. Zéro. Première erreur, la capture du héros. Tu le veux mort, pas vivant. Et la seconde, encore pire, tu lui donnes une dernière cigarette. Et forcément, là, ça capote. Sa saloperie de singe a eu le temps de le libérer, puis cet enfoiré a réduit tes plans à néant, puisque tu lui a tout exposé juste avant son exécution, comme un gros débile. Depuis quand on donne son plan à son ennemi ?

- C'est ce qu'on a toujours fait jusqu'ici.

- Et ça te surprend que ça ne fonctionne jamais. Tiens, là, est-ce que j'ai dit que je comptais choper tous les pouvoirs des anciens esprits, et utiliser leurs pouvoirs pour détruire le monde ? Nan, je ne dis pas ça. D'ailleurs, je ne dis rien, je ne suis pas bavard.

- Je vois ça.

- En plus, pour ton plan, ils sont beaucoup trop nombreux pour les gouverner tous. Il faut réduire leur nombre avant, et seulement après, tu en fais tes esclaves. C'est ce que je compte faire. Je détruis tout, je deviens Dieu, et après je les soumets. Exposer ses plans, faut vraiment être un gros nul, mais ça, c'est tout vous, l'ancienne génération, il faut toujours que vous parliez encore et encore. Non, on agit d'abord. Après on parle.

- Pourtant, nous, l'ancienne génération des Seigneurs du Mal, on a monté certains plans pas trop mal.

- Oui, sauf que pour deux-trois à peu près réussis, vous en avez combien où même un enfant de cinq ans aurait pu trouver une faille. D'ailleurs, un de mes conseillers est un enfant de cinq ans. S'il trouve un problème dans mon plan, je le corrige.

- C'est bien gentil de me faire la morale, mais ça nous éloigne de notre sujet, la concordance de planning.

- Écoute, tu fais comme tu veux. Je m'en cogne. Je suis un vrai méchant moi. J'écoute personne. Je fais ce que je veux. De toute façon, si tu arrives à mettre ton plan à exécution, je le réduirai à néant au moment où je réussi le mien.

- C'est triste de ne pas arriver à un consensus. J'ai quand même noté tous tes points, et je t'en remercie. Mais tu as oublié un point essentiel des Seigneurs du mal.

- Ah oui ? Quoi ?


Dès la fin de la question, le vieux Seigneur sortit un pistolet de sous sa robe noire et tira dans la tête du plus jeune.


- L'élimination de la concurrence. Merci pour ton plan, je n'arrivais plus à en trouver, le syndrome de la page blanche, tout ça tout ça. Et mince, j'ai oublié de lui demander le nom de son conseiller de cinq ans.

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