Chapitre 3
Frontière katalo-mextrienne, Utopia, 6 septembre 2000
Leo était un jeune Léonéen, originaire de la cité de Gryysh'a. Des êtres ressemblant à des lions humanoïdes dépassant souvent les deux mètres à l'âge adulte. Il y avait encore quelques mois, il suivait l'enseignement des maîtres de son village, c'est comme ça que l'on nommait les enseignants chez les Léonéens. Il avait alors entendu parler de la guerre qui se déroulait dans le monde.
Au départ, le conflit ne concernait que le continent Pacifique et le Efdéème. Mais il finit par arriver jusqu'à Léonéa. L'armée efdéème y avait envoyé des milliers d'hommes pour prendre possession d'une partie de leur territoire, afin d'y piller les ressources qu'ils avaient besoin pour l'effort de guerre. Gryysh'a faisait parti de ce territoire convoité par les efdéèmois. Ces derniers étaient aidés par les Death Claws, un clan de Léonéens à qui le Efdéème avait promis le pouvoir une fois qu'il aurait eu ce qu'il voulait.
Avec son ami, Leo avait fui Leonéa pour devenir ferrailleurs. En ce moment, ils passaient sur les champs de batailles, après les combats, afin d'y ramasser toutes sortes d'équipements qu'ils pouvaient trouver et le revendre sur le marché noir.
Mais Karh avait trouvé quelque chose de plus intéressant encore : une épave de frégate efdéème, écrasée depuis quelques mois, près de la frontière katalo-mextrienne. Selon ses sources, personne ne s'était aventuré dans la zone depuis le crash. C'était la raison pour laquelle ils étaient donc là, à quelques dizaines de mètres de l'engin. Leo était perdu dans ses pensées. Mais Karh ne tarda pas à l'y en sortir.
— Leo, qu'est-ce que tu attends ? Viens ! cria-t-il.
— Je n'ai pas envie d'escalader cette épave Karh, répondit Leo en rejoignant son ami. C'est trop dangereux.
— Tu as peur ? L'épave est stable depuis des mois, si ça peut te rassurer... Imagine les choses qu'on pourrait récupérer là-dedans... C'est un vaisseau efdéèmois, il doit sûrement y avoir des objets valant un paquet de fric là-dedans.
— Comme quoi ?
— Je sais pas... Des armes, des armures, du matériel militaire high-tech. Des armures de la Force Ecarlate peut-être.
Léo leva les yeux au ciel. Si vraiment il restait du matériel militaire dans cette épave, pour sûr qu'il sera "High-Tech". Le Efdéème étant l'une des meilleures armées utopiennes, si ce n'est la meilleure.
— Ouais... peut-être bien, dit-il. Mais je dis que c'est dangereux. Et puis... ça fait des mois qu'elle est là cette épave. Peut-être que quelqu'un est déjà venu se servir.
— On m'a dit que personne n'était venu. D'ailleurs, tu sais ce qu'on raconte à propos de cette épave ? demanda Karh, détournant la conversation.
— Non, répondit simplement Leo.
— Il paraît que c'est un Paranormal qui l'aurait fait s'écraser. Il aurait vaincu ce vaisseau à lui seul.
— C'est impossible.
— Eh bien visiblement, si. Et pas n'importe lequel... Jack Lorage.
En entendant ce nom, Leo s'arrêta et ouvrit grand les yeux. Son cœur se mit à battre plus rapidement. Ce nom le terrifiait. Il n'avait jamais croisé la route de ce "Jack Lorage". Mais il avait entendu des choses à son sujet. Et il avait vu son petit discours lorsqu'il interrompit le Grand Prix de Véerème-City, de la Hot-Race, ces fameuses courses de Kart, il y avait de ça quelques années.
— Ne prononce pas ce nom Karh.
Ce dernier s'arrêta net et se tourna vers son ami.
— Quoi ? En plus d'être craintif à l'idée d'escalader une épave, tu es... superstitieux ?
— Non... c'est juste que...
— Tu as peur qu'il se matérialise là devant nous ? compléta Karh en interrompant Leo.
— C'est pas ce que j'ai dis...
— T'inquiète... Il est bien trop occupé à mener ses légions de bots au combat, pour se préoccuper d'une épave et de deux Léonéens qui s'apprêtent à l'explorer.
— Pourquoi tu le prends à la légère ? C'est un tueur et c'est... la personne la plus dangereuse du monde.
— Jusqu'à ce qu'on trouve plus dangereux que lui Leo. Jusqu'à ce qu'on trouve plus dangereux.
— C'est pas marrant, répondit Leo avant de lever la tête pour regarder le sommet de l'épave. Tu t'y connais en vaisseau efdéèmois ? Tu sais où se trouvent les pièces où ils stockent leur équipement ?
— Non... Mais c'est pas grave, on trouvera.
Karh leva les yeux vers l'épave et désigna du doigt ce qui semblait être une ouverture.
— Tu vois ce passage ?
— Ouais.
— On dit que Lorage a abattu l'engin avec un énorme éclair. Je crois que c'est le point d'impact. C'est par là qu'on entrera. Pas besoin de grappins, c'est pas trop raide, on devrait y arriver assez facilement. Tu me suis ?
— Ouais... ouais, passe devant.
Les deux amis entamèrent leur ascension. Une fois sur le "dessus" de la frégate, ils n'avaient plus qu'à marcher, pour monter jusqu'à cette fameuse ouverture, repérée par Karh. Ce qui ne leur prit qu'une dizaine de minutes.
Une fois au niveau de l'accès, les deux amis entrèrent dans l'épave. Heureusement pour eux, le vaisseau s'était écrasé à l'horizontale. Ainsi, non seulement ils n'eurent pas besoin des grappins pour arriver là où ils étaient, mais en plus, le "sol" du vaisseau était assez droit. Karh et Léo allumèrent leur lampe torche. La première chose qu'ils virent, fut le désordre provoqué par le crash. Des consoles explosées, des caisses fracassées, des vitres brisées.
En poursuivant leur chemin, ils tombèrent même sur des dépouilles de soldats et de membres d'équipage en décomposition.
— Pourquoi le Efdéème n'est-il pas revenu chercher ses morts ? demanda Leo.
— J'en sais rien... La guerre sans doute.
Ils entrèrent dans ce qui semblait être l'armurerie du vaisseau. Tout était en désordre. Des caisses étaient toutefois encore présentes et en très bon état. Karh s'avança vers l'une d'entre-elles et l'ouvrit.
— Regarde ça Léo... des ARK-45 ! Il y en a au moins pour deux mille cinq cent unités pour un ! Et il y a en a trois caisses rien qu'ici. Une chance que le crash ne les aient pas détruites.
— Ouais... Des fusils d'assaut efdéèmois t'avais raison Karh... Il reste des choses intéressantes dans cette épave. Mais comment comptes-tu apporter ces trois caisses au marché ?
Karh réfléchit un instant. Son ami avait raison. Il devait y avoir une bonne cinquantaine de fusils. Impossible pour eux de tous les transporter en une seule fois. Ils devraient faire plusieurs voyages.
— On va devoir faire des allers-retours. On a des sacs... Toi, tu transportes les munitions, et moi, je prends le plus de fusils possible et je les charge dans mon sac. Il n'y a plus qu'à espérer que personne nous ait suivis... Sinon, il risque de ne plus rien y avoir lorsqu'on reviendra.
Leo et son frère remplirent leurs sacs et firent le chemin inverse, pour redescendre de l'épave afin d'apporter leur trouvaille au marché.
Annotations