Chapitre 11

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Principauté de Mils, 9 Octobre 2000

Il y avait maintenant plus de cinq ans que Jack Lorage avait rencontré Harmonie Freya, une puissante Paranormale lui ayant révélé le sombre avenir des Paranormaux. Traqués, tués, ou capturés pour être déportés, par ce qu'elle lui avait présenté comme étant un "Nouvel Ordre". Une puissance que Jack comptait bien empêcher de voir le jour.

Harmonie Freya aurait pu lui être d'une aide précieuse dans cette quête, s'il ne l'avait pas tuée après avoir découvert qu'elle avait tenté d'éliminer ses amis lors de la guerre de Dalkia. Amis qui avaient fini par se dresser contre lui en montant, il y avait de cela quelques semaines, une opération visant à le tuer. Evènement qui lui avait coûté sa première usine secrète de LB-01 et Gary, ce bot inopérant mais possédé par le chaperon rouge. Chaperon que Jack avait perdu lors de l'attaque.

Il avait également dû affronter Lady Naturia, au cours d'un combat qui lui montra qu'il avait encore beaucoup à apprendre dans la maîtrise de ses dons, et que bien qu'il disposait d'un énorme potentiel, il existait au moins une personne capable de lui tenir tête.

Jack avait perdu gros lors de cette opération. Cependant, Desmond Wilson, l'un de ses plus fidèles alliés, avait, dans le plus grand secret, consacré plusieurs de ses usines à l'assemblage des LB-01. Ainsi, Jack disposait d'une armée grossissant chaque jour un peu plus, malgré les lourdes pertes qu'elle essuyait lors de ses offensives contre le Efdéème et le Véerème.

Mais aujourd'hui, sa cible n'était aucun de ces deux géants militaires, mais plutôt un nain militaire. La principauté de Mils, petit état humain indépendant, situé entre les Royaumes-Unis et Pacifia. Jack n'avait pas choisi cette cible au hasard. Elle était à la fois symbolique et stratégique.

Mils était réputé être l'un des Etats les plus fermés concernant les Paranormaux. Ces derniers étaient mal vus au sein de la principauté et étaient systématiquement rejettés de la communauté. Le père de l'actuel prince, avait, il y a de cela quelques décennies, mené une campagne contre un petit groupes d'individus dotés de pouvoirs ayant élu domicile dans des montagnes situées à quelques dizaines de kilomètres de Mils. D'après ce qu'on racontait, aucun ne survécut.

De plus, la principauté étant encerclée de remparts et se situant non loin de Pacifia et des Royaumes-Unis, elle constituait un excellent avant-poste où y installer une garnison permanente de LB-01.

Ainsi, il avait fait atterir une armée dans les champs qui encerclaient sur plusieurs kilomètres les murailles de la cité.

Jack se souçiant peu de la discrétion lorsque l'armée adverse était réputée faible, les gardes milsiens purent apercevoir, du haut des remparts, les bots lorsqu'ils avançèrent en direction de la principauté.

Quels sont vos ordres ? demanda un bot.

— On leur demande gentiment de nous laisser entrer, répondit Jack. S'ils refusent, on entre et on prend le contrôle de la ville. Les pertes civiles sont acceptables. Mais essayez de ne viser que les cibles hostiles.

Reçu.

Depuis les murailles, les gardes indentifièrent aisement celui qui menait les troupes mécaniques. Ils avaient tous entendu parler de Jack Lorage et de ce qu'il avait fait ces dernières années, et surtout, ces derniers mois.

— Sonnez l'alarme ! hurla l'un des gardes.

Les milsiens braquèrent les bots et le Paranormal avec leurs fusils, attendant les ordres.

— Que voulez vous ? demanda l'officier en charge de la sécurité des remparts.

— Faire de votre ville un avant-poste pour mon armée, répondit Lorage allant droit au but. Obtempérez ou je serai obligé de prendre cette ville de force.

Certains militaires milsiens s'échangèrent des regards. Certains tremblaient à l'idée de devoir affronter Jack Lorage. Ils étaient conscients qu'ils avaient très peu de chances de le vaincre. Mais ils se batteraient jusqu'au bout si nécessaire.

L'officier milsien ordonna d'ouvrir le feu. Jack comprit alors que son plan n'aboutirait qu'en versant le sang. Tant pis, ils l'auront cherché, pensa-t-il. C'est eux qui auront tiré les premiers.

L'armée milsienne n'était composée que de mille hommes, armés de fusils STAS-1, arme tirant au coup par coup. Une arme fiable et assez précise, mais moins efficaces que les armes automatiques qui équipaient les soldats mécaniques de Lorage.

Les gardes postés sur les remparts avaient l'avantage de la hauteur. Avantage que Lorage annula en utilisant ses dons pour léviter jusqu'aux murailles et se charger lui-même des pauvres soldats milsiens. Après quoi, il ouvrit les grandes portes de la cité via ses pouvoirs télékinésiques, permettant à son armée de fouler le sol milsien.

Dans les rues, les habitants couraient pour se mettre à l'abri. Jack, avançait d'un pas déterminé au milieu des citoyens horrifiés par la vu du Paranormal et de ses sbires mécaniques. Il éliminait tous ceux qui se mirent en travers de son chemin. Il était fier de conquérir cette terre jadis, avait malmené certains de ses semblables.

Les LB-01 n'eurent aucun mal à se tailler un chemin tout droit vers le palais princier situé au centre de la ville, la où convergaient tous les chemins principaux.

La garde du palais se retrouva elle aussi très vite submergée. Composée d'à peine deux cent hommes, elle n'arriva pas à contenir la vague déferlente que constituaient leurs farouches adversaires. Les bots entrèrent à l'intérieur de l'édifice, déterminé à atteindre leur objectif, la capture du prince Narbor.

Ce dernier était enfermé dans la salle du trône, une pièce située au fond de l'édifice et encerclée par ce qui restait de la garde princière. Ces derniers tremblaient à l'approche de leurs ennemis. Ils savaient qu'ils ne pourraient rien. Mais ils se batteraient jusqu'à la mort, conformément à leur serment.

— Jusqu'à la mort ! cria leur capitaine.

— Jusqu'à la mort ! répondirent les autres gardes.

— Pour le prince ! crièrent-ils tous ensemble. Pour Mils !

Les bots entrèrent dans l'immense couloir précédant la salle du trone. Une allée décorée par de gigantesques portraits des princes et princesses ayant dirigé la ville ce dernier millénairee et par des tapisseries de luxe, dont certaines était d'inspiration elfique.

Les gardes réussirent à détruire une trentaine de LorageBots mais furent très vite écrasés par la supériorité numériques de leurs opposants. En moins de deux minutes, le couloir se retrouva sous le contrôle des LB-01 qui entrèrent alors dans la salle du trone.

Le prince et sa cour se retrouvèrent seuls, encerclés par les bots qui, à leur grande surprise, les tinrent en joug, sans tirer.

Jack Lorage longea à son tour le long couloir en ignorant les corps encore chauds et les caracasses métalliques gisants au sol, préférant observer les portraits des princes, jusqu'à tomber sur celui de Cassius Narbor. Le Paranormal esquissa alors un léger sourire et entra à son tour dans l'immense salle du trône. Les bots s'écartèrent pour le laisser passer et aller à la rencontre du prince, sous le regard terrifié de ses conseillers.

— Prince Narbor, entama Jack avant de faire signe à ses bots de baisser leurs armes.

— Lorage, répondit le prince le coeur battant la chamade. Pourquoi nous avoir attaqué ? Nous n'avons rien à voir avec le Véerème ou le Efdéème. On ne veut pas de cette guerre.N Nous avons tout fait pour rester neutre.

— Je n'ai absolument rien contre les milsiens. Et... Moi non plus je n'ai rien à voir avec le Véerème. Et encore moins avec le Efdéème. Je suis même contre eux à vrai dire.

— Alors qu'est-ce que vous nous voulez ?

— Votre cité représente un intérêt stratégique pour moi. Je veux y placer des bots en garnison.

— Quoi ?

— J'ai bien essayé d'entrer sans faire de victime, mais votre armée s'est montrée plutôt hostile à mon égard.

Le prince fronça les sourcils et serra le poing. Jack ressentit la colère du prince.

— C'est vous... qui avez tiré les premiers, ajouta ce dernier. D'ailleurs... J'ordonne que ce qu'il reste de votre armée soit désarmée.

— Vous êtes...

— Un monstre ? le coupa Jack en s'approchant. J'aurais très bien pu demander à mes troupes de forcer votre peuple à quitter la cité. Là j'aurais été un monstre. Mais est-ce que je l'ai fais ?

Le Paranormal n'obtint aucune réponse de la part du prince.

— Est-ce que je l'ai fais ? redemanda Jack, cette fois-ci aux différents conseillers et proches du prince, avant de s'adresser à nouveau à Narbor. Non. Parce que je ne suis pas un monstre. Votre père en revanche, lui en était un.

Cassius Narbor se demandait où le Paranormal voulait en venir.

— Oui, prince Narbor, continua Jack. Votre père qui a traqué et exterminé des dizaines de Paranormaux juste parce qu'ils étaient différents. Juste pour leurs pouvoirs.

Sur ces paroles, un silence s'installa durant quelques secondes avant que Jack ne le brise.

— En parlant de pouvoir, je vous laisse votre couronne... Prince Narbor. Continuez à gérer vos... terres comme bon vous semble. Ne me faites pas regretter cette faveur. En échange, tant que vous agirez en mon sens, je vous garantie que mes troupes vous protégeront de tout assaut éventuel du Efdéème. Pour ce qui est du Véerème ou de n'importe lequel de ses alliés... je doute fort qu'ils ne s'intéressent à Mils. Si ça venait toutefois à être le cas, alors soyez assurés que mon armée saura se montrer à la hauteur.

Jack fit quelques pas en direction de la sortie avant de s'arrêter.

— Oh, reprit-il. Et j'ajouterai que dans le cas où vous tenteriez quelque chose allant contre mes intérêts, je le prendrais comme un acte de guerre et serais dans l'obligation d'intervenir.

Sur cette menace, il quitta définitivement la salle du trône, suivi des bots, laissant le prince seul avec ses conseillers qui attendaient les ordres de leur dirigeant.

— Majesté ? demanda son ministre.

— On fait ce qu'il nous a ordonné, répondit Narbor.

— Mais sauf votre respect...

— Vous l'avez entendu ! hurla le prince. Il rasera toute la cité si on ne se plie pas à ses exigences ! Alors ordonnez à tous nos hommes de remettre leurs armes et informez le peuple que tout acte allant à l'encontre de Jack Lorage sera réprimé.

Les conseillers restèrent muets et immobiles face aux paroles du prince.

— C'est un ordre ! cria ce dernier.

— À vos ordres... Majesté, répondit son ministre.

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