Chapitre 16
Usine de LB-01, localisation secrète, Utopia, 6 Novembre 2000
Une vitre séparait Jack des chaines de production, qu'il regardait en train d'assembler progressivement ses LB-01. Tant que les matériaux affluaient correctement, via les détournements orchestrés par Desmond Wilson, son plus fidèle collaborateur, PDG de Technobot Industrie, l'usine avait une cadence de production de vingt-cinq bots par jour. Ce qui était déjà énorme, surclassant les autres fabricants de robotique militaire. Mais Jack savait que le LB-01 n'était pas assez efficace pour inquéter ses ennemis. La production était certes très rapide, mais la vitesse se faisait au détriment de la qualité. Les quelques victoires qu'il avait obtenu sur le Véerème et le Efdéème était dues à sa présence ou à la supériorité numérique écrasante de ses troupes. Et au cours de chaque bataille, les pertes en bots étaient assez grandes.
L'Empire, allié du Véerème, disposait lui aussi d'un modèle d'androïde militaire. Celui-ci était beaucoup plus élaboré, plus polyvalent et efficace que le LB-01 et d'apparence plus humaine. Mais sa production était assez longue et limitée à quelques centaines d'unités. L'Empire ayant compris les intérêts et les risques d'avoir des unités robotiques autonome dans ses rangs. Contrairement à Elena, la conceptrice des LorageBots, qui n'y voyait que des avantages.
Jack pensait également à sa dernière défaite, celle de Mils. Ou peut-être était-ce une "demi-victoire". Il avait voulu en faire l'un de ses avant-postes. L'opération avait fini par tourner au fiasco. Ses bots, d'abord victorieux, avaient fini par se faire battre par une poignée de résistants mal armés, avant d'être définitivement balayés par les forces véerèmes.
Perdu dans ses pensées, Jack n'avait pas entendu Elena, arriver.
— Tu vas bien ? demanda-t-elle. Tu repenses encore à Mils ?
— Pourquoi ai-je échoué ? demanda le Paranormal, espérant que la jeune femme puisse l'aider y voir plus clair.
Mais Elena ne savait pas quoi répondre. Elle ne pouvait qu'être présente à ses côtés, espérant que ça suffirait à l'aider.
— J'avais la cité entre mes mains, reprit Jack. Et on a perdu face à un groupe de rebelles en sous-nombre et ridiculement armé.
— N'oublie pas qu'on a nous-même été des résistants Jack.
— Sauf qu'on se battait contre un envahisseur qui occupait Dalkia pour son propre profit, répondit Jack en se retournant vers son amie. Moi je voulais faire de Mils un avant poste pour notre armée. Il était hors de question que je m'accapare les ressources et les richesses des milsiens. Ils n'avaient qu'à accepter notre présence. En échange, ils avaient notre protection et ils pouvaient vivre normalement.
— Je sais, répondit Elena. Tu veux juste éviter que ce "futur" dont tu as eu la vision ne se réalise. Mais ça, personne ne le sait.
— Tu voudrais que j'aille dire au monde ce que j'ai vu ? Personne ne me croirait.
— Non c'est pas ce que je veux dire. Mais, peut-être qu'on ne s'y prend pas de la bonne façon.
Le Paranormal se tourna fixa la jeune femme d'un air intéressé.
— On agit comme des conquérants, reprit Elena. Aux yeux du monde, on ne vaut pas mieux que le Efdéème.
— Alors comment nous pourrions prendre le contrôle du monde ? demanda Jack. Si ce n'est en combattant et en conquérant ?
— Tu veux diriger le monde pour y apporter la paix. Alors pourquoi ne pas t'afficher comme sauveur ? Donne envie aux peuples de se rallier à ta cause. Aujourd'hui, le monde a peur de toi. Mais il craint encore plus le Efdéème.
— Annihilier le Efdéème, c'est là que tu veux en venir ?
Elena répondit d'un oui de la tête avant de compléter :
— Et réussir là où le Véerème a échoué.
— Mais... Même si on y arrivait, le Véerème nous déclarerait comme nouvel ennemi, nuança Jack.
— Mais tous ceux que tu auras sauvé de l'emprise du Efdéème se rallieront à ta cause. Et alors on sera si puissant que ce "Nouvel Ordre" dont tu m'a parlé, ne pourra pas voir le jour. Tu as déjà écarté les MOCH, il ne te reste plus qu'à vaincre le Efdéème puis à museler le Véerème. Crois moi Jack.
— Reste que le Efdéème est beaucoup plus puissant que nous. Tout comme le Véerème d'ailleurs. Où en est la conception du LB-02 ? demanda Jack, changeant complétement de sujet.
— La conception est terminée, annonca Elena. Le projet LB-02 est entré en phase de test.
— Les premières unités ont été assemblées ? demanda le Paranormal étonné.
— Oui. Nous disposons actuellement de dix LB-02. Mais nous devons...
— Passons la phase de test, coupa Lorage. Ils nous faut des bots plus puissants que le LB-01. Et rapidement. On les testera directement sur le terrain.
— Ok, répondit Elena. Mais le LB-02 est plus long à produire. Si tu souhaites remplacer les LB-01 ça risque de prendre du temps.
— Je sais. Nous continuerons d'assembler le modèle précédent. Le LB-02 viendra en complément.
Le Lorage-Bot deuxième génération ou "LB-02" était plus lourd, plus résistant et plus efficace que son grand frère. Disposant d'un meilleur ordinateur de visé, il était plus précis et capable de porter des armes plus lourdes telles que des fusils mitrailleurs ou des lance-roquettes. Dans le même temps, les nouvelles générations de LB-01, devaient être équipé du même ordinateur que le LB-02, améliorant ainsi sa précision, même s'il resterait toujours aussi fragile.
— Et pour ce qui est du Bot aérien ? demanda Elena.
En plus de la version standard, le LB-02 possédait une variante équipée de propulseurs, lui permettant de voler. L'unité pouvait être utile pour franchir certains obstacles ou couvrir de longues distances plus rapidement. Cependant, afin de réduire son poids, il ne pouvait transporter que des armes légères et disposait d'une protection moindre, le rendant aussi vulnérable que le LB-01, mais bien plus efficacee et bien plus mobile.
— Il est au point ? demanda Jack qui avait toujours été septique sur la réussite de ce projet.
La jeune femme acquiesa.
— Alors lance la production de quelques unités. Je veux voir ce qu'elles valent sur le terrain.
Jack s'éloigna de son amie avant d'ajouter :
— Ah oui... Un vieil ami m'a un jour demandé si je comptais avoir des bots un peu plus à mon image, si tu vois ce que je veux dire ?
— Je vais voir ce que je peux faire, répondit Elena, sourire en coin.
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