Chapitre 19
Jo avait décidé de s'éclipser du groupe et de partir explorer les jardins royaux. L'appel de l'aventure était plus fort que l'envie de rester auptrès de ses amis. D'autant que l'endroit lui rappelait le Pays des Rêves. Il y régnait une certaine harmonie.
Il avait réussi à s'éclipser sans que personne le voit. Lucy avait demandé aux enfants de la suivre. Jo s'était retrouvé
Il se promena dans les jardins en faisant bien attention de ne pas croiser la route des quelques gardes qui surveillaient ou patrouillaient à certains endroits. Il arriva très vite dans une petite clairière où il vit une silhouette agenouillée. Lorsqu'elle se redressa et montra son visage, le petit garçon réalisa qu'il se trouvait en présence de Jack Lorage. Les battements de son coeur s'accélérèrent. C'était la première fois qu'il le voyait depuis cette fameuse nuit au Pays des Rêves.
Lorage s'approcha de lui. Il ne lui fallut pas longtemps pour reconnaître celui qu'il avait vu pour la première fois chez son ancienne amie, Naturia.
— Toi ? entama le Paranormal surprit, retirant sa capuche.
La première fois que Lorage vit le garçon, il y avait de cela un peu plus de deux ans, il ressentit quelque chose d'indescriptible. Comme si le garçon était, d'une façon ou d'une autre, lié à lui. Cette chose, il la ressentait encore. Comme si l'ancien protégé de Naturia avait quelque chose de spécial. Quelque chose que Lorage lui-même ne pouvait expliquer.
— Quel est ton nom déjà ?
Le petit garçon fit quelques pas en arrière avant de heurter le tronc d'un arbre.
— Ah oui, reprit Lorage. Jo, c'est ça ?
Lorage était amusé par la crainte que ressentait le petit garçon à son égard. Mais, ignorant qu'il n'était plus avec Naturia, il craignait que cette dernière soit dans les parrages. Il ne devait donc pas s'éterniser.
— Tu dois sûrement penser que c'est moi le responsable de tout ça. Je peux t'assurer que je n'ai absolument rien à voir avec la mort de la princesse.
Jo baissa le regard vers l'endroit où son interlocuteur se tenait quelques secondes avant. Il vit le corps inerte de la sœur de la défunte princesse, une fleur à la main. Il avait entendu toutes sortes d'histoires sur Jack Lorage. Mais peut-être disait-il vrai. Peut-être n'était-il pas l'assassin.
— C'est cette fleur. lui dit Jack. C'est un specimen génétiquement modifié par le Efdéème. Leurs espions l'ont apporté ici, l'ont planté dans le jardin royal et la princesse a simplement dû la toucher pour que le poison fasse son effet. Sans l'antidote, elle n'avait aucune chance de survivre. Le poison est assez rapide.
Lorage réalisa qu'il venait d'employer plusieurs termes inaccessibles pour un enfant de l'âge de Jo.
— Enfin qu'importe, reprit-il. Après tout, tu ne dois sûrement rien comprendre à ce que je raconte. D'ailleurs tu es bien trop jeune pour comprendre les enjeux de cette guerre et les raisons qui ont poussé le Efdéème à assassiner cette pauvre fille. Tout ça te dépasse. Mais avec le temps... tu comprendras.
Lorage sembla soudain intrigué par quelque chose qui semblait l'inquitéter au point de le pousser à partir. Il tourna le dos au garçon et remit sa capuche.
— Tu diras bonjour à Naturia de ma part, termina-t-il avant de s'éloigner.
Jack se mit à courir afin de quitter la zone au plus vite. Pas le temps pour Jo d'essayer de comprendre le pourquoi du comment, ni même de réfléchir à pourquoi le Paranormal venait de mentionner le nom de la protectrice du Pays des Rêves. Il voulait voir cette fleur de plus près. Même s'il ne pouvait y toucher.
Il s'approcha d'elle. Elle était magnifique. Une fleur aux pétales couleur saumon, grandes ouvertes et à la tige en spiral, avec de ça et là quelques minuscules piquants. Probablement les piquants d'où sortait le poison.
— Ne touche pas à cette fleur, fit une voix féminine, étrangement familière.
Jo se retourna et vit une Elfe à la peau claire et aux yeux en amende.
— Naturia, dit Jo.
— Cette fleur est très dangereuse, ajouta l'Elfe avant de s'agenouiller devant son ancien protégé. Mais... tu le sais déjà, pas vrai ?
— Oui.
— Comment vas-tu ? J'ai appris pour les MOCH. Je croyais que tu étais à bord de leur vaisseau quand... Lorage a attaqué.
— J'étais dans le vaisseau. Mais Bénédicte m'a mis dans une capsule. La capsule m'a emmené sur une plage.
— Une plage Impériale... termina l'Elfe. D'accord. C'est pour ça que tu es avec eux. Mais ils n'auraient jamais dû t'emmener ici.
— Tu veux me reconduire au Pays des Rêves ?
— Non... Pas maintenant. Ce serait trop dangereux pour toi. Je sais que tu viens de voir Lorage. C'est parce qu'il a sentit ma présence qu'il t'a laissé tranquille. Je n'aurais pas été là, il t'aurait sûrement emmené avec lui.
— Mais alors pourquoi t'es là ?
— Je suis venu pour essayer d'arrêter Lorage. Et toi... Je veux que tu cours le plus vite possible pour rejoindre les Impériaux et le roi tu veux bien ?
Jo répondit d'un oui de la tête.
— Dis leur que c'est une fleur qui a tué la princesse. Et conduis-les ici. D'accord ?
— Oui.
— Vas-y. Cours.
Jo serra Naturia dans ses bras puis entama une course folle pour rejoindre le colonel Robb. Il traversa une grande partie des jardins royaux. Tellement grands que les gardes ne pouvaient pas en surveiller l'intégralité.
Il mit quelques minutes à rejoindre le palais royal, là où les Impériaux s'entretenaient avec le roi et ses conseillers.
— Lorage ! cria-t-il en y entrant. Il est là !
Les gardes harmoniens se mirent en état d'alerte et scrutèrent les alentours. Les soldats Impériaux les imitèrent et épaulèrent leurs armes. Lorage était tellement craint que même lorsque l'alerte était lancée par un enfant, elle était prise au sérieuse.
— Jo ! fit Lucy qui avait rejoint le colonel Robb après la disparition du petit garçon. Tu es là. Mais qu'est-ce qui t'a pris de partir comme ça ? On s'est inquiété.
— Il est là, répéta l'enfant.
— Lorage ? Tu es sûr ? demanda Robb.
— Je l'ai vu. Il était là.
Robb savait que Jo avait déjà vu Jack Lorage. Il ne se trompait sans doute pas lorsqu'il disait avoir vu le Paranormal. Et il semblait si terrifié.
— Etablissez un périmètre de sécurité, ordonna Robb à ses hommes. Je veux que vous ratissez tout le jardin. Si Lorage est là, tirez à vue.
— Je sais comment la Princesse est morte, ajouta Jo, intriguant toutes les personnes présentes autour de lui.
— Comment est-ce possible ? demanda le roi. Comment pourrais-tu le savoir ?
— C'est à cause d'une fleur.
— Mais enfin... C'est absurde, répondit le roi. Aucune fleur... Aucune plante présente dans nos jardin est vénéneuse. C'est... Impossible. Tout ça est...
— J'ai vu la fleur, coupa Jo. Elle est dans le jardin. C'est le Efdéème qui l'a mis là.
Robb et le monarque s'échangèrent un regard. Ewan avait une confiance absolue en Jo, mais le roi restait septique. Ceci-dit, il voulait à tout prix élucider le mystère autour de la mort de sa fille ainée. Il étudierait toutes les pistes qui se présenteraient à lui. C'est pourquoi il demanda au garçon de le conduire jusqu'à cette fameuse "fleur" dont il parlait.
***
Arrivés sur les lieux, Jo montra ladite fleur.
— Là regardez. Elle est là. Il ne faut pas la toucher.
Le roi Adam Nel s'approcha, suivit du Colonel Robb.
— Cette fleur vous dit quelque chose ? demanda ce dernier.
Le monarque connaissait bien les jardins royaux. Il s'y promenait régulièrement depuis sa plus tendre enfance. Il se souvenait de ses ballades aux côtés de sa défunte mère. Promenades au cours desquelles elle lui apprit le nom de toutes les plantes qui s'y trouvaient. Aussi belle que pouvait être cette fleur, elle lui était tout bonnement inconnue. Elle n'avait pas sa place dans les jardins.
— Non. Elle n'a effectivement rien à faire là.
— On va la faire analyser, dit Robb avant de s'adresser à l'un de ses subalternes. Sergent...
— Je m'en occupe, répondit le soldat.
— Surtout ne la touchez pas, ajouta Robb.
Le soldat ramassa la fleur avec une pince et la déposa dans un sac. Pendant ce temps, Ewan demanda à un autre soldat de reconduire Jo auprès de Lucy, restée avec les autres enfants à l'intérieur du palais royal.
— Je ne comprend pas... fit le roi. Comment le petit a-t-il pu savoir ?
— Je pense qu'il n'en savait rien, lui répondit Ewan. Je crois qu'il n'a pas simplement vu Lorage. Je suis persuadé qu'il a eu quelques échanges avec lui.
— Et... C'est tout ? Je veux dire... Lorage lui aurait transmis ces informations et serait reparti ? Il serait juste venu nous transmettre cette information ?
— Je ne sais pas. Peut-être. Ou peut-être pas. Mes hommes et les votres sont en train de passer les environs au peigne fin. S'il est là...
— Vos Hommes ne le retrouveront pas. répondit une voix de femme, coupant l'officier Impérial. Lorage est parti.
Tous le monde se tourna vers l'origine de la voix et découvrit une Elfe vêtue d'une magnifique robe ressemblant à d'immenses pétales roses.
— Qui êtes vous ? demanda le roi. Et comment êtes vous entrée ici ?
— Je m'appelle Naturia. Et ne vous tracassez pas sur comment je suis entrée. Je suis dans votre camp. J'ai appris pour votre fille. Toutes mes condoléances. Ça fait un moment que je traque Lorage. Pour l'arrêter. J'ai réussi à suivre sa trâce jusqu'ici. Malheureusement, il a su que j'étais là. Et il a pris la fuite.
— Naturia ? fit Robb, se souvenant que Jo avait déjà mentionné ce nom.
— Attendez, reprit le roi, qui venait soudainement de réaliser quelque chose. La fleur... Elle a été arrachée. Quelqu'un l'a donc cueillie.
Robb et Naturia ne voyaient pas où le monarque voulait en venir.
— Où est Rosélia ? reprit ce dernier. Où est ma fille ?
Une vision de terreur s'imposa à son esprit. Il se voyait déjà retrouvée le corps de sa seconde fille. La dernière héritière du trône. Il ne pouvait pas se permettre de perdre un deuxième enfant.
— Gardes ! La princesse Rosélia est peut-être en danger ! Retrouvez-là ! Retrouvez ma fille !
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