Prologue
Ils sont comme un coup de poignard. Comme un éclair dans le ciel. Une douleur fulgurante.
Les souvenirs. Mes souvenirs.
J'essaie. Je le jure. J'essaie de les empêcher de m'embrouiller. De venir se loger sous mon crâne, pareils à une migraine. De se glisser derrières mes paupières comme l'image du soleil après qu'on l'ait regardé trop longtemps.
Mais ils sont plus forts. Sournois, spontanés ou provoqués, complets ou coupés.
Parfois, j'arrive à les ignorer, à faire d'eux un élément du quotidien ; un objet du décor. Parfois.
Plus souvent, ils gagnent. Je ne suis pas spécialement doué pour les faire partir. Ils s'accrochent à mon esprit et me délivrent leur contenu acide.
Acide au point de me donner envie de vomir et de pleurer.
Quand je sens qu'ils sont là, tout proches, je cherche un moyen de me divertir, d'occuper mon esprit à autre chose.
Et quand ils arrivent et qu'ils sont trop violents... je perds. Je laisse l’amertume, les regrets et la culpabilité m’ensevelir. Je m’isole, broie du noir, pense au pire. Je déteste ça. Je me déteste pour ça.
Mais quel est leur but exactement ? Il s'est déjà chargé de me faire ravaler ma fierté et mon orgueil. Il s'est déjà assuré que plus jamais je ne dévierais du bon chemin. Il m'a déjà brisé pour faire de moi quelqu'un de nouveau.
Alors, pourquoi les souvenirs sont-ils toujours là ?
Alors que je la paie. Que je paie la Dette.
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