Chapitre 4.5
4.5
Les Daniels... mes sauveurs ?
Lorsque je reviens à une semi-conscience, je suis alité en blouse d'hôpital.
On doit m'avoir injecté des produits bizarres car je vois flou et me sens étrangement léger. Je suis dans un endroit calme, où seules quelques voix murmurent trop bas pour que je les entende.
– On attend qu'un bloc soit disponible, me dit soudain une voix que je reconnais.
Je sais déjà que c'est Sofia, l'urgentiste qui m'a secouru, quand elle apparaît dans mon champ de vision. Elle pose une main sur mon front. Je ne sais pas si c'est pour prendre ma température ou pour me réconforter. La deuxième option me réchauffe la poitrine – c'est pas Karen qui aurait ce geste maternel envers moi...
– Mon mari, Philip, l'homme qui t'a découvert, n'a pas pensé à te demander ton nom.
– Zachary, murmuré-je sans attendre qu'elle me pose la question. Gibson.
– Bien, écoute-moi, Zachary, souffle Sofia en se penchant. Il va falloir qu'on t'opère.
– Ça va faire mal ? je m’enquiers aussitôt avec la naïveté d'un enfant de cinq ans.
Évidemment que tu vas avoir mal, abruti.
– Eh bien, reprend l'urgentiste d'une voix faible. Ton corps a beaucoup souffert de l'accident. Une seule opération ne suffira pas, je le crains.
Quand Sofia remarque que ma main droite tremble, elle la prend gentiment entre les siennes. Ce geste me fait monter les larmes aux yeux.
– Tout va bien se passer, d'accord ? souffle-t-elle en me souriant.
Je hoche la tête du mieux que je peux.
– Sofia, un bloc s'est libéré, annonce un infirmer en débarquant à l'embouchure du couloir.
– D'accord, je te le laisse.
Sofia lâche ma main délicatement, me murmure « Ça va aller » et s'en va. L'infirmier s'approche à son tour, déverrouille les roues et se place derrière moi pour pousser le lit.
– Comment tu t'appelles mon garçon ?
Je lui réponds d'une voix de plus en plus faible.
– D'accord. Tu vas subir une opération un peu compliquée pour qu'on dégage tes voies respiratoires, m'explique-t-il en me menant dans une zone sûrement réservée aux opérations urgentes. Le chirurgien va aussi essayer de remettre tes côtes cassées en place.
À ces paroles, je pousse un petit gémissement. L'infirmier pose une main sur mon épaule.
– Ça va ?
– Pas trop, avoué-je avant de tousser.
J'ai l'impression qu'on me broie la poitrine. J'aperçois du sang sur ma blouse.
– Bon, on va se dépêcher, d'accord.
Il m'emmène dans une salle où l’on me prépare pour l'opération. Je suis tellement angoissé qu'une envie d'uriner me prend subitement.
– Faut que j'aille aux toilettes, gémis-je en levant les yeux vers l'infirmier qui m'a amené.
Il grimace d'un air gêné.
– On ne peut pas, je suis désolé. Mais on te posera une sonde car tu risques de faire des aller-retours entre ta chambre et le bloc opératoire dans les jours qui arrivent.
Une sonde... ? Oh... non... pas ça. Plusieurs opérations ? Beaucoup ?
Je voudrais lui demander, mais mes yeux se ferment malgré moi.
– Aller, tout va bien se passer.
Un gars va m'ouvrir la poitrine pour dégager mes côtes de mes poumons et « tout va bien se passer » ? Non, je ne crois pas.
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