Une tasse de café

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Le temps semblait ralenti, les personnes lui parlaient, des larmes coulant sur leur joue mais elle ne bougeait pas. Son regard se perdit dans la noirceur de son café. Il était comme tous les matins, sans sucre ni lait. Pourtant, il paraissait plus intense que d'habitude. Peut-être que l'intensité des évènements se répercutait sur sa boisson. Une main se posa sur son épaule, la serrant avec fermeté :

- Salva, je suis désolé mais j'ai besoin d'une réponse.

- Une réponse à quoi ?

Le cinquantenaire la regarda avec désespoir. Il ne voulait pas pousser une veuve comme ça mais maintenant que son mari était mort, elle était sa supérieure.

- Concentre-toi, s'il te plaît. Des vies en dépendent.

- Donc si je comprends bien, tu vas me demander de prendre une décision que mon mari n'a pas été capable de prendre. Tu es devenu fou, Gary ? Je ne suis que sa femme. Je n'étais jamais sollicitée pour aucune de ses décisions. Je ne suis pas délinquante pour un sou et encore moins chef d'une organisation criminelle !

- Maintenant si, répondit seulement Gary.

Salva s'intéressa de nouveau à son café. Peut-être la réponse se trouvait dans cette tasse blanche que son mari lui avait offerte. Il lui avait dit que pour son âme innocente, cette couleur était parfaite. Elle sourit. Sa mort ne l'étonnait pas, après tout, il était en danger depuis qu'elle l'avait rencontré. Cependant, avoir tout laissé sur ses frêles épaules... c'était de la folie. Elle n'avait jamais tenu une arme, jamais frappé quelqu'un. Son visage angélique lui avait permis de s'en sortir facilement dans la vie. On dirait que la simplicité finissait aujourd'hui. Elle n'avait pas envie de pleurer de toute façon, autant agir. Ses yeux aussi bleu qu'un ciel d'été se plongèrent dans ceux de Gary.

- Parles mais dépêches-toi, j'ai un enterrement à organiser.

Tous reculèrent un peu. Ils ne reconnaissaient pas la dureté dans la voix de Salva. Elle était toujours d'une douceur infinie et d'une maladresse inquiétante, poussant ses proches à vouloir la protéger. Mais pas à cet instant. Non, ils voulaient s'incliner devant l'aura d'une puissance inégalée qu'elle dégageait. Elle avait l'étoffe pour les mener bien plus loin que ses prédécesseurs. Peut-être qu'Enzo n'avait pas laissé, sur un de ses fameux coups de folie, sa place à sa femme. Peut-être savait-il quelque chose qu'ils ignoraient.

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