Chapitre 8: Léona
Je me sentais étrangement bien. J'étais dans un cocon chaud et douillet. Mon dos me picotait pas mal à cause du tatouage mais ce n'était pas aussi douloureux que la veille, quand j'avais essayée de le nettoyer de mes mains pendant ma douche. Je soupirais de bien-être et m'étirais, quand un grognement sourd me parvint, me poussant à ouvrir les yeux. Callum était au lit avec moi. J'étais dans ses bras, ma tête reposait sur son pectoral et ma main était sur son ventre musclé.
Merde.
Sa peau nue était délicieusement chaude sous ma joue. Son cœur battait à un rythme régulier et apaisant contre mon oreille. J'avais envie de rester dans ce divin cocon...
Non! Te fais pas d'illusions Léona, joue la plus fine!
Callum était exactement le genre d'homme prévenant et plus que charmant que j'appréciais mais on se connaissait à peine. Je ne voulais surtout pas qu'il me prenne pour une femme facile.
En même temps... bon dieu ! J'ai été presque sous ceinture de chasteté avec mon père ! Maintenant je peux enfin faire ce que je veux, être moi-même... et gouter pour la première fois à un beau mâle... surtout celui-là...
Je déplaçais doucement ma main de son ventre à sa taille, appréciant la puissance que cachaient ses muscles.
Mmm... J'ai envie de le toucher encore plus... Non non non !! Je ne dois pas céder ! Callum tu ne me tenteras point !! Du moins, pas aujourd'hui...
Je me résolvais à lutter contre l'aphrodisiaque ambulant qui dormait du sommeil du juste près de moi et essayais de m'extirper en douceur. Contre toute attente, ce dernier gronda de nouveau et sa main pressa le bas de mon dos, sous mon tee-shirt, à la limite du boxer que je portais pour dormir.
Callum ne semblait pas vouloir que je parte... et j'adorais ses mains sur moi. Dure de garder mes bonnes résolutions ! Son aura protectrice m'attirait à un point inimaginable et il avait été plus présent pour moi en 24 heures que ne l'avaient été mes parents durant toute ma vie. Pour moi, c'était énorme. Alors si finalement, Callum voulait de moi près de lui-même pour peu de temps, je n'allais pas le lui refuser, malgré mon besoin de calmer mes ardeurs... Ça valait bien un petit sacrifice de ma part... J'étais bien trop à l'aise... Ma jambe entre les siennes, je la remontais pour être encore plus confortablement installée quand je rencontrais... Mini-Callum. Au garde-à-vous.
Seigneur... pourquoi me tentez-vous ainsi ?
Callum grogna une troisième fois, plus fort, et sa main descendit presser mes fesses, m'appuyant contre lui.
Mon cœur rata un battement avant de s'accélérer puis, quelques minutes après, je sentis une chaude moiteur vers mon entre-jambe. La seule présence de cet homme m'excitait comme jamais aucun autre auparavant alors qu'il était endormi. Imaginons-le éveillé et en pleine possession de ses moyens...
_ Léona... désolée, c'est le matin... rendors toi ma belle...
Sa voix rauque me fit frissonner. J'étais comme une pile électrique surchargée et je n'avais qu'une hâte : libérer un peu de pression. Pourtant, lorsqu'il me caressa délicatement les cheveux avant de remettre sa main sur mes fesses, je l'écoutais tant bien que mal et m'obligeais à ignorer son érection. La douceur piquée de possessivité de son geste me fit rendre les armes. Je fermais les yeux et finis par me rendormir.
Je me réveillais de nouveau. Par contre, j'étais seule. Je regardais l'heure sur mon portable : 8 heures. Callum n'était plus là depuis un moment ; sa place avait eu le temps de refroidir. Une subtile odeur de café m'envahit les narines, m'éveillant complètement. Je me précipitais dans la cuisine et découvrit Callum attablé. Il sirotait un café en lisant un journal, habillé d'un simple boxer. J'en avais l'eau à la bouche...
Putain ! Il portait des lunettes pour lire !
Ça lui donnait un certain charme, avec ses muscles et ses tatouages...
_ Bonjour Léona.
_ Bonjour Callum. Bien dormis ?
_ Heu... Oui. Désolée d'avoir squatté mais tu as fait un cauchemar dans la nuit et j'ai eu la flemme de me relever après t'avoir calmé.
_ J'ai fait un cauchemar ? Je ne m'en souviens pas... désolée, m'excusais-je à mon tour.
_ Ce n'est pas grave, le principal est que ce soit fini, ajouta-t-il avec un clin d'œil. Il y a du café ou de l'eau chaude pour un thé, au choix. Le jus d'orange est dans le frigo, j'ai fait toaster quelques tartines. Et dans la poêle il reste de l'omelette et du bacon.
_ Un vrai petit déjeuner de champion ! Merci.
_ Pas de quoi. Je n'ai pas oublié que tu m'as parlé de tes talents en pâtisserie et j'ai bien l'intention de gouter à deux ou trois trucs !
Je pouffais de rire en me servant. Ce mec était trop gourmand pour son propre bien. Et le mien.
_ Que comptes-tu faire aujourd'hui ? Continua-t-il après avoir posé son journal et enlevé ses lunettes carrées.
_ Je vais appeler le propriétaire de mon appart pour lui dire ce qui s'est passé et contacter une entreprise de déménagement pour virer tout ce qu'il y a à la déchèterie. J'engagerais aussi quelqu'un pour changer la porte, vu qu'elle n'est plus apte à fermer quoi que ce soit. Aussi, je n'ai quasiment plus rien, donc j'irais faire quelques achats de base. Le reste je le prendrais sur internet.
_ Ok. Tu sais ou me trouver Léona, au besoin. N'hésite pas à venir me voir, d'accord ?
_ D'accord, acquiesçais-je après avoir avalé ma bouchée d'omelette.
Callum partit se préparer pour le travail. Je finissais de manger puis plaçais la vaisselle sale dans le lave-vaisselle, que je mis en route. Peu de temps ensuite, Callum sortit de la chambre vêtu d'un jean noir et d'un tee-shirt Breaking Benjamin.
_ J'y vais, dit-il en s'approchant de moi. Il posa sa main droite sur ma nuque et embrassa mon front. Il planta ensuite son regard métallique dans les miens et ajouta:
_ Tout ira bien ma belle, ok?
_ Ok, soufflais-je, littéralement envoûtée.
Ça y est, j'ai le cerveau totalement grillé à cause de ce mec.
Deux heures après le départ de Callum, j'étais préparé pour sortir et il ne me restait plus que mes achats à faire. Vu l'heure, je me demandais s'il fallait cuisiner quelque chose pour le déjeuner ou si Callum préfèrerait manger à l'extérieur, quand quelqu'un frappa à la porte. Qui est-ce ? Ça ne pouvait pas être Callum ; il ne frapperait pas pour entre dans son propre appartement. Ce n'était surement pas les hommes de main de mon père car il fallait obligatoirement passer par le salon de tatouage, ou se trouvait mon sauveur, pour arriver jusque-là... Jetant un regard part l'œil de bœuf, je découvris un inconnu roux, l'air affable. Curieuse, j'ouvris la porte.
_ Bonjour Léona, je m'appelle Aedan, se présenta-t-il en entrant dans l'appartement. Je suis l'ami d'enfance de Callum. Ravie de te rencontrer enfin !
_ Heu... ok. Hum... de même, Aedan ? Hésitais-je, ce qui le fit rire. Cet homme avait une aura si chaleureuse qu'il me fit d'office bonne impression. Bien qu'un peu moins musclé que Callum, entres ses cheveux roux foncé, ses yeux d'un vert profond et son sourire communicatif, il était absolument charmant. Au point où j'en aurais bien voulu un morceau si je ne désirais pas déjà Callum. Je le dirigeais vers les canapés où nous nous installâmes.
_ Callum m'a demandé de te tenir un peu compagnie. Mais ne vois pas ça comme du baby-sitting, hein !
_ À vrai dire, tu m'enlèves les mots de la bouche, répliquais-je. Je me demandais justement si je devais bien prendre ta venue ou alors me vexer.
Aedan éclata de rire.
_ En fait, Callum est inquiet pour toi. Il essaye de ne pas le montrer mais je le connais depuis des années et à ce que je vois, il te protège déjà comme il le ferait pour un membre de sa famille.
_ Que sous-entends-tu ? Fis-je mine de ne pas comprendre.
_ Tu es trop intelligente pour ne pas saisir ce dont je parle, riposta-t-il en haussant un sourcil. Je ne suis pas dans sa tête mais une chose est sûre, c'est que tu commences à avoir de l'importance pour lui.
_ Je vois...
_ Répond moi sincèrement, tu as l'intention de te servir de lui ? Utiliser... tes charmes pour l'envoyer batailler à ta place contre ton père ?
_ Mon dieu non ! M'écriais-je rapidement. Je... je ne compte pas utiliser Callum !
Quelle horreur qu'on puisse penser ça de moi ! Je rêvais certes de faire une multitude de choses à Callum mais pas un seul instant je n'ai pensé à lui comme un bouclier à utiliser, puis jeter quand il ne sert plus.
_ Je ne m'attendais même pas à ce qu'il se propose pour m'aider, rétorquais-je. J'avais l'intention de partir, le soir ou mon appartement a été dévasté. Mais il a refusé que je fuis. Il a voulu m'aider. C'est un homme bon, donc je... l'apprécie.
Seigneur quel mensonge... l'apprécier ? Honnêtement ? Ce mec m'excite et me rend dingue comme ce n'est pas permis !
Aedan me scruta un moment, silencieux comme la mort. Il se demandait surement s'il pouvait me croire, me faire confiance. J'avais beau me sentir un peu insulté, j'appréciais sa franchise et le souci qu'il portait envers son ami. D'autres auraient pu ne pas se sentir concerné...
_ Bon. Puisque cette question est réglée... si nous en profitions pour se marrer un peu sur le dos de Call ? J'en ai de bien bonne à te raconter...
Je soupirais de soulagement. Aedan ne me prenant plus pour une briseuse de cœur, il me fit rire plusieurs fois avec ses histoires. Callum et lui semblaient être de sacrés morveux durant leur jeunesse et j'en venais même à plaindre leur mère !
_ Tu aurais dû voir ça ! Moi, caché dans un buisson tandis que Callum, pris en flag, était encore pantalon baissé à pisser une fois de plus sur les rosiers adoré de ce satané croulant de Mr Dawson ! Le vieux avait à peine commencé à hurler en faisant voltiger sa canne que Callum, ni une, ni deux, filait déjà, toujours cul nu!
_ Quel guetteur de confiance tu faisais... pouffais-je ironiquement.
_ Je n'y pouvais rien ! Le sale vieux bougre était passé par derrière du coup je ne l'avais vu que trop tard... Enfin... C'était quand même à mourir de rire !
_ Et... hum, en tant que surnaturels, vous n'avez pas une super ouïe ou un truc dans le genre ? Tu n'aurais pas pu l'entendre arriver?
_ Nos sens son plus développés que ceux des humains, oui, expliqua Aedan. Mais en général, à part pour quelques races, nous évoluons surtout à la puberté, période qui va de pair avec nos premières transformations totales. Nous ressemblons aux humains afin de pouvoir vivre avec en toute discrétion et c'est encore plus vrai lorsqu'on est enfant. Jeune, nous n'avons pas encore les supers sens aiguisés et nos transformations sont vraiment légère : les yeux, les crocs, les griffes... tout dépend de l'espèce. Seulement, là ou un humain d'une dizaine d'année se casserait le bras, nous ne récoltons qu'un simple bleu qui disparait en quelques heures. Avant la puberté, nous somme juste plus résistant que vous.
_ Et après ?
_ Après ? C'est le meilleur et le pire ! S'esclaffa-t-il quelque peu amère. Au début, c'est plutôt... galère. Nos sens se décuplent. On ne sait pas doser son ouïe, sa force... On ne maitrise pas très bien ses pulsions, Et Dieu seul sait qu'elles peuvent être puissantes ! Entre ça et les hormones qui commencent à nous travailler... et puis, au fur et à mesure que le temps passe, on arrive à gérer. Souvent cette période dure quelques mois, voire un an. Ensuite, par la force de l'habitude, avec le soutien de la famille, on arrive à se canaliser pour éviter d'être envahie par ses sens ou exposé aux humains. Et puis il y a eu le Dévoilement, qui nous permet aujourd'hui de vivre en paix parmi vous. Mais cet instinct de... dissimulation ? C'est génétique donc toujours d'actualité. Peut-être que dans une centaine d'année, on évoluera du fait de ne plus avoir à nous cacher et tout ça s'éveillera plus tôt...
_ Et toi? Tu es...
Un bruit me coupa littéralement la parole et nous fîmes regarder vers la porte ; Callum venait d'entrer. J'oubliais ma question tandis qu'un frisson brûlant me parcouru au moment même où nos regards se croisâmes.
_ Hey, vieux frère, s'exclama Aedan avec entrain.
Callum le décoiffa avec un sourire, puis vint s'assoir près de moi, une main posé sur mon genou.
_ T'es vraiment con parfois, le vilipenda Aedan et asseyant de se recoiffer. Ça a été le boulot ce matin ?
_ Je t'aime aussi, pouffa Callum. Sinon journée tranquille aujourd'hui. Alors, tu as pu faire ce que tu voulais ? me demanda-t-il alors.
_ Oui, j'ai aussi fait quelques achats en ligne mais je dois quand même acheter le strict nécessaire aujourd'hui.
_ Bien ! Allons d'abord faire le plein d'énergie chez Stacy's. Ça fait deux semaines depuis la dernière fois que j'y suis passé et leur tarte tatin commence sérieusement à me manquer !
_ La gourmandise est un vilain péché Callum, se moqua Aedan, t'as pas oublié ?
_ Aedan sérieux ? Grogna l'orc. Tu sais qu'à chaque fois que tu sors ça j'en ai strictement rien à battre... Et puis je te signale que critiquer mon goût pour la bouffe, c'est critiquer ma mère, qui en est l'instigatrice. Continue et je t'assure que je trouverais quelques minutes pour lui en toucher deux mots...
_ Seigneur, ne va pas alerter la reine mère ! protesta Aedan. Je ne pourrais plus profiter de ses délicieux talents de cuisinière ! Un vrai pote ne ferait pas ça.
_ Alors ferme-la sur mon alimentation.
_ Sale petit merdeux... un jour, tu auras besoin de moi Callum. Je me rappellerais d'aujourd'hui et je te mettrais à genoux !
_ Cause toujours Bambi !
_ Bon dieu, Callum, non ! T'avais promis de ne plus sortir ce putain de surnom !
_ Ah bon ? Je ne m'en souviens plus... mon petit Bambi.
Ils continuèrent leur chamaillerie durant tout le trajet jusqu'au petit restaurant sur madison street. Callum et Aedan avaient un lien d'amitié puissant qui les unissait et à ce moment-là, il était aussi perceptible qu'une brise d'été. Le genre de lien qui touchais facilement au cœur quand on était malheureusement habituée au relation basé sur le profit et l'hypocrisie.
_ Ça va Léona ? me demanda Callum en prenant ma main, juste avant d'entrer dans le restaurant.
Il avait remarqué mon trouble. Ce dernier disparu cependant à l'instant où je sentie la chaleur de ses doigts sur ma paume, remplacé par un violent désir.
J'ai envie de l'embrasser, de le...
Je pressais sa main dans la mienne : l'éclair d'excitation qui passa alors dans ses prunelles, leur donnant un reflet métallique durant une seconde, me prouva qu'il savait ce que je ressentais.
Merde, c'est pas vraiment le moment pour me jeter suis lui...
Je fis alors mine de n'avoir rien remarqué.
_ Ça va Callum, merci, affirmais-je tant bien que mal, puis entrais dans le restaurant.
Ouf, ma voix n'a pas tremblée.
Aedan se douta de quelque chose en nous apercevant mais ne dit rien. Je le remerciais intérieurement.
_ Commandons, décida-t-il. J'ai la dalle !
Je me pris un Fish and chips. Callum et Aedan ayant une faim de loup, ils prirent des hamburgers, des œufs au plat, des frites et du bacon. Au dessert je goûtais la fameuse tarte tatin qui avouons-le, était quasi orgasmique. Aedan se prit un café et Callum, des cookies chocolat-beurre de cacahuète en plus de sa part de tarte. Soit dit en passant, j'aurais adoré être à la place de ses desserts, vu la façon dont il les mangeait. Ce bec sucré devait sûrement être aussi gourmand au lit... et j'avais hâte de passer entre ses mains.
Aedan repartit après le déjeuner tandis que Callum et moi allâmes récupérer sa Camaro, direction Washington Square. J'y fis le plein de produits et de vêtements de première nécessité avec un Callum parfois choqué, parfois amusé. C'était assez drôle d'ailleurs.
_ Je n'aurais jamais pensé qu'une femme avait besoin d'autant de choses, déclara-t-il après avoir démarré.
_ Et je n'ai pris que le basique, ajoutais-je. Encore merci pour tout ce que tu fais moi. Je me doute que tu devrais avoir des choses bien plus intéressantes à faire. Je t'en suis...
_ Pas vraiment, non. À vrai dire, sans toi je serais sûrement en train de passer le temps mater un film ou de travailler sur de nouveau motifs. Alors aider une damoiselle en détresse, surtout si elle est jolie, ça change agréablement de mon quotidien ! D'ailleurs, je souhaite ce soir mon premier paiement prouvant ton immense gratitude.
OK... ce mec se rend compte de combien sa phrase peut être mal interprété ? Quoi que... après tout, il ne sait pas toutes les scènes torrides qui me passe par la tête quand je le regarde...
_ Oh... et je te paye comment ? Demandais-je innocemment en l'observant du coin de l'œil.
L'enfoiré osait me sourire, des étincelles dans ses yeux gris. Je sentis mes joues rosir.
_ En nature. Je n'en peux plus d'attendre. Et vaut mieux que ce soit bon, sinon faudra recommencer encore et encore pour que le paiement soit validé.
Ça y est. Cet homme a réussi à me faire mouiller mon shorty.
_ Passons à la superette avant de rentrer, ajouta-t-il alors que mon cerveau fondait, Je ne crois pas avoir tout ce qu'il faut. Surtout le chocolat !
Hein ?
_ Du chocolat ? Mais... pour en faire quoi ? Balbutiais-je.
_ Ben mon gâteau Léona ! Je veux un énorme mi-cuit au chocolat. Avec de la chantilly. De quoi pensais-tu que je parlais ?
Annotations