Tout commence par la lenteur, l'observation, les gestes doux, l'immersion par la tendresse que déchaîne la passion. Esclave d'une envie, ou maître d'un désir, qui dans aucun attrait ne montre qu'un jour s'effacera le plaisir. Exaltations, providences, confidences, aliénation de notre espace par cet autre qui n'apporte que sourire. C'est là le départ d'une évasion qui dans ses rouages, n'a pas l'air de nous amener à l'obsession. Tout est simple. Le cœur en cage s'est libéré, l'obstacle est oublié, l’orgueil se rend humble. Les pupilles se dilatent, l'existence parait pure, les poils s'hérissent. C'est le frisson d'un amour voué aux délices. C'est le début, la mise en forme, qui, ludique et créative nous éduque à pénétrer le monde de l'autre, pour que cette personne pénètre dans le notre. C'est l'évidence, la trouvaille du destin, qui nous projette dans des idéaux, parfois de manière brutale, parfois par touches subtiles. Nous voilà, dans les prémices d'une idylle, qu'on croit puissant, solide, vaste et protecteur.

Tout se poursuit, dans la confiance. On se partage la vie, comme on se partage les parts d'un gâteau au goût tendre, tel la délicate saveur de nos baisers langoureux. Tout s'imbrique de façon à nous étendre, toujours un peu plus dans un sable mouvant, qui engloutissant nos corps, semble nous masser. On s'y sent bien, le vent qui tourne on n'y fait pas attention. ' Nous c'est différent !' , pensons-nous. Et c'est vrai qu'on y croit, en équilibre sur un fil, qui par les apparences à l'air d'une poutre stable. C'est ce que l'on cherchait. L'autre est une assurance, et les projets se font claires, les promesses font rêver. S'installe un dynamisme, une cohésion, l'histoire prends son sens, au delà de ce qu'on s'imaginait.

Puis, vient les premiers désaccords. Les cordes éclatent, certaines mélodies sont arrêtées. On ne danse plus, on ne chante plus, on ne rit plus. Tout a l'air plus sérieux, ou peut-être plus vague. Les événements sont contre nous, et nous nous accusons, pour des fautes qu'on ne remarquait pas à l'éclosion. La colère, le doute, la jalousie, le sentiment de ne pas être compris. Est-ce qu'on s'aime vraiment ? Oui, évidemment. Alors on se débat, mais on se retrouve, en se calmant. Un temps seulement car chaque mésentente grossit le trait, qui gâche toujours un peu plus, le grand tableau blanc sur lequel on s'était promis de ne jamais dessiné des regrets.

Enfin, tout se contracte, on ne s'écoute qu'avec la force. Cet Amour devient faiblesse, puisqu'il nous écorche. On songe à l'idiotie de repartir sur de bonnes bases, mais on se prends toujours une bonne claque. Comme si la vie nous disait stop, comme si l'Amour sonnait faux, et le désamour gratte un peu plus de place par les piques lancés, depuis les lucarnes de notre château fort : l'Ego. L'histoire sans fin, se voit ponctuer de points de suspension, puis d'un gros point d'exclamation, et enfin d'un point final. On cherche ce qu'on a bien pu apprendre, mais rien n'y fait, tout est moche, les bons souvenirs sont oubliés, et on s'en veut autant qu'à l'autre. Ça n'en valait pas la peine, au final " Nous, c'était pareil ! " . Viens la mélancolie, la solitude. Mais pourquoi s'y étaler ? ...

Il faudra alors des mois, des années, pour se refaire. La suite on la connait : il y a cet autre , tout nouveau , qui viendra toqué à notre cœur abîmé et on se dira : " Tout commence par la lenteur, l'observation, les gestes doux, l'immersion par la tendresse que déchaîne la passion, etc... "