Chapitre 5
Löwenn
Löwenn ouvrit les yeux dès les premiers rayons du soleil. Encore endormi, il attrapa sa canne. En prenant appui sur elle, il ouvrit les rideaux éclairant son petit studio de fonction. Le jeune homme attrapa sa prothèse qu’il accrocha à son moignon. Comme à son habitude, Il prit soin d’huiler les boulons de chaque partie qui composait sa fausse jambe, afin qu’elle ne rouillât pas. Puis il enfila le manteau bleu nuit de la garde royale que son frère lui avait fait livrer, avant de le rejoindre au palais.
Arrivé sur place, Löwenn fut dévisagé par la moitié de ses collègues. Une assistante, partit à sa rencontre et l’emmena devant la salle des crises du Palais. Löwenn songeait à son nouveau poste auprès de son frère aînée. D’après les dires de Gerda, Jérémiah serait au service du prince Karsten. Veillant à sa sécurité et surtout à couvrir ses frasques. Il attendit un long moment avant que les portes massives de la salle des crises ne s’ouvrissent. Le prince Karsten fit son entrée accompagnée de ses conseillers. Le parfum de son frère embaumant le couloir.
Dans ses vêtements en fil d’or et en fourrure, le prince Karsten ne prêta pas attention à Löwenn, déversant sa colère sur Jérémiah.
- Mon père ne m’a pas donné Orald sur un plateau pour que des rebelles viennent tous saboter sur mon propre royaume ! hurla le prince hors de lui.
- Nous pouvons faire appel à l’armée de votre père, pour arrêter ces guérillas, suggéra Jérémiah
- Et me faire passer pour un gamin incapable de gérer un pays ! s’écria-t-il furieux.
- Prince Karsten, vous ne devriez pas sous-estimer les rebelles, conseilla Jérémiah en gardant son calme.
- Ce ne sont que des guérillas ? des embuscades ? des détournements de marchandises ? Mon armée les arrêtera sans problème, j’aurai sa tête ! déclara-t-il en partant vers ses appartements, laissant les frères seuls.
- Ça ! C’est une crise d’ado, lança Löwenn ironique.
- Un peu de tenu c’est ton monarque ! Et aussi un petit con ! répondit Jérémiah le sourire en coin.
Puis Jérémiah conduisit son frère à son bureau.
Il attrapa un dossier qu’il tendit à son frère. Löwenn l’ouvrit, et y trouva des témoignages écrits qu’il prit soin de mettre de côté. Et se focalisa sur la description d’une jeune Reila aux cheveux argentés.
- C’est ta cliente, le prince veut qu’on la retrouve vivante, affirma Jérémiah
- Je vois, où a t- elle été vue pour la dernière fois ? interrogea Löwenn méthodiquement.
- D'après des témoins oculaires et des sources sûrs ! Elle est dans l’Underworld où on a perdu sa trace, répondit son frère, contraint
- Malheureusement, j’ai une rébellion à déjouer, affirma Jérémiah, ironique
- Je pensais que vous ne descendiez jamais, lança Löwenn perdu
- Seulement pour les affaires privées du prince, répondit vaguement Jérémiah.
- Il tient à garder cette affaire secrète. Et il se trouve que tu es la seule personne en qui je fais entièrement confiance, avoua-t-il fièrement.
- On se retrouvera sûrement en bas. Mais pour l'heure, allons prendre le petit – déjeuner, déclara Jérémiah.
Löwenn remercia son frère puis le suivit. Sur le chemin, ils se remémorèrent les bons moments passés ensemble.
Will
Pendant ce temps, à l’Orfenia, Will était relayée au rang de serveuse.
Le service du matin avait à peine commencé que le bar restaurant était déjà remplis de soldats Orféniens, attirés par les effluves de la cuisine. Will passait de table en table, prenant les commandes. Lorsqu' elle revint auprès de Hàlcon.
- Tu vois quand tu veux tu peux être utile, la table deux a besoin d'être nettoyer ! lui lança-t-il avec dédain.
Will, enragée, ravala sa colère. Elle, qui excellait dans l’art du combat, était furieuse de se retrouver à faire la femme de ménage.
Elle repartit auprès de ses tables lorsqu’ elle croisa à l’entrée, le regard bleu azur de deux hommes haut gradé aux manteaux bleu nuit. Will se figea livide, découvrant avec stupeur, le visage du meurtrier de son père, le roi d’Orald et celui qui a livré sa mère en pâture aux soldats. Elle resta tétanisée, assaillie par d’horribles souvenirs, de cet homme qui avait forcé sa mère à faire toutes ces choses dégradantes. Déstabilisée, elle demeura silencieuse, les fixant avec effroi lorsqu’il vint à sa rencontre, son horrible parfum lui montant à la tête.
- Est-ce que vous allez bien mademoiselle ? lui demanda-t-il en remettant ses lunettes. Will reprit ses esprits.
Jérémiah
Löwenn et Jérémiah suivirent la serveuse qui les mena à leur table. L’odeur des plats embaumait l’air, projetant Löwenn en plein enfance, lui rappelant les plats de chez eux. Dès lors qu'ils s’installèrent la serveuse les laissèrent choisir leur plat. Löwenn survola la carte, lorsqu'il remarqua que Jérémiah ne quitta pas la serveuse des yeux. Il était comme subjugué.
- Qu’est-ce que tu me recommande ? demanda-t-il, en le sortant de ses rêveries
Jérémiah sortit de ses songes puis interpela la serveuse qui revint.
- Qu’est-ce que je vous sers ? demanda-t-elle avec un sourire
- Ce sera deux plats du jour, dit-il
- Et deux verres de lait chaud, ajouta Jérémiah en balbutiant.
La serveuse repartit avec la commande.
- Eh bien ! Je ne t’avais plus vu bafouiller devant une fille depuis l'école militaire ! lança Löwenn amusé
- Tu as raison ! répondit Jérémiah, en contemplant Will.
Blake
Blake émergea péniblement de son lourd sommeil.
Il sentit que sa blessure avait été pansée et nettoyée. En se relevant, il découvrit la petite Reila qui dormait paisiblement sur le rebord de son lit. Il releva ses longs cheveux argentés, et aperçut les fameuses boucles d'oreilles en argent des Reilas, qui se portaient sur le cartilage de l'oreille. Ces fameuses boucles d'oreilles devaient valoir une fortune. Plusieurs questions se bousculaient dans sa tête.
- Que lui est-il arrivé ? Que fait une Reila loin de la forêt sacrée de Reilisium ? Surtout que fait elle sous terre ?
Blake savait qu’habituellement, les plus belles femmes s’arrangeaient toujours pour rester à la surface, et que seuls les drogués et les handicapés finissaient dans l’Underworld. Au fond, il s’en fichait royalement. Blake se rapprocha un peu plus de la petite Reila, lorsque celle-ci s’éveilla doucement.
- Bonjour, lui murmura-t-il avec douceur.
Celle-ci se leva brusquement, posant sa main sur le front du jeune homme et l’autre main sur le sien. Celui-ci sursauta surpris, elle attrapa son poignet, prenant le pouls du jeune homme. Blake ne comprit pas sa démarche.
- Ça fait combien de temps que je dors ? demanda-t-il perplexe.
- Un jour, répondit elle, en écrivant sur un papier.
Blake se leva brusquement.
- C’est pas possible ! autant !? s’exclama-t-il.
Haydée lui tendit une note que Blake, lut à haute voix.
- J’aimerai que vous m’aidiez à traverser l’Underworld. Je vous en serai très reconnaissante monsieur Blake.
- Et pourquoi, je ferais ça ? lui demanda-t-il, avec dédain.
Haydée, révoltée, griffonna à toute vitesse sur sa note que le jeune homme lut de nouveau.
- Je vous ai sauvé la vie avant hier soir ! Vous seriez mort sans moi !
- Vraiment ? n’oublie pas que c’est moi qui t’ai sauvé des Minotaures ! lui affirma-t-il en froissant sa note.
La petite Reila s’offusqua, rédigeant une note assassine qu’elle donna à Blake.
- Je faisais trop de bruit ! Et vous m’avez aidée uniquement pour éviter que les Minotaures nous rattrapent ! Lut -il, intrigué.
- C’est pas faux ! avoua t-il pensif.
Haydée le fixa avec insistance.
- C’est plutôt rare qu’on me demande de traverser l’Underworld mais je veux bien essayer, affirma t-il avec dédain.
La petite Reila se réjouit alors.
- En échange, tu me fais passer à Reilisium, ajouta-t-il avec une idée derrière la tête.
Puis le jeune voleur se rapprocha d’elle, lui tendant la main.
- C’est d’accord ? lui demanda-t-il.
La petite Reila le fixa dans les yeux puis lui serra la main, acceptant “leur marché”.
Puis Blake l’emmena à l’endroit exact où elle l’avait rencontré la seconde fois. Postés devant un pont qui enjambait le conduit d’eau sale, il vérifia que tout était en place. Haydée remarqua qu’il y avait des tonneaux percés, accrochés à des cordes qui flottaient dans le conduit. Blake en attrapa un, l’ouvrit et y sortit une capsule qu’il dévissa. Il retira le filtre puis but une gorgée d’eau sous les yeux abasourdis de la petite Reila.
- C’est parfait ! Je pourrais les échanger aux Guanas, s’extasia t-il.
Puis le jeune voleur lui tendit la capsule. Elle scruta d’un air dubitatif, l’eau légèrement troublée au fond de la capsule. Haydée y trempa les lèvres avant de grimacer de dégoût.
- Il faudra t’y faire, c’est le seul moyen d’avoir de l’eau potable ici, déclara-t-il en se moquant d’elle.
Puis le jeune voleur rangea cette capsule dans sa poche avant de quitter le conduit, suivit d’Haydée.
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