Chapitre 8

8 minutes de lecture

Löwenn

Après avoir pris en charge et valider le transfert du petit orphelin, Jérémiah ramena son frère cadet chez lui. Le ton monta entre les deux frères dans le luxueux hall d’entrée de Jérémiah. Leur discussion houleuse se répercutait sur les vitraux du hall.

- Je t’offre une piste sur un plateau d’argent et je me retrouve à parrainer un orphelin ?! s’exclama t-il, hors de lui
- Je te rembourserai ! coupa Löwenn déçu par sa réaction.
- Là n’est pas le problème ! Tu viens à peine de commencer, Löwenn ! Que vont dire les autres ? Que va dire mère ? s’écria-t-il, abasourdi.
- Il allait mourir Jérémiah ! Je ne pouvais pas le laisser se vider de son sang sans réagir ! contredit-il.
- Les morts et les actes abominables font partis de notre métier, je croyais que...

Jérémiah n’eut pas le temps de terminer sa phrase que Löwenn le coupa net

- Il serait mort à cause de moi ! Et ça, je ne me l’aurais jamais pardonner ! La famille, notre réputation peuvent bien aller se faire foutre ! hurla-t-il sur les nerfs.

- S’il s’en sort, tu te chargeras de lui trouver un travail et de faire son éducation ! S'il embarrasse notre famille, tu entendras parler de moi ! menaça Jérémiah en regagnant sa chambre.

Löwenn retrouva la chambre d'ami, profitant du calme pour se laver du sang de l'enfant et de la saleté. Il passa la main sur sa blessure superficielle. Une fois propre, Löwenn retira sa prothèse et s'écroula sur le lit épuisé.

A son réveil, le jeune épéiste se prépara, avant de rejoindre son frère et sa belle-sœur dans la salle à manger.

- Jérémiah aime faire les choses en grand, se dit -il en contemplant la décoration de sa demeure.

Il scruta, les bas-reliefs de motif floraux en bois massif qui ornaient les plafonds de ses couloirs, tout en foulant les luxueuses tapisseries qui jonchaient le sol. La salle à manger était composée de grandes baies vitrées, avec vue sur le jardin. Il retrouva sa belle-sœur, qui déjeuna seule. Dans sa robe de chambre, ses longs cheveux bruns trainant au sol, elle souffla sur son thé encore chaud.

- Löwenn ? demanda-t-elle, en le discernant à peine. Löwenn la serra contre lui, ravi de revoir sa belle-sœur.

- Deux ans sans nouvelles ! Tu te rends compte ? s’exclama-t-elle.

Löwenn s’en excusa
- Désolé Gerda..si j’avais su, s’excusa-t-il
- Le principal c’est que tu es là, dit-elle radieuse.

- Tu n’étais pas obligé d’aller si loin et dans un lieu si hostile, affirma-t-elle, en le sermonnant.
- J’avais juste besoin de changer d’air ! De partir loin, où mon nom de famille ne voulait rien dire, répondit-il, avec franchise
- Sincèrement Löwenn, je te connais par cœur ! Je sais pertinemment que quelque chose t’a contrarié, déclara-t-elle sûre d’elle.

Löwenn se mura dans son silence. Observant ses moindres faits et gestes, il remarqua qu’elle peinait à discerner les couverts et les plats autours d’elle. Il savait qu’au fond de lui, Jérémiah ne l’avait pas prise au sérieux lorsque sa maladie s’était déclarée.

- Je sens qu’il y a quelque chose, qui ne va pas ! affirma t-elle inquiète

- A une époque, tu me racontais absolument tout ! Et je suis toujours là pour toi ! ajouta-t-elle avec un regard vitreux.

- Je crois que j'ai fait une grosse connerie. Au pire, j’ai tué un enfant de sept ans, au mieux je l’ai rendu manchot, expliqua-t-il plein de remords.

Gerda s’approcha de lui, en cherchant ses mains.

- Jérémiah m’a raconté que les enfants t’avaient attaqué, ajouta-t-elle, en lui relevant la tête.

- La vie sous terre les a rendu complètement dérangé ! Ce sont plus des animaux sauvages plutôt que des êtres humains. La première année que nous avons emménagé ici, Jérémiah avait été témoin de tant de choses inimaginables qu’il n’en dormait plus la nuit. Mais malgré tout, il continue à se lever tous les jours pour servir notre prince ! expliqua-t-elle en le rassurant.

- Je ne reconnais plus Jérémiah ! Tant il a changé, depuis qu’il est à Orald, avoua Löwenn la vague à l’âme.

- Je pense que tu as fait le bon choix pour ce garçon. Si tu peux, au moins en sauver un, ce sera ça de gagner ! affirma-t-elle, en reprenant sa place.

En attrapant sa tasse de thé, elle renversa le contenu sur son beau-frère qui se leva, ébouillanté.
- Je suis sincèrement désolée ! y a-t-il quelqu’un pour nous aider !? s’écria-t-elle en appelant les domestiques. Löwenn la rassura en s’essuyant.

- Regarde nous cousine ! Tout le monde se moque de nous, déclara-t -il attristé.

- Jérémiah est complètement dérangé sauf qu’il ne l’avouera jamais ! ajouta-t-il avec moquerie.

Gerda se mit à rire.

- Nous ne choisissons pas notre famille et la nôtre est loin d’être parfaite. Au fond, outre les pressions pour avoir un bébé ou une femme, notre famille pense à notre bien avant tout, déclara-t-elle avec le sourire.

Haydée

Haydée et Blake arrivèrent devant un large entrepôt, où de la lumière et des cris de joie s’y échappèrent. Blake lui expliquait qu’il s’agissait de l’arène de l’Underworld où tous les hommes s’y rendaient pour manger le perdant, combattre, ou parier sur un combat et se faire un maximum d’argent.

À l’entrée, Blake et Haydée se présentèrent au videur. Celui-ci échangea des banalités avec le jeune voleur avant de lui ouvrir les portes de l’arène, leur dévoilant un long couloir assez vétuste. Haydée était méconnaissable, vêtue d’un long manteau informe, d’un pantalon trop grand et d’un énorme béret qui contenait ses cheveux argentés.

En entrant dans le couloir, elle remarqua les ossements des combattants, accrochées le long des murs. Elle rejoignit Blake en vitesse.

- Avant d’aller plus loin ! Il faut que je te dise que c’est le gang des Minotaures qui contrôle cet endroit ! Alors évite de te faire repérer sinon on aura des ennuis !

Haydée acquiesça concentrée.

- Ça ne sera pas très long ! J’ai juste besoin de passer un deal avec les Guanas pour les filtres à eau, ajouta Blake avec sérieux.

Haydée se crispa et s’arrêta net.

- Surtout passer ce couloir ! Dis-toi bien que tu n’es plus une fille, déclara-t-il avec conviction.

Tous deux entrèrent dans la salle principale de l’arène de combat. Haydée regarda autour d’elle, l’immense salle. Au fond se trouvait un long bar où le cuisinier préparait les restes du perdant. Au centre de la salle se trouvait une énorme cage où Haydée ne put voir distinctement l’intérieur à cause des centaines d’hommes entassés autour d’elle. La petite Reila se tourna vers Blake, celui-ci semblait nerveux.

- Fais chier ! Les combats ont déjà commencé ! On aurait dû arriver plus tôt !
Puis le jeune homme empoigna Haydée, tout en se frayant un chemin à travers la masse d’hommes, il l’entraina au premier rang.

Le combat avait déjà commencé, c’était un Guanas qui combattait un autre homme.

- Les règles sont simples ! Tout est permis tant que tu es le dernier debout, chuchota-t-il, à l’oreille de Haydée.

- Lui, c’est Drakane, l’un des trois frères à la tête du gang des Guanas, murmura-t-il en désignant le dans la cage.

Haydée l’observa attentivement, il avait la peau vert turquoise et des écailles dorsales écarlates.

L’homme était bien amoché, on pouvait à peine distinguer son visage tant il était lacéré par les griffes du Guanas. Drakane grogna, hérissant ses écailles dorsales, montrant toutes ses dents aiguisées. L’homme fonça tête baissée sur Drakane, en tentant de lui décocher une droite. Mais Drakane esquiva son attaque et plongea ses crocs dans la nuque de son assaillant lui arrachant un bout de chair. Le tout sous les cris et les encouragements du public alentour. L’homme vacilla, la gorge pissant le sang mais Drakane ne s’arrêta pas là. Il planta ses griffes dans les tripes de son ennemi, ouvrant son ventre, sortant ces boyaux sous les yeux paniquée d’Haydée. Le son des tripes et des os brisés réveilla d’horribles souvenirs en elle, des souvenirs qu’elle voulut à tout prix oublier. Blake ne réagit pas, subjugué par le combat. Haydée se fraya un chemin à travers la foule endiablée et s’assit à l’une des tables à proximité, en tentant de se calmer.

Lorsque le combat prit fin, la foule se dispersa. Blake rejoignit la table d’Haydée.
- Alors ça t’a plu ? demanda-t-il
Haydée secoua la tête, en lui montrant la sortie
- ah les femmes ! s’exclama-t –il.

A ce moment-là, Drakane rejoignit sa tablée où l’attendaient Gahan, son frère cadet et ses hommes de mains. Les Guanas chahutaient et vantaient la force de leur supérieur.

Blake le remarqua aussitôt.

- Je reviens, ne bouge pas, dit –il à Haydée en ne détournant pas le regard de ceux-ci.

Puis le jeune homme partit à leur rencontre.
- Quoi de neuf, les mecs ? dit-il
- Qu’est-ce tu veux Blake ? siffla Gahan, ses écailles dorsales relevées.
- J’ai quelque chose qui pourrait vous intéresser, déclara-t-il, en sortant la capsule d’eau potable.

Les Guanas étaient surpris de voir une eau aussi claire.

- J’ai sa grande sœur qui peut contenir au moins 10L, déclara le jeune voleur, sûr de lui.

- Que veux -tu en échange ? lui lança Drakane intrigué, en repliant sa longue queue en écailles.

- Deux litres de sérum bleu et mille pièces d’or, répondit-il, sûr de lui.

Puis Blake et les deux frères Guanas se mirent à marchander.

Löwenn

Löwenn se rendit à la clinique d’ Orald, où Il fut accueilli par les infirmières qui lui indiqua la chambre du petit garçon. Arrivé dans sa chambre, il le découvrit entrain de dévorer avec appétit son panier repas, sa blessure avait été nettoyée et soignée. Le garçon sursauta en apercevant Löwenn.

- Je ne te veux aucun mal, affirma-t-il, en se rapprochant de lui.

- Vous venez m’ achever ? lança-t-il, une fourchette à la main.
- Je voulais m’assurer que tu allais bien, répondit Löwenn, maladroitement.
- C'est vous M'sieu Stoltz ? Celui qui m’a amené ici ? affirma t-il surpris.
- Oui, et toi comment tu t’appelles ?
- Wiesel, m'sieur Stoltz !
- Wiesel, Tu es sous ma responsabilité désormais, dit-il en s’asseyant sur le rebord du lit.
- Ça veut dire que vous z’ êtes mon chef ! lança-t-il en posant sa fourchette.
- Pas seulement, tu seras nourris, lavé et logé. Tu apprendras à lire, écrire et à compter, ajouta t-il en esquissant un sourire.

Le petit garçon se perdit dans ses pensées
- Je préférai me battre comme vous M'sieur Stoltz ! Vous nous avez foutu une énorme raclé ! s’exclama-t-il admiratif
- Contre des enfants ! Ce n’est pas très glorieux, répondit Löwenn, embarrassé.
- Quand on attaque tous ensemble, personne se relève ! Mais là, je n'ai plus de bras, déclara-t-il, en mangeant son panier repas.
- Si tu es sage, je t’enseignerai la voie du sabre, déclara-t-il en voulant se racheter.

Le jeune garçon, remplit de joie se jeta dans ses bras le remerciant chaleureusement.

- Au fait, pourquoi vous cherchez Blake ? interrogea le jeune garçon

- Je recherche surtout la Reila qui l’accompagne. Peux-tu me parler de lui ? demanda-t-il, en sortant un calepin et de quoi noter.

Puis Wiesel raconta tout ce qu’il savait sur Blake sous le regard attentif de Löwenn.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire ShameLess ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0