Chapitre 3
Löwenn
Pendant ce temps dans le palais royal, Löwenn monta les escaliers en bois massif. Tout ceci lui paraissait si soudain, lui qui venait à peine de quitter les Monts enneigés de Acantilados. La jeune recrue était à la fois nerveuse et tendue de retrouver son frère - aîné à la tête de la garde royale du prince d’Orfenheim.
Passant, nerveusement ses doigts dans ses cheveux bruns, Il traversa d’un pas décidé les longs couloirs luxueusement décorés d’œuvre-d ’art. Löwenn avait peu d’informations sur son nouveau poste, il savait juste qu’il devait remplacer un collaborateur, parti à la retraite dans la brigade de son frère aînée.
De plus en plus tendu, il s’arrêta un moment devant une fenêtre en soufflant. Son regard azur se perdit dans l’horizon, les lumières scintillaient comme des étoiles au milieu du noir. Löwenn avait l’impression que tout était mort au-delà de cette clarté. Orald était une ville - état, située au milieu d’une mer asséchée, mais elle demeurait un très bon point de relais entre les autres pays. La ville était si petite que certains habitants étaient obligés de vivre sous terre. Löwenn constata que l’occupation Orfénienne était bien vu auprès des riches actifs, mais qu’en était-il de ceux qui vivaient dans l’Underworld ?
Il reprit ses esprits et arriva devant une porte majestueuse en or et en bois massif. Il prit une grande inspiration puis ouvrit les portes. Il aperçut son frère qui contemplait la capitale. Celui-ci le salua, ravi de le revoir après ces deux années de séparation. Löwenn fut surpris de constater que l’horrible parfum de son frère, lui avait manqué.
- J’espère que tu as fait un bon voyage ? lui demanda-t-il ravi
- Plutôt bien ! Tu as l’air en bonne santé Jérémiah, répondit Löwenn, nerveux
- C’est étrange de retourner à la civilisation, n’est-ce pas ? lança-t-il avec ironie
- Le plus étrange c’est surtout de vivre dans une ville perdue au milieu d’une mer asséchée, répondit Löwenn, surpris.
- Cette ville est bien trop petite à mon goût, mais je pense qu’elle te plaira ! Tout comme le bleu nuit de la garde royale, ajouta Jérémiah tout sourire, en prenant place derrière son bureau.
- J’aurais surtout l’impression de prendre la place de quelqu’un d’autre, répondit Löwenn avec des remords.
- Löwenn, tu es un Stolz ! Il est clair que tu aurais passé les concours sans problème ! J’accélère juste la procédure ! expliqua Jérémiah, sûr de lui en nettoyant ses lunettes.
- Ce n’est pas correct ! Ce n’est pas ce que père nous a toujours répété…répondit-il, irrité.
- Je t’offre l’opportunité de travailler dans les meilleures conditions du monde. Ton talent aurait été gâché dans cette montagne, perdue au milieu de nulle part. Donc saisis cette chance, coupa Jérémiah excédé.
Löwenn se ferma, irrité. Jérémiah se leva de son siège, s’appuyant sur son bureau, joignant ses mains vers sa bouche.
- Je suis désolé, dit -il en prenant une grosse inspiration.
- En fait c’est surtout pour Gerda que je fais cela, avoua-t-il d’un air grave
Löwenn se figea surpris.
- Et mère aussi ! Elles étaient si inquiètes toutes les deux ! Si tu savais à quel point, elles m’ont rendu la vie difficile, se lamenta -t-il.
Löwenn se mit à rire.
- Déjà qu’une c’est difficile, alors les deux, affirma-t-il en se moquant de son frère.
- Je sais que tu n’es que de passage. Et que tu n’as qu’une hâte, repartir à l’aventure autour du monde. Mais j’aimerais que tu reconsidères ma proposition, expliqua-t-il sérieusement.
Löwenn ne dit pas un mot.
- Fais-le pour mère, te savoir ici la soulagerait, affirma-t-il avec compassion.
- J'ai déjà signé le contrat ! Donc je crois que tu vas être bloqué avec moi pendant un long moment, lança Löwenn, avec sympathie.
Jérémiah s’en réjouit et invita son frère à lui raconter sa vie à Acantilados autour d’un verre après son travail.
Will
Will parcourut la ville, en se remémorant les souvenirs passés dans sa ville natale. Cela faisait plus de dix ans, qu’elle avait fui l'invasion Orfénienne. Elle rejoignit le groupe des rebelles à l'Orfenia, un bar prisé des officiers et généraux Orfénien.
En arrivant, une odeur de poissons grillés embaumait l'air. Will se présenta au tavernier qui la scruta de la tête aux pieds.
- Will ? C’est bien ça ? précisa-t-il. La jeune femme acquiesça.
- Je voulais te remercier de m’avoir sauvé la vie ! Sans toi je serai déjà mort ! Et tout s’est passé si vite ! Ils étaient cinq contre moi ! Je n’ai pas eu le temps de souffler que tu les avais déjà massacré ! s’exclama-t-il reconnaissant.
- C'est normal... Mais comment t’appelles-tu ? demanda-t-elle gênée
- Kenneth, répondit-il en lui serrant la main.
- Enchantée fit elle avec le sourire
Puis il la fit passer en arrière-boutique ou le reste des rebelles l'attendait. Au milieu de la charcuterie et des tonneaux de bière, ils planifiaient leur prochain coup. A la fin de la réunion, elle fut prise à partie par Hàlcon, le bras droit du leader. Il rétracta ses ailes et ses serres. Son regard perçant, et ses plumes s 'hérissèrent tant il était contrarié
- Ta place n'est pas ici ! lui dit il excédé
Will le dévisagea. Hàlcon était un Zolos, un homme faucon, des Montagnes de Acantilados. De ce fait, il pensait que les femmes n’avaient pas leur place sur un champ de bataille mais plutôt dans le nid à s’occuper des oisillons.
- Je veux vous aider ! affirma-t-elle avec détermination
- Es-tu consciente des mois de travail, de filature et de couverture qu’il nous a fallu pour arriver jusque-là ? Nous sommes si proche du but ! Il est hors de question que je te laisse tout gâcher ! Tu retournes au quartier général auprès de notre leader ! déclara-t-il, les plumes de son cou s’hérissant.
- Vous aviez besoin d’un homme supplémentaire ?! C'est moi que le QG a choisi pour mener à bien cette mission ! De plus je connais le palais comme ma poche ayant grandi là-bas, affirma-t-elle résolue.
Les autres hommes prirent parti pour Will, Hàlcon face aux réflexions de ses hommes dû céder.
- Bon Ok ! Je me fiche que tu sois la chouchoute du leader ou que tu couches avec ! Mais tant que tu es dans mon équipe, tu écoutes ! Et tu fais ce qu’on te demande ! ordonna-t-il irrité.
Sur ses paroles, Hàlcon repartit rejoindre le reste du groupe.
Un peu plus tard, le Barman vint à sa rencontre et lui présenta sa chambre. Will y déposa ses affaires et y sortit ses armes dont l'épée que le leader lui avait confiée. Elle se souvint clairement du massacre de sa famille, qui s’était déroulé dix ans auparavant.
Du haut de ses neuf ans, la petite Will avait dû faire face à l’insoutenable. Cachée par sa mère, elle s'était repliée sur elle. Bouchant ses oreilles, fermant les yeux. Les bruits et les cris de douleurs de sa mère lui étaient insupportables. La petite princesse se sentit si impuissante, si faible, souhaitant que tout cela s’arrête.
Des minutes et des heures passèrent, les cris de sa mère finirent par s’arrêter, suivit des rires des soldats Orféniens, lorsqu'ils l'extirpèrent de sa cachette. La petite Will, pétrifiée, hurlait de terreur. Pendant qu'ils la maintenaient violemment au sol, par les chevilles et les bras. La petite fille se débattit comme elle put, implorant sa mère de lui venir en aide, mais elle s'effondra en voyant l’état dans laquelle les soldats l’avaient mise. Son visage était méconnaissable, sa poitrine et ses parties génitales étaient complètement lacérées. D’immondes plaies profondes parcouraient son corps meurtri. Will se débattit de toutes ses forces mais en vain, les soldats continuèrent de la battre et de déchirer ses luxueux vêtements, arrachant ses sous-vêtements pendant qu'un des soldats retirait son pantalon, se préparant à rentrer en elle. Lorsqu'elle vit une lame transpercer l'estomac de son ravisseur. Celle -ci remonta jusqu'à sa tête coupant le soldat en deux.
Les autres soldats se ruèrent sur leur arme mais le protecteur était plus rapide. Il se jeta sur eux déversant sa rage, tranchant, coupant leurs membres dans une pluie de sang. La petite Will se replia sur elle-même, terrorisée. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle reconnut l'officier Ondal, le protecteur royal. Celui-ci rangea son arme et accourut au chevet de la reine. Celle -ci rassembla ses dernières forces, pour essuyer les larmes de son protecteur.
- Elle a tes yeux Ondal ! Tes yeux noirs ! lui dit-elle, en rendant son dernier souffle.
Celui - ci s'effondra en la serrant dans ses bras. Lorsqu'ils entendirent les soldats Orfèniens, Ondal se précipita vers Will puis la couvrit avec sa veste d’officier
- Will, tu vas venir avec moi, d'accord ? dit-il, en la soulevant. Tous deux fuirent le palais, en empruntant les passages souterrains du palais qui menaient à l'Underworld.
Suite à cela, le roi d’Orfenheim offrit la capitale d'Orald à son fils unique, le prince Karsten. Dès lors, Orfenheim commença à envahir la majeure partie du territoire Oraldien, pillant toutes les ressources. Ils imposèrent leur couvre-feu et leur taxe qui conduisirent le pays au bord de la misère et de la famine. Ondal, à la tête de la résistance, menaient des guérillas, tout en sabotant les grands axes commerciaux, voulant se venger à tout prix d’Orfenheim.
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