IV. Entre deux chaises
Invisibles et vicieuses, les mains de la société
se baladent, se collent à moi, montent jusqu’au cou
et je vacille, m’étale dans la boue
et je sombre, j’étouffe, à jamais victime de l’humanité.
Tantôt douce tantôt violente, elle est à double tranchant
et je nage, je me noie, je songe aux rêves
tandis qu’il me faut être constamment un personnage vaillant
mais je coule, je suffoque, et, enfin, j’appelle à la trêve.
Assise ou allongée, le cœur fermé, l’âme muette
je plonge dans la noirceur de la tranquillité
et je cesse de parler, je me dissimule dans une ruelle
adjacente à ce dédale quotidien, loin d’être un havre de paix.
Succomber enfin, redevenir moindre
pour m'abandonner dans la quiétude de la nuit
Renaître peu à peu, évoluer davantage pour cesser de craindre
et mourir dans le tombeau pour sortir par le puits.
Enfiler des souliers, se chapeauter, s’en aller ailleurs
dans la forêt avoisinante, sur les promenades fascinantes
et se jeter dans l’abîme du renouveau, ajouter au cœur de nouvelles valeurs
dessiner l’excitant, esquisser le verdoyant.
Fuir le temps de quelques heures
ou quelques jours, comme je le voudrais tant
pour peindre les couleurs d’une nouvelle couleuvre.
S’évader dans l’immensité de l’océan
rebuffer la pression afin
de redorer le souffle de vie mirobolant
de ressusciter la joie et l’espoir à ma faim.
Entretenir ses chemins loin du tintamarre
et danser jusqu’au coucher de soleil
dans le silence des campagnards et des montagnards
jusqu’à bailler jusqu’aux corneilles.
Je reviendrai, demain encor
car la tempête est toujours là, immodérée
et plantée dans ce décor
qu’est la vie, une balance révérée.
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