Première clé – La critique du nihilisme

La première clé pour comprendre Nietzsche tourne autour d’une conviction fondamentale qui survole toute son œuvre, ce qu’il appelle la «critique du nihilisme».

Le piège pour le lecteur contemporain est que le terme «nihilisme» chez Nietzsche désigne le strict opposé de ce que nous, aujourd’hui entendons par nihilisme dans le langage courant. Ce que le lecteur comprend sous ce terme c’est le «nihil» en latin qui veut dire «rien». Le faite de ne croire en rien, à titre d’exemple : les punks qui n’ont pas d’idéal, aucune conviction, aucune valeur, aucune croyance etc.

Dans la pensée Nietzschéenne c’est absolument le contraire, le nihilisme se présente sous le fait d’avoir des convictions, d’avoir des idéo, des valeurs supérieures, des valeurs transcendantes. L’archétype de ce que Nietzsche appelle le nihiliste est le chrétien : celui qui a une foi inébranlable ; le communiste qui croit en la société sans classe et sans exploitation.

C’est donc celui qui a des idéo au nom desquels il va dénoncer la réalité car en effet, c’est toujours au nom de l’idéal que l’on va critiquer le réel, c’est toujours au nom d’un au-delà que l’on va critiquer l’ici-bas, au nom du ciel que l’on va critiquer la Terre. Et pour Nietzsche, la réalité est la seule vision abordable de ce monde.

Alors, la pensée de Nietzsche décrit que nous, humains, avons depuis des milliers d’années «inventé l’idéal» et ce, quel qu’il soit. Que ce soit le paradis des chrétiens, le communisme, un autre idéal religieux ou moral, l’être humain à créé un «idéal» pour nier le réel, pour nier la vraie nature du monde.

Entre autres, l’idéal c’est ce que Nietzsche appelle les idoles ( Dieu ; le communisme ) que nous avons créées pour nier le réel et pour dire qu’il ne vaut rien «nihil». D’où le titre de son livre : Le Crépuscule des Idoles (où il en annonce la fin par ailleurs ). ( une formule accompagne ce titre et lui donne son sens qui est « comment je philosophe avec un marteau » dit-t-il où il va utilisé le marteau pour casser les idoles ).

Le nihiliste a donc de fortes valeurs, un idéal supérieur et transcendant au nom duquel il pense que l’humanité doit être améliorée.

C’est justement de cela que Nietzsche prend le contre-pied. Un texte illustre cette idée de la philosophie au marteau (utilisé pour casser les idoles) :

« Améliorer l’humanité, voilà bien la dernière chose que moi j’irai promettre, n’attendez pas que j’érige de nouvelles idoles, que les anciennes apprennent plutôt ce qu’il en coûte d’avoir des pieds d’argile ».

Ce passage nous montre qu’aux yeux de Nietzsche, toutes les idoles de la métaphysique, de la morale, de la religion et même de la science, toutes les valeurs supérieures que l’humanité à inventées pour nier le réel et donner un sens à la vie, vont apprendre ce qu’il en coûte d’avoir des « pieds d’argile », des pieds fragiles et en terre que le marteau philosophique de Nietzsche va casser.

Pour résumer, sa philosophie va être d’entrée de jeu : la déconstruction des idoles, comme il dit : « Renverser les idoles, c’est ainsi que j’appelle tous les idéo, voilà plutôt mon vrai métier. C’est en inventant le mensonge d’un idéal que l’on a fait perdre à la réalité sa valeur, sa signification, sa véracité. Le mensonge de l’idéal a été jusqu’à présent la malédiction pesant sur la réalité. L’humanité même en est devenue menteuse et fausse jusqu’au plus profond de ses instincts, jusqu’à l’adoration des valeurs opposées à celle qui aurait pu lui garantir une belle croissance et un avenir.»

Alors, nous sommes amenés à nous demander, quelles sont ces valeurs opposées à l’idéal ? Serait-ce un nouvel idéal ? Cela serait assez contradictoire, Nietzsche inventerait une nouvelle idole ? Cela serait assez étrange car il dit bien qu’il n’invente aucune idole et qu’il est là pour détruire à l’aide de son marteau philosophique ceux du passé. Alors quelles sont ses valeurs ?