Les cauchemars de l'enquêteur
Ma Bien Aimée,
Je suis de nouveau en mission pour la curie… J’ai l’impression que ça n’en finit jamais et qu’il va encore falloir patienter avant de nous retrouver. Et pourtant, vous me manquez énormément.
Je me souviens avec émotions de cette dernière fois où nous nous sommes vus, quelques jours avant mon départ pour cet entretien avec le jeune musicien. Ce parfum que vous portiez, avec les effluves de rose et de tamarin... Un vrai régal ! Je ne vous l’ai jamais avoué, mais c’est ça qui m’a attiré chez vous la première fois que l’on s’est vus. Oh je vous imagine déjà lever vos yeux au ciel en lisant ces quelques lignes, mais je peux vous assurer : non, il n’y avait pas que votre décolleté qui m’a poussé à vous courtiser !
Il est vrai que votre poitrine et les robes bien échancrées que vous portez régulièrement sont particulièrement plaisantes à admirer. Je suis sûr que mes remarques vous font sourire, mais si vous saviez comme mes qualités de séduction et d’observation peuvent m’être utiles au quotidien !
En tous cas, je vous écris afin que vous puissiez consulter votre père sur le mystère qui m’entoure depuis que j’ai récupéré l’anneau de ma grand-mère et la relique de Sainte Marthe. Je ne perdrai pas votre temps si précieux à expliquer comment ces artéfacts sont entrés en ma possession, par contre, je me dois de vous conter les effets qu’ils produisent sur mon esprit qui en devient tourmenté.
L’anneau, d’abord, n’arrête pas de me mettre des images en tête… Je vous vois par exemple en train de me chevaucher comme cette nuit mémorable où votre père nous a laissés seuls dans sa bibliothèque… Je ne remets pas en cause vos qualités de cavalière émérite, ni ce souvenir bien entendu, mais cet anneau n’arrête pas de me donner des envies de luxure et de fornication. Je n’arrive pas à le faire taire. Et ne riez pas ! Vous n’êtes pas là pour en profiter et il me faut recourir à des moyens que la morale chrétienne réprouve…
Et maintenant, tout se complique, d’où cette lettre qui vous trouvera, je l’espère, rapidement, tellement je suis confronté à une situation que seule votre père pourra éclaircir. En effet, j’ai aussi réussi à récupérer un petit bijou ayant appartenu à Sainte Marthe. Vous le savez mieux que moi, je n’ai pas à vous l’écrire, Sainte Marthe a aidé à terrasser le monstre qui terrorisait tout le monde. Il va me falloir remettre rapidement cette relique à un représentant de Rome car ce sont des images de monstre que cet objet amène dans mon esprit ! Et là, c’est horrible… Le mélange entre la luxure d’un côté et le monstre de l’autre entraine mon âme dans des voies que le Seigneur ne saurait accepter.
En lisant ces quelques mots, vous comprenez mon désarroi. Je ne dors plus. Dès que je ferme les yeux, les visions les plus atroces s’enchainent et me laissent en sueur dans mon lit. J’en arrive à tout faire pour éviter de m’assoupir…
Ma chère et tendre, je compte sur vous. Et sur votre père ! Qu’il me dise ce que je dois faire pour échapper à cette double malédiction ! Je ne peux prendre le risque de les confier à quelqu’un tant que leur énergie négative n’est pas maitrisée !
Je vous embrasse amoureusement.
Votre dévoué Domenico, à vous éternellement.
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