L'ULTIMATUM
Les ombres dansaient sur les murs, et avec elles, les espoirs de la mère se fanaient peu à peu.
Elle regardait, toujours à l’arrière du véhicule, ses enfants endormis, leurs visages sereins, ignorants du danger qui les guettait. Mais dans le cœur de la mère, c’était l’angoisse qui dominait. L’angoisse de ne pas savoir si elle prenait la bonne décision. Si fuir, encore et encore, allait réellement les sauver. La peur de Boursicot, de l’homme qu’elle avait autrefois aimé et détesté à la fois, l’étouffait à chaque respiration.
Le téléphone vibra une nouvelle fois. c’était un message. Un message de Boursicot.
"Tu n’as pas beaucoup de temps. 15 minutes. Retourne chez toi ou… je trouverai un moyen de te retrouver. Et tu sais ce que ça signifie."
L’air devint plus lourd dans la voiture. Le silence était pesant, presque suffocant. Jean, qui conduisait, tourna brièvement son regard vers elle. "Il ne va pas nous lâcher, tu le sais, n’est-ce pas ?"
Elle acquiesça, les poings serrés. "Je le sais." Son regard se perdit dans le paysage, comme si elle cherchait une réponse qui n'existait plus. "Mais je ne peux pas rentrer. Pas après tout ce qu'il a fait."
Elle serra les dents, tentant de retenir les larmes. Chaque parole, chaque geste, la ramenait au même point : le dilemme entre la fuite et la confrontation.
Dans l’autre véhicule, Boursicot regardait son téléphone. L’écran affichait la même heure qu’il avait vue quelques minutes plus tôt. Il n’avait pas attendu depuis ce jour-là, ni après ce qu’elle lui avait fait. Le sentiment de perte était maintenant plus aiguisé que la rage qui bouillonnait dans ses veines. Elle lui avait tout pris. Il n’allait pas la laisser partir, pas cette fois.
Dans la voiture, le silence régnait de nouveau. Les minutes s’égrenaient, et l'ultimatum pesait sur eux comme une enclume.
La mère, brisée par la perte de sa fille, chercha à maintenir sa force. Elle savait que tout pouvait basculer en un instant. Si elle rentrait chez Boursicot, cela signifierait la fin de tout ce qu’elle avait cherché à fuir. Mais fuir encore… ce n’était peut-être plus une option. Chaque seconde sans décision la rapprochait d’une fin qu’elle n’arrivait pas à envisager. Mais elle devait garder espoir. Pour ses enfants.
"Jean…" dit-elle d’une voix tremblante mais ferme. "Emmène-nous loin, très loin de lui. C’est la seule issue."
Jean tourna son regard vers elle, voyant la douleur dans ses yeux. "Et si on n’a plus de temps ? Si l’on ne peut plus fuir ? Où ira-t-on ?"
Elle se tourna vers les enfants. Leurs visages paisibles étaient un contraste frappant avec le tourbillon de chaos qu’elle vivait intérieurement. "Je ne sais pas…" murmura-t-elle. "Mais je ne veux plus vivre dans la peur. Je veux juste qu'ils grandissent en sécurité, loin de lui."
Jean, bien qu’hésitant, appuya son pied sur l’accélérateur. Il savait que, peu importe la décision qu'ils prendraient, les conséquences seraient lourdes.
15 minutes.
Le compte à rebours de Boursicot s’écoulait, et la mère, perdue dans ses pensées, savait qu’elle ne pouvait pas retourner en arrière. Elle jeta un dernier regard sur la ville, les souvenirs de sa vie d’avant envahissant ses pensées. Son amour pour Boursicot avait été un rêve brisé. Mais elle avait toujours cru en lui, en son potentiel. Et pourtant, il n’était plus l’homme qu’elle avait épousé.
Elle serra les dents, déterminée à ne pas céder. "Il va falloir que tu choisisses, Lydia. Retourne ou fais face à la réalité." La voix de Boursicot résonnait dans sa tête. Mais elle savait une chose : si elle rentrait maintenant, tout serait fini.
Ils arrivèrent à un croisement. Une petite ruelle sombre semblait les appeler. La voiture se stoppa net. Jean se tourna vers elle.
"lydia… il faut qu'on décide maintenant. La ville est en état de siège, et Boursicot… il ne va pas attendre éternellement."
Elle fixa la route devant eux, le cœur battant dans sa poitrine. Elle savait qu'elle n'avait plus d'option. La décision s’imposait d’elle-même, aussi douloureuse soit-elle.
"Fuir… fuir, c’est ce que je dois faire. Ce n’est pas seulement pour moi. C’est pour eux. Pour mes enfants."
Jean hocha la tête. Il savait qu’ils n’avaient pas le choix. Le temps était écoulé.
"Alors, on fuit."
Mais alors qu’il démarrait, la mère ressentit cette sensation qui l'avait habitée tant de fois par le passé, ce nœud dans l'estomac, cette certitude que, peu importe ce qu'ils choisiraient, ils étaient tous condamnés à vivre dans l'ombre de la menace
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