Tu es mon autre
Chaque jour, j'apprends de ton monde. Je l'accueille. J'essaie d'être dans la conscience de l'instant, ce mot instant prend tout son sens avec toi, d'un instant à l'autre on ne sait pas, toi comme moi ce qui arrivera. Tous les jours, tu rapportes un objet que tu as dérobé ici ou là. Tu me le montres, joyeuse et tu me racontes, tantôt c'est ton "respirateur d'anges", tantôt une "boule de métal transfuseur", "le réanimateur de tes héroïnes", ton imagination réalité n'a pas de limite. Tu ne le quittes pas, tu acceptes juste à le poser près de toi sur ton bureau lorsque tu écris, le touchant de temps en temps, comme pour vérifier sa réalité. Une protection, "il me réconforte, on se réconforte" comme tu dis. Lorsque nous sortons, tu le serres fort dans ta main et de temps à autre, tu me racontes encore. Demain un autre prendra sa place et celui-ci sera rangé avec minutie dans tes nombreuses boîtes qui peuplent ta maison. J'aime beaucoup ce temps que tu appelles "mes observations". Rituel quotidien 15 minutes réglées avec l'alarme de mon téléphone portable. Je te laisse seule, enfin pas tout à fait, c'est le moment de t'occuper de tes héroïnes. Tu leur parles. Tu invectives, tu consoles, tu réanimes, tu vérifies leurs pouvoirs. A la sonnerie, tu m'appelles et me demandes encore quelques secondes pour vérifier que tout est à sa place. Et puis il y a tes obsessions, tu les as bien repérées, tu as trouvé un moyen de les mettre à distance, "ça on n'en parle pas", "ça on en parlera plus tard" que tu répètes encore et encore jusqu'à ce qu'une de mes diversions fonctionne et que ton attention se porte sur autre chose. Je mesure ma chance de t'avoir rencontrée. En cheminant près de toi, je me découvre.
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