"Liberté"
Faire clisser la fermeture qui court dans son dos et celle qui zèbre son torse, pour voir les pièces de tissus s'ouvrir et voler jusqu'au plancher. Dénouer ses cheveux et laisser leurs boucles chatouiller les épaules. Dégrafer son soutien-gorge et en faire glisser les bretelles jusqu'à ce qu'il tombe par terre, petit tas de tissu et de métal usé par le temps. Défaire les boucles de ses talons et les envoyer valser à l'autre bout de la pièce.
Changer de pièce, le froid du carrelage sous la plante des pieds, douloureuse et chaude d'avoir passé des heures dans des talons trop hauts et à la semelle glissante. S'arrêter en chemin et masser les points de pression où des blessures sont apparues, malgré les pads supposés protéger la peau sensible.
Ouvrir le placard et en sortir une petite bouteille et des lingettes propres. Rattacher ses cheveux sur sa nuque à l'aide d'une pince aux dents agressives. Enlever le bouchon et humidifier une lingette avec le contenu de la bouteille pour ensuite la passer sur son visage. Effacer les traces de maquillage. La fine couche de fond de teint, le trait d'eye-liner, le fard à paupières, le blush, l'anti-cernes, le rouge à lèvres, tous s'estompent et disparaissent sous l'effet du produit. Et puis, pour que la peau ne dessèche pas, la nettoyer avec un produit doux et la couvrir de crème hydratante. Enfin, ôter la pince et brosser les boucles pour en défaire les nœuds.
Puis, une fois que tout cela est fait, lever les yeux et croiser son reflet dans le miroir. Ne pas reconnaître ce regard fatigué, ces imperfections qui viennent d'apparaîtrent, mais qui semblent plus réelles que les heures qui viennent de s'écouler. Et puis sourire. Sourire parce que le masque de la perfection est tombé et que, dans l'intimité du foyer, il est possible de ne plus être parfaite, mais simplement soit.
Voir le sourire s'affadir et finalement s'enfuir totalement parce que, demain, il faudra recommencer.
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