Retour aux sources
C’était un lundi ordinaire, il était 16 h, New-York était animée comme d’habitude, ce n’était pas encore l’heure de pointe et la journée était ensoleillée et chaude pour une fin avril. Une jeune fille ne semblait guère passionnée par ce beau temps. Elle marchait d’un pas pressé en direction d’un café dans le quartier d’Union Square. Il s’agissait d’Addison, 25 ans, une chargée de communication qui profitait de la vie et enchaînait les missions de travail selon ses envies. Elle avait rendez-vous avec sa meilleure amie Emma, dans un de leur café préféré. Une fois arrivée, elle alla commander et rejoignit Emma qui était déjà installée.
— Tu en fais une tête ! Qu’est-ce qu’il t’arrive ? lui demanda Emma.
— La routine... Tony m’a larguée, mais ça, ce n’est pas très grave, je savais que ça n’allait pas durer. Je trouverai quelqu’un d'autre, ce n’est pas le problème. Et aujourd'hui, c’est la fin de mon contrat, je dois en trouver un autre, moi qui pensais profiter d’une semaine de vacances avant de retrouver du travail... C’est raté ! Cyndi, cette traîtresse, elle a été dire à Alma, tu sais notre tante qui vit en Louisiane, que j’étais libre pour aller l’aider pendant l’absence d’une de ses employées... Et évidemment, ma mère m’a appelée pour me dire que je devais y aller et que ça serait bien d’aider la famille et que je devrais penser à avoir une vie plus stable... Blablabla... En gros, ils aimeraient bien que je sois comme ma sœur à 27 ans avec un mari et un enfant en route... Mais Cyndi elle gère la descendance de la famille, moi je veux faire ma vie comme j’ai envie mais ils ne veulent pas le comprendre. Bref, c’est une mauvaise journée et je ne travaillerai jamais plus dans une entreprise où ma sœur a des amis. Et toi ? Quoi de neuf ?
Après cette longue tirade, Addison prit une gorgée de son matcha latte et attendit une réponse de son amie.
— Effectivement, ce n’est pas une bonne journée pour toi. Mais dis-toi que ça va te changer d’air, et puis ta tante elle a l’air sympa si mes souvenirs sont bons. Et pour répondre à ta question, moi tout roule, rien de nouveau, c’était une journée normale.
— Oui, elle est sympa, mais la vie là-bas, c’était bien quelques jours quand j’étais gamine, mais l’aider à vendre ses pâtisseries, ce n’est vraiment pas mon truc... Je suis très loin de toutes ces traditions... J’espère que je ne vais pas devoir y rester plus que deux semaines...
— Je sais, c’était bien pour des vacances, mais pas plus mais je ne pense pas que tu vas y rester trop longtemps non plus et puis si jamais ça te semble trop long, hop tu m’appelles et je te trouve un entretien d’embauche t’obligeant à revenir ici.
— Merci t’es adorable ! Ça sert d’avoir des amis dans les ressources humaines ! dit en rigolant Addison.
— Fais pas la maligne, sinon je te colle avec Sofia et Brandon le couple très amoureux et romantique de l’informatique, tout ce que tu n’aimes pas ! répondit Emma en rigolant.
Les deux amies restèrent un moment à discuter avant de décider de continuer la soirée en allant dîner dans un restaurant non loin de là et de finir dans une soirée privée sur le toit d’un immeuble. Addison ne faisait pas partie de la haute société, n’était pas très riche, mais elle pouvait passer plusieurs semaines à travailler 10 h par jour pour avoir assez d’argent afin de profiter de la vie à Manhattan et ne pas avoir à déménager en dehors de ce quartier. Elle aimait sa façon de vivre un peu désorganisée comme disaient sa famille et anciens amis. Elle prenait la vie comme elle venait et essayait de ne pas se poser trop de questions. Tant qu’elle pouvait payer ses factures et son loyer, le reste n’avait pas trop d’importance. Devoir aider sa famille ne la dérangeait pas en soi, mais c’était devenu une obligation parce que sa famille n’aimant pas son choix de vie, lui faisait constamment des reproches et remarques en tout genre et ça, elle ne le supportait pas.
Après cette courte nuit, et aussi la dernière avec ses amis avant de partir en Louisiane, Addison essaya de se motiver pour préparer sa valise. Elle planifia son trajet et les nuits d’hôtels. Elle avait prévu de partir en voiture pour être plus libre sur place et pouvoir partir quand elle voulait. C’était plus long qu’en avion ou en train, mais ça ne lui faisait pas peur et elle verrait du pays. Une fois que tout fut prêt, elle rappela sa tante pour la prévenir de son arrivée, soit le samedi soit le dimanche cela dépendrait du temps et de sa fatigue.
Elle profita de sa dernière soirée pour se balader en ville et admirer le coucher de soleil sur Manhattan. Elle n’avait pas grandi ici, mais était née à Atlanta puis ses parents avaient dû déménager à Chicago pour du travail et elle avait choisi de faire ses études à New-York. Depuis elle y était restée, conquise par la ville et tout ce que celle-ci pouvait lui offrir. Elle connaissait la Nouvelle-Orléans, car une partie de sa famille y vivait, mais elle n’y avait plus mis les pieds depuis 7 ans qu’elle habitait New-York. Le lendemain matin, elle chargea sa voiture, mit en ordre son appartement et répondit à quelques mails avant de partir retrouver Emma pour un dernier déjeuner en ville.
— Alors prête pour ton périple jusqu’en Louisiane ? lui demanda Emma en la voyant arriver.
— Oui, pas très motivée, mais pas le choix.
— Je suis sûre que ça va bien se passer, je t’aurais bien accompagnée, mais en ce moment, je ne peux pas prendre de congés.
— Je sais, c’est dommage. Je ne sais pas trop comment je vais pouvoir aider ma tante, mais bon, je verrai bien...
— T’es débrouillarde, organisée dans le travail, pleine d’idées, je suis sûre que tu vas trouver ! dit Emma en riant.
— C’est pas faux ! C’est juste que dans une ville comme ça, je ne sais pas si je vais arriver à m’adapter rapidement, les traditions sont tellement ancrées dans cette ville... C’est loin de moi ce genre de vie. Mais bon je te raconterai, au moins je pourrai t’appeler le soir si j’ai besoin de réconfort, dit Addison en souriant.
— Mais oui, il n’y a qu’une heure de décalage horaire donc tu peux m’appeler quand tu veux !
Les deux amies se dirent au revoir et Addison retourna chez elle, vérifia une dernière fois sa valise et prit sa voiture. Elle avait décidé de ne rouler que l’après-midi et de s’arrêter à Washington DC pour la nuit. Elle profita un peu de la ville avant d’aller se reposer.
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Le lendemain, elle roula une bonne partie de la journée et arriva dans la soirée à Charlotte. Le lendemain matin, elle se leva de bonne heure pour arriver vers midi à Atlanta dans l’état de Géorgie, sa ville d’enfance. Elle devait y retrouver Angela une cousine qui vivait non loin du centre dans un appartement avec son petit-copain du moment. Angela était un peu comme Addison, elle avait trois ans de moins que sa cousine, mais suivait le même chemin. Les deux cousines ne se voyaient pas souvent, mais elles s’appréciaient et prenaient régulièrement des nouvelles l’une de l’autre.
— Addison ! s'écria Angela quand elle vit sa cousine descendre de voiture
— Angela ! Je suis contente de te voir ! Je suis impatiente de voir ton copain, lui dit-elle en faisant un clin d’œil.
— Tu vas voir, Brian est vraiment super, par contre, pas un mot à la famille, je n’ai pas envie d’avoir à le présenter tout de suite, je veux avoir encore un peu de tranquillité.
— Ne t’inquiète pas, ce n’est pas avec moi que ça va arriver, si ma sœur n’avait pas cafté que j’avais fini mon job, je ne serai pas obligée d’aller chez Alma...
— Je te plains, elle est gentille Alma, je l’ai vue quelques fois quand il y a les grandes réunions des deux côtés de la famille, mais vendre des gâteaux ce n’est pas mon truc, chacun sa vie, mais moi, je préfère mes études artistiques.
— Exactement, chacun sa vie et moi, j’aime être dans un bureau devant mon ordi ou en réunion à débattre d’un plan d’action pour booster une vente ou un site web plutôt que d’être vendeuse, mais bon, je vais aider Alma et après, je pourrais retrouver ma petite vie à moi, dit Addison en rigolant.
— Bon, assez bavardé, prends tes affaires, j’ai faim et Brian a cuisiné un super plat.
— Un qui cuisine, effectivement, il a l’air intéressant ton Brian !
Les jeunes filles rirent en prenant les affaires d’Addison et rejoignirent Brian qui les attendaient dans la cuisine.
Après avoir fait connaissance et pris un bon repas, Angela montra à sa cousine la ville et ce qui avait changé depuis la dernière fois qu’elles s’étaient vues. L’après-midi passa vite et les jeunes filles ne s’ennuyèrent pas une seule seconde. Elles rentrèrent le soir ravies, mais un peu fatiguées par cette longue balade en ville. Après un autre excellent repas concocté par Brian, et quelques anecdotes à propos de sa rencontre avec Angela, Addison alla se coucher. Le lendemain matin, Elle dit au revoir à ses hôtes et parti en direction de la Louisiane. Elle aurait bien aimé rester plus longtemps, mais elle avait encore de la route à faire, elle reverrait sûrement sa cousine au retour.
Addison roula toute la journée et malgré un peu de fatigue réussit à arriver le samedi soir dans la ville. Elle avait prévenu sa tante et celle-ci l’attendait de pied ferme. Alma habitait une jolie maison dans le Faubourg Marigny, pas très loin du Vieux carré où elle avait sa boutique. C’était le centre historique de la ville et le plus touristique aussi. Alma et son frère, le père d’Addison étaient nés à la Nouvelle-Orléans, au divorce de leurs parents, Alma était restée avec sa mère et son frère Tristan avec leur père à Atlanta. Alma avait fait des études à Atlanta pour passer du temps avec son père et son frère, mais elle était revenue dans sa ville natale lorsque sa mère avait décidé de s’installer en Floride. Alma avait repris une boulangerie-pâtisserie et avait construit sa vie autour de ça. Elle ne voyait pas souvent le reste de sa famille et encore moins Addison, c’est pour cela qu’elle avait pensé à elle quand elle a eu besoin d’aide.
Addison se sentit dépaysée en sortant de sa voiture. C’était vraiment différent des autres villes qu’elle connaissait. Il y régnait une ambiance et une odeur particulière. Elle prit ses affaires, souffla un grand coup et alla retrouver sa tante qui l’attendait devant la porte.
— Ça va ? Ça été la route ? Tu dois être fatiguée, allez donne-moi ça.
Alma attrapa les sacs de sa nièce et la fit rentrer dans la maison.
— Ça va, je suis un peu fatiguée, mais ça va.
— Tiens mange ça, ça te fera du bien.
Alma avait toujours été un peu trop avenante, mais elle aimait faire plaisir aux gens et Addison ne pouvait pas refuser un bon repas.
— Je suis contente que tu sois là, je ne pouvais pas refuser des congés à Erika. Liam est parti étudier ce semestre au Canada et Sophie est en dernière année au lycée donc je ne peux pas lui demander de m’aider. Sebastian a déjà suffisamment de travail. J’ai bien essayé de trouver quelqu’un parce que je connais beaucoup de jeunes qui recherchent un emploi, mais pour une courte période ça ne les intéressait pas... C’est comme ça que ta sœur m’a dit que tu étais libre.
— Je vois... Disons que j’avais prévu de prendre une semaine ou deux de vacances avant d’enchaîner une nouvelle mission, mais me voilà.
Addison essayait de paraître plus enjouée qu’elle ne l’était, mais ce n’était pas facile... Elle se demandait vraiment ce qu’elle faisait là, car elle était loin d’avoir les compétences pour tenir une boutique. Sa tante, elle, savait comment sa nièce pourrait l’aider. Addison sentait que sa tante avait une idée derrière la tête, mais elle ne savait pas laquelle, et ça ne lui disait rien qui vaille. Elle dut mettre ses interrogations de côtés et écouter Alma lorsque celle-ci lui expliqua le planning pour la semaine.
— Demain, tu pourras te reposer le matin et l’après-midi, je te montrerai la ville et dès lundi, tu viendras m’aider à la boutique. Nous verrons tes horaires en fonction du besoin. Normalement tu ne feras pas plus de 7h ou 8h par jour avec une pause le midi. Tu seras principalement à la vente et mise en place des produits, ce n’est pas aussi physique qu’il y paraît et l’ambiance est bonne. Tu verras au bout de deux jours, tu seras comme un poisson dans l’eau, ce n’est pas très compliqué, faut juste être attentive, aimable et patiente avec les clients. Bon, allez il est tard, je vais te montrer ta chambre.
Addison entra dans sa chambre, souhaita une bonne nuit à Alma et envoya un message à Emma pour lui raconter la fin du voyage et les retrouvailles avec sa tante. Après quelques échanges de messages, fatiguée par le voyage, elle s’endormit.
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Le lendemain matin, il était presque 10 h quand Addison se réveilla. Elle descendit dans la cuisine, ne voyant personne à part une note lui disant où se trouvait tout ce dont elle pouvait avoir besoin, elle se fit un petit-déjeuner et après avoir débarrassé et rangé, elle fit le tour de la maison. C’était une maison typique de la ville avec des murs extérieurs colorés et des balcons décorés. Le jardin avait une fontaine en son milieu et c’était agréable d’avoir un peu de fraîcheur, car il faisait déjà chaud pour une matinée de printemps. La maison était grande avec ses trois étages. Il y avait deux chambres avec leur salle de bain et un bureau au dernier étage, la même chose au deuxième étage et une cuisine, une salle à manger et un salon et une autre salle de bain plus petite qui servait surtout pour les invités occasionnels. Ce n’était pas le style d’Addison, mais elle reconnut que la maison avait du charme et du caractère. Une fois remontée dans sa chambre et habillée, elle se mit à défaire sa valise et ranger ses affaires dans l’armoire de sa chambre. Elle n’avait pris que le strict nécessaire pour maximum deux semaines, pas plus.
Vers midi, elle entendit du bruit et alla retrouver Alma et son mari. Elle les aida à préparer le repas. Alma essayait d’éduquer sa nièce aux traditions de la ville en commençant par la nourriture. Ce midi, ils mangeaient une des spécialités de la ville : un “gumbo”, un plat traditionnel avec du riz, de la tomate, des épices et des écrevisses. C’était la saison des écrevisses, un crustacé typique de la région. Alma lui fit aussi goûter le beignet de la région qui était différent de ceux qu’Addison connaissait.
Après le repas, le couple emmena Addison pour une visite de la ville. Addison observait les façades des maisons, les rues, et quand elle entra dans le “Vieux carré” ou le “quartier français” comme on l’appelle, elle eut l’impression d’être revenue aux temps des colonies tant l’empreinte française y est encore présente. Elle n’avait pas compris l’importance de donner des noms à consonance française lorsque Alma et son mari avaient voulu appeler leur fille Sophie, mais maintenant elle pouvait comprendre, une part de leur famille était française et Alma voulait continuer la tradition. Addison comprenait mieux maintenant qu’elle était sur place, mais elle ne se sentait toujours pas chez elle. Elle visita la célèbre “Bourbon street” et l’endroit où sa tante avait son magasin. Des gens sortaient des cafés, bars et certains avaient déjà commencé leur soirée. Addison aimait faire la fête, mais pas être alcoolisée à 15 h ! Décidément même si cette ville avait du charme et de l’intérêt pour les touristes, Addison n’était toujours pas plus intéressée que cela. Peut-être parce qu’elle voyait la ville avec ses préjugés et réticences. Elle essayait de s’intéresser aux histoires que lui racontaient sa tante et son mari, mais ça lui passait un peu au-dessus de la tête. Après avoir fait un tour à pied du vieux carré et des quartiers environnants, ils prirent un des tramways et visitèrent un autre coin de la ville puis un autre tramway pour longer le Mississippi. Les paysages étaient jolis et différents de ce qu’Addison connaissait. L’odeur le long du fleuve était différente de celle du centre-ville. Addison était un peu troublée par ce dépaysement. Il était presque 19 h lorsqu’ils regagnèrent la maison. Ils mangèrent puis Addison s’excusa et regagna sa chambre. Elle avait besoin d’appeler Emma.
— Salut Emma !
— Salut Addison ! Alors raconte, cette première journée chez les cajuns ?
— Ma tante et son mari sont sympas et leur maison est bien. Ils m’ont fait découvrir des spécialités, ce n'est pas mauvais, mais j’espère qu’il n’y a pas que l’écrevisse au menu parce que même si j’aime bien ça, je vais finir par saturer...
— Ah oui, bah, c’est un de leur mets favori donc c’est un risque, dit en rigolant Emma.
— Sinon j’ai visité une bonne partie de la ville. Quand t’es touriste, c’est sympa, mais ce n’est vraiment pas mon truc. Trop de traditions, je trouve ça un peu démodé d’ailleurs... Les gens sont bourrés même en début d’après-midi et je ne me sens pas trop en sécurité.
— Je comprends, c’est sûr que c’est totalement différent de New-York !
— Tout à fait, je suis contente de n’y rester que deux semaines, avec un peu de chance ça passera vite.
— Mais oui, tu vas voir ça passera tellement vite que tu seras triste de partir, dit Emma en se moquant de son amie.
— Je ne pense pas, je suis trop new-yorkaise maintenant, mais j’espère que je vais m’y faire parce que pour l’instant, je me sens comme une touriste.
— Ben t’es une touriste non ? Emma riait en disant cela.
— Oui, mais en théorie non vu que j’ai de la famille ici et que mon père est né ici. Sinon, quoi de neuf de ton côté ?
— Pas grand-chose, demain, j’ai une réunion avec la chef, pas passionnant, la routine, mais demain soir, je sors, David m’emmène dîner.
— Un dîner, bah dis donc, je veux tout savoir !
— Je te raconterai promis ! Bon, il est tard, il faut que j’aille dormir si je veux être reposée et prête pour la journée.
— D’accord, passe une bonne journée.
Avoir appelé sa meilleure amie avait fait du bien à Addison, elle avait un peu moins peur d’affronter sa première journée de travail demain. Elle régla son réveil et alla se coucher.
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Le lendemain matin, Addison était prête pour partir au magasin. Elle arriva avec un peu d’avance et sa tante en profita pour la présenter à l’équipe présente ce matin-là. Ensuite, elle lui montra la boutique et ce qu’elle aurait à faire durant la matinée. Addison eut une explication sur les différents produits et comment utiliser la caisse. Heureusement, il y avait une fiche avec le prix et le nom des produits ainsi que leur photo, au moins Addison pourrait s’en sortir grâce à ça.
Addison observa sa tante puis, ce fut à son tour de servir les clients. Au début, c’était un peu lent et Addison eut un peu de mal avec la caisse, mais heureusement, il n’y avait pas trop de clients et elle put s’entraîner entre deux ventes.
Sa tante la laissa seule pendant qu’elle faisait la tournée pour les gens plus éloignés et livrer des commandes. Alma aimait rendre service à la communauté et ce service était un moyen d’aider les personnes qui ne pouvaient se déplacer ou qui n’avaient pas le temps et ainsi assurer des ventes en plus. C’était un service gagnant pour tout le monde.
Addison pendant ce temps commençait à prendre le rythme. Elle fut tout de même contente quand la pause pour le déjeuner arriva. Elle alla dans une salle à l’arrière de la boutique réservée pour les employés et s’assit à la table. Elle fut rejointe par Alicia une autre vendeuse.
— Ça va ? Pas trop dur pour une première matinée ?
— Non, ça va, je commence à m’en sortir. Je ne pensais pas que la boutique était si grande et qu’il y avait autant de clients...
— C’est parce que la boutique est bien placée, là où les touristes peuvent la voir, les habitués restent fidèles et le bouche à oreille fonctionne bien. Les produits sont bons, du coup les gens reviennent.
— Je vois ça, je ne pensais pas qu’elle avait autant de succès.
— Le succès vient du fait que nous vendons des produits traditionnels de la ville et des recettes du temps des colonies et de la culture française. Nous avons aussi des produits plus modernes bref y a de tout pour plaire aux touristes de passage comme aux habitants de la ville.
— Et vous êtes combien à travailler ici ?
— Il y a deux boulangers, deux pâtissiers et en ce moment un apprenti en plus et nous sommes quatre à la vente et la mise en place. Il y a un roulement pour que chacun puisse avoir des horaires corrects et au moins un week-end de repos par mois. La boutique ouvre à 8 h et on ferme à 19 h. Tu as déjà rencontré Rosa et tu verras cet après-midi Johanna. Nous avons des horaires et des pauses différentes. Au début, nos horaires peuvent sembler bizarres mais grâce à ce roulement, il y a toujours du monde pour assurer les ventes. Et on a des personnes en plus quand l’un de nous est absent ou en repos.
— Je vois, vous avez votre système et ça marche, c’est le principal.
— Tout à fait.
Après cette petite pause, Addison retourna au travail. L'après-midi fut un peu plus chargée et Addison dû se concentrer pour ne pas faire d’erreurs et être efficace. Lorsque ce fut l’heure de partir, elle était fatiguée et heureuse d’avoir fini le travail. Ce n’était vraiment pas un travail pour elle. Parler aux clients elle savait faire, mais pas dans un cadre qui pouvait être stressant et travailler debout toute la journée, elle n’était pas habituée. Elle commençait à se rendre compte du métier que faisait sa tante. C’était un travail qui demandait énormément d’investissement et qui était aussi physique. Addison était un peu admirative de la force de sa tante.
En rentrant, Addison vit les rues s’animer, les cafés, les bars faisaient le plein. Comme tous les soirs, la fête allait durer jusque tard dans la soirée, mais la jeune fille n’était pas d’humeur à participer, elle ne rêvait que de se reposer pour être en forme le lendemain.
— Alors comment trouves-tu mon magasin ? demanda Alma en rentrant après la fermeture de la boutique.
— Il est plus grand que ce que j’imaginais, mais il y a du choix et des spécialités que je ne connaissais pas comme les pralines.
— Oui, nous avons pu agrandir la boutique du coup, il y a de l’espace et on a une bonne visibilité. Les pralines, c’est la tradition ici et depuis que l’on fait nous aussi des beignets, ça attire du monde.
— Tu n’es pas fatiguée de faire toujours la même chose ?
— Non, car pour moi, je ne fais techniquement pas la même chose. Je ne vois pas toujours les mêmes clients, quand je fais mes visites, je peux aller dans d’autres endroits, je parle avec les gens, je les aide. À la boutique, c’est une ambiance différente, parfois, c’est calme, parfois, c’est le rush. Aucune journée n’est la même ! Alors oui, je fais des ventes à domicile, je vends à la boutique, mais c’est mon entreprise, mon business et je suis fière de pouvoir donner du travail à autant de monde, car ici, ce n’est pas facile de s’en sortir. Je sais que c’est différent de tes habitudes et de ta vie à New-York, mais je suis sûre que tu pourras comprendre pourquoi j’aime cette ville, après y avoir passé un peu de temps.
— Peut-être, je ne sais pas... Comme tu dis, c’est différent de mes habitudes, mais je suis ici juste pour te dépanner, après deux semaines, je retourne chez moi, car je suis mieux dans un bureau que dans une boutique.
— Je sais, je sais, mais j’espère te faire changer d’avis sur la ville de tes racines.
Addison était un peu perplexe après la discussion avec sa tante, mais elle ne voulut pas se montrer trop fermée et se dit que deux semaines, c’était court et qu’elle pourrait se faire à la ville.
Le lendemain et les jours suivants, Addison alla aider à la boutique, elle commençait à être efficace et les clients réguliers l’avaient déjà adoptée. Il faut dire qu’Addison était douée pour parler aux gens et elle avait un certain charme ce qui était un avantage pour ce métier où le physique est souvent un critère de sélection pour trouver un emploi dans la vente. Sa tante avait justement banni ce critère de beauté, elle employait des personnes de tous horizons et quelles que soient leurs morphologies. C’était aussi pour cela qu’elle était appréciée dans le quartier, elle était contre toutes les discriminations. Elle cherchait même des vendeurs masculins, elle avait du mal à en trouver, mais ne désespérait pas y arriver.
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Addison s’habituait à son nouveau rythme de travail et commençait à se familiariser avec les produits. Elle connaissait les différences entre les pâtisseries, et même les différents types de farine utilisées pour les pains. Elle avait fait connaissance avec tous les employés du magasin, et même certains remplaçants. La semaine passa vite, et si Addison trouvait toujours que ce n’était pas un métier pour elle et que c’était un peu fatiguant, elle ne se plaignait plus et respectait ceux qui le faisaient par passion ou juste en attendant de trouver quelque chose d’autre. Le vendredi soir, après avoir fini son service, Addison rentra chez sa tante. Elle ne savait pas quoi faire pendant son weekend et décida de préparer le diner pour s’occuper en attendant le retour de sa tante et de son oncle.
— Ça sent bon ici, dit sa tante en rentrant.
— J’ai juste fait du riz et des haricots rouges, je sais que c’est quelque chose que vous aimez et ça au moins je sais faire, répondit en riant la jeune fille.
— La cuisine n’est toujours pas ton truc ?
— Non, j’essaie, mais je n’ai pas ce talent et je préfère manger que de passer trop de temps en cuisine.
— Ici, on aime bien prendre son temps, les journées sont parfois stressantes, alors faire la cuisine ensemble, c’est convivial et on se rassemble autour de ça.
— On faisait ça quand on était à Atlanta, mais à Chicago les parents n’avaient plus autant de temps et nous, on était ados du coup ça ne nous plaisait plus trop, mais on a passé de bons moments ensemble.
— Et ça ne te manque pas trop de ne plus être aussi proche avec la famille ?
— Non, pas trop, je suis un peu l’électron libre donc ce n’est plus aussi idyllique que quand j’étais enfant. Maintenant, on se voit pour les fêtes de fin d’année et lors d’évènements importants et finalement ça me va très bien.
— Je peux t’assurer qu’il n’y a pas que toi comme électron libre, déjà il y a ta cousine Angela, une artiste, de ce que j’en ai entendu parler, son choix d’études et de futur métier n’est pas bien apprécié. Et il y a aussi d’autres personnes atypiques de chaque côté de la famille. Moi par certains côtés, j’ai fait un choix un peu différent car j’ai voulu revenir à la Nouvelle-Orléans et ce n’était pas facile de revenir après avoir vécu cinq ans à Atlanta, mais ce sont mes racines et j’y suis bien. Tu trouveras ta voie, j’en suis sure.
— Je l’ai déjà trouvée, ma vie me plaît et je suis jeune donc je peux toujours m’installer définitivement dans une entreprise ou bosser pour mon compte plus tard quand je voudrais plus de stabilité.
— La stabilité, c’est la clé, il faut pouvoir avoir de quoi vivre et ne pas trop se préoccuper du lendemain. Et puis il y a les rencontres amoureuses, le mariage, ça aide tout ça.
— L’amour, pour le moment, je suis jeune et puis le mariage non ça ne m’attire pas, c’est comme les enfants, très peu pour moi.
— Je suis sûre que dans quelques années, tu auras changé d’avis...
— On verra, je ne pense pas, mais on verra...
Addison ne voulait pas faire de peine à sa tante, mais ce genre de conversation l’énervait, elle ne comprenait pas pourquoi parce qu’elle était une femme, elle devait obligatoirement se marier et fonder une famille... Elle ne voulait pas avoir d’enfants, elle ne sentait pas ce besoin et n’était pas du tout à l’aise avec eux. Elle n’aimait pas les bébés et ne s’extasiait pas à la vue d’un nourrisson. Au contraire, elle avait juste envie de s’enfuir. Mais dans sa famille un peu conservatrice, ces idées de jeune femme libre n’étaient pas bien vues et encore elle était hétéro, elle n’osait pas imaginer si elle avait été lesbienne...En attendant elle faisait avec et essayait de faire sa vie sans trop se préoccuper de sa famille, quitte à passer pour une égoïste parfois.
— Comme je suis libre ce weekend, qu’est-ce que tu me conseilles pour occuper mes journées ?
— Tu peux aller te balader le long du Mississippi, aller dans les quartiers que nous n’avons pas vus en prenant le tramway et tu peux découvrir les anciennes plantations. Il y a beaucoup de choses intéressantes à faire. Si tu veux des informations, tu peux regarder à l’office de tourisme ou sur internet. Il y a aussi certains évènements en ville ou dans les villes voisines. Tu peux demander à Alicia si elle a des idées, elle est en week-end elle aussi et comme ça, tu ne serais pas seule, c’est plus sympa d’être à deux pour se balader et sortir.
— D'accord, je note, merci. Je vais lui envoyer un message.
— Tu peux aussi sortir en ville après le repas, il y a toujours une soirée quelque part.
— Peut-être demain soir, là je suis un peu fatiguée.
Sebastian arriva vers 20 h et la petite famille se mit à table. Addison avait envoyé un message à Alicia concernant son week-end et pour voir si elle avait des idées pour le sien. Elle attendait maintenant une réponse. Celle-ci arriva après le repas et Alicia lui donnait rendez-vous pour manger et faire un après-midi shopping et le soir elle allait à une soirée. Addison était partante pour le déjeuner et le shopping, mais n’était pas très emballée par la soirée. Alicia essaya de la convaincre avec tous les arguments possible et Addison capitula, elle irait aussi à la soirée. Après tout, elle n’avait rien à perdre et ça l’occuperait.
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Comme elle avait sa matinée de libre avant de retrouver Alicia, Addison en profita pour suivre les conseils de sa tante et faire un tour dans des endroits qu’elle ne connaissait pas. Elle avançait dans des rues plus atypiques les unes que les autres. Elle observait les différents styles de maisons et de rues. Elle prit même quelques photos pour les montrer plus tard à ses amis. La ville était riche par son passé et traditions, mais restait économiquement faible. Addison voyait le contraste entre certains quartiers très chics et d’autres beaucoup plus pauvres. C’était un peu comme partout et la ville essayait malgré tout de rester attirante pour les touristes. Addison s’aventura même jusqu’à des anciennes plantations et pu même parler avec des propriétaires. Le temps passa vite et Addison se dépêcha pour ne pas arriver en retard au restaurant où lui avait donné rendez-vous Alicia.
—Salut Addison, tu vas bien ? Tu as passé une bonne matinée ? demanda Alicia lorsqu’elles furent assises à une table.
— Ça va et toi ? Oui, je me suis promenée en dehors du centre-ville et j’ai même pu parler à des propriétaires de plantations. J’ai appris pleins de choses sur le passé de la ville et du temps des colonies. C’était un peu plus passionnant de parler avec des gens que de lire des affiches publicitaires ou des brochures.
— C’est ce qu’il y a de bien ici, le passé rejoint le présent et les gens essayent de garder les traditions tout en étant moderne. Ce n’est pas facile, mais ça fonctionne et puis la ville a besoin de ses touristes pour vivre du coup, c’est un critère pour garder l’héritage du passé.
— C’est ce dont je me suis rendu compte tout au long de ma semaine ici. Pour être honnête, je trouvais ça un peu cliché et j’avais pas mal de préjugés sur la ville. Maintenant, je vois un peu mieux les choses et je respecte ce point de vue sur le passé et les traditions même si j’ai encore un peu de mal à m’y faire.
— Je comprends, je ne suis pas de la ville, je suis originaire d’Austin. Je suis arrivée ici pour suivre un stage à la fin de mes études et malgré le fait que j’étais préparée et que je connaissais beaucoup de choses sur la ville, il m’a fallu du temps pour m’habituer à toutes ces traditions et à cette façon de vivre un peu différente. Mais en y réfléchissant, c’est partout pareil, il y a des villes partout dans le monde qui sont différentes par rapport aux restes des villes de leurs états, pays, régions... Faut juste respecter ça quand on s’y installe ou même lorsqu’on est un simple touriste. Toi, tu viens de la grosse pomme comme on l’appelle et je suis sûre que si je devais m’installer dans cette ville, je serai dans le même état, voire pire, que toi en arrivant ici.
— Je vois ce que tu veux dire. J’ai eu du mal à m’adapter quand j’ai quitté Atlanta pour Chicago, mais j’étais jeune et quitter les amis d’école ce n’est jamais simple, mais au niveau de la culture et la ville, je n’ai pas eu autant de problème pour m’adapter. La Nouvelle-Orléans, pour moi, c’est vraiment une ville où il faut montrer que l’on est apte à vivre avec le passé et montrer que l’on aime cette ville pour se sentir accepté. Les gens sont pour la plupart chaleureux et il y a une mixité importante de population, mais ça semble un peu compliqué de se sentir totalement intégrée au début, il faut du temps, je pense pour faire partie de la ville.
— Oui, ici, il faut plus de temps pour être totalement accepté et faire partie de la communauté, mais ça évite les problèmes avec les personnes qui ne veulent pas vraiment s’installer ici, celles qui sont acceptées, c’est parce qu’elles veulent vraiment rester ici.
— La Nouvelle-Orléans ça se mérite ! dit en rigolant Addison
— Tout à fait, répondit tout en riant Alicia.
Les jeunes femmes continuèrent de discuter sur la ville tout en mangeant des spécialités locales et Addison découvrit pour la première fois les huîtres cuisinées. Ici, il y avait une grande richesse au niveau gastronomique grâce aux différentes cuisines comme la cajun et la créole. De l’entrée au dessert, en passant par les boissons, c’était un voyage pour les papilles. Addison, gourmande comme elle l’était, ne regrettait pas le voyage, car elle put découvrir plein de nouvelles saveurs. Au bout d’une semaine, elle s’était déjà habituée à certaines épices et certaines saveurs parfois surprenantes, mais dont elle avait rapidement pris goût.
Après ce bon repas, les jeunes femmes marchèrent un peu et arrivèrent là où Alicia voulait faire du shopping. Il y avait des boutiques traditionnelles, d’autres plus modernes et l’on pouvait trouver un peu de tout et pour tous les goûts. Addison se rendit compte que la ville avait quand même beaucoup à offrir et qu’en fait elle avait plusieurs facettes. Il y avait plusieurs centres commerciaux et les filles purent assouvir leur passion pour le shopping. L'après-midi passa très vite. Après avoir déposé leurs achats chez elles et s’être retrouvées pour un autre bon repas dans un petit restaurant pas loin du Vieux carré, Alicia emmena Addison à la soirée.
L’endroit ne payait pas de mine et Addison eut un peu peur de tomber dans une soirée où les gens n’étaient là que pour boire, mais une fois passée la porte, l’ambiance était chaleureuse, la musique pas trop forte et les gens étaient soit attablés, soit au milieu en train de danser. Alicia connaissait le lieu et alla directement à la table de ses amis. Addison reconnut quelques personnes qu’elle avait croisées à la boutique de sa tante. La table était assez grande et un peu à l’écart des autres. Alicia fit les présentations et Addison se sentit vite à l’aise. Ils discutèrent de tout et de rien et après un moment, ils profitèrent même de la piste de danse. Vers 2 h du matin, ils se dirent au revoir et chacun rentra chez soi.
Addison était un peu fatiguée par la journée, mais elle était ravie d’avoir acceptée l’invitation d’Alicia. Elle s’endormit rapidement à peine couchée dans le lit.
Le dimanche fut plus calme pour Addison. Elle se réveilla tard et profita de l’après-midi pour continuer son exploration de la ville. Le soir, elle prit un peu de temps pour regarder sur son ordinateur les clichés qu’elle avait pris de la ville. Elle nota quelques informations et idées qu’elle avait en tête. Elle fut interrompue par son téléphone, c’était un appel d’Emma.
— Alors raconte, quoi de neuf ?
— J’ai fait une grande balade dans la ville, du shopping et le soir j’ai été à une soirée assez sympathique. Je suis bien accueillie par les employés de ma tante et je mange des trucs différents presque tous les jours. Et toi ?
— La routine, en ce moment, c’est assez calme, mais ça me permet de me concentrer sur des projets en cours au boulot et j’ai du temps libre pour être avec David. J’ai l’impression que ça colle bien entre nous.
— Ça semble être quelqu’un de bien David, j’espère que ça marchera entre vous et pour longtemps.
— Merci et toi, rien de ce côté-là ? Pas de rencontres à la soirée ?
— Et bien moi, non, rien. Je me suis amusée à la soirée, mais c’était plus entre bons copains que pour draguer, j’avais peur de tomber sur de gros lourds, mais en fait en étant avec le cercle d’amis d’une employée de ma tante avec qui j’ai sympathisé, j’ai pu passer une soirée tranquille. Tu sais, je ne reste pas assez longtemps pour avoir envie de faire des rencontres.
— C’est sûr, mais c’est bien d’avoir pu te faire des amis ou connaissance, ça doit rendre le séjour plus agréable.
— Tout à fait. Je me fais à la ville, mais j’ai quand même hâte de retrouver mon appart, dit en riant Addison.
— Je n’en doute pas, bon allez, je dois te laisser, je dois finir de relire mes dossiers pour la réunion de demain matin.
— Bon courage.
Addison continua son petit travail et se dit que demain après le travail, elle irait continuer ses petites explorations pour prendre plus de photos et d’informations sur la ville.
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La semaine passa assez vite. Addison continuait d’aider sa tante à la boutique du mieux qu’elle pouvait et le soir elle faisait un petit tour dans les environs pour prendre quelques photos. Alma avait remarqué ce changement chez sa nièce. Elle avait retrouvé le goût pour la photo et les découvertes, c’était ce qu’elle avait souhaité en demandant à Addison de venir l’aider. Il fallait que la jeune femme redevienne un peu plus terre-à-terre et redécouvre la joie d’apprendre d’autres choses et aussi de s’ouvrir plus sur le monde. Alma commençait à comprendre comment sa nièce voyait les choses et elle savait qu’elle ne pourrait pas la faire changer d’avis sur le mariage et les enfants, mais au moins elle pouvait l’aider à être moins centrée sur elle-même et sa petite vie. Elle espérait qu’Addison reste un peu plus longtemps pour ne pas retomber trop vite dans sa routine new-yorkaise, mais elle laisserait sa nièce décider.
Le vendredi soir, les collègues d’Addison décidèrent de célébrer son départ et la remercier pour ces deux semaines avec eux. Toute l’équipe du jour et d’autres qui étaient libres se réunirent après la fermeture du magasin dans un restaurant. Addison fût touchée par ce geste et remercia tout le monde chaleureusement. Après les repas, les plus téméraires continuèrent la fête dans leur bar habituel. Addison les suivit et passa une très bonne soirée.
Le lendemain, quand Addison se réveilla, elle commença à préparer ses affaires, mais s’arrêta pour regarder les dernières photos qu’elle avait prises. Elle avait un peu de matériel, mais elle se dit qu’il lui en faudrait peut-être plus... Elle avait une idée en tête et appela Emma pour avoir un autre point de vue.
— J’ai une idée qui m’est venue à force d’entendre les histoires du passé de la ville et les histoires des guides touristiques qui s’arrêtent à la boulangerie-pâtisserie. Si je faisais un livre pour montrer la ville vue par un étranger ? Ça pourrait inciter les touristes à venir et à donner une meilleure image de la ville. Et après, j’aimerais bien faire pareil pour New-York et d’autres villes du pays. Qu’est-ce que tu en penses ?
— Je pense que tu es folle, mais que ça plairait à ta famille et que ça peut être une bonne idée. Par contre, il va falloir que tu restes un peu plus sur place pour avoir toutes les photos et histoires nécessaire et puis demander les autorisations si tu veux parler et montrer des lieux historiques.
— Oui, je sais, mais je me dis que faire des guides de voyages sur une ville vue par un étranger de la ville ça peut être un marché intéressant à explorer... Je vais aussi me renseigner avec les maisons d’édition et, au cas où, me lancer toute seule ou avec toi et trouver d’autres personnes...
— La Nouvelle-Orléans à l’air de t’avoir changée, dit en riant Emma,
— Il faut croire, mais j’ai quand même envie de retrouver mon appartement, répondit aussi en riant Addison.
— Ah ça y est je te retrouve là ! En tout cas, je trouve ton idée intéressante. Je vais voir un peu de mon côté comment tu pourrais lancer ça et on en rediscute quand tu reviens.
— D’accord, merci, je te tiens au courant de mon retour.
Addison attendit que son oncle rentre, car il finissait tôt pour lui parler de son projet, il travaillait pour la ville et pouvait donc l’aider s’il fallait demander des autorisations ou pour avoir plus d’informations sur qui aller voir pour faire son livre et ensuite elle verrai avec sa tante.
— Bonjour Sebastian, ça été la journée ?
— Oui ça été, pas trop de problèmes à la mairie aujourd’hui donc c’était plutôt calme.
— J’ai eu une idée en faisant mes photos et en regardant les guides et informations sur la ville. J’aimerais faire un guide pour faire découvrir la ville, mais en ayant le point de vue d’un étranger, à savoir moi pour le moment et partir sur des aspects de la ville peu mis en valeur et aussi montrer toutes les réticences que l’on peut avoir en venant ici, ce qui est vrai, faux ou à nuancer et essayer d’accueillir plus de touristes ici, car sans les touristes, la ville ne pourrait pas survivre. Mais je crois que j’aurai besoin de ton aide pour faire ça.
— C’est une idée intéressante, attention à ne pas faire trop dans le cliché non plus, mais si tu as besoin d’aide et que c’est positif pour la ville, je suis d’accord pour t’apporter mon aide et mon soutien.
Peu de temps après cette conversation, Alma rentra du travail et son mari lui fit part de l’idée d’Addison. Alma était contente, elle avait pu redonner un peu d’estime à sa ville qu’elle aimait tant dans le cœur de sa nièce. Alma réussit à convaincre Addison de rester quelques jours de plus pour avoir plus de matériel pour son livre. Le lendemain, Alma ne travaillait pas et avec Addison elles commencèrent à travailler sur le guide de voyage.
— Il faudrait que tu ne parles pas seulement des monuments à voir, mais il faudrait que tu parles aussi de notre gastronomie.
— Oui, je sais, j’ai déjà prévu d’en parler, mais j’aurai besoin de plus d’informations sur l’origine de vos plats typiques et aussi de petits secrets de cuisine, et comment attirer les simples passants à venir manger votre cuisine. J’ai été assez vite séduite, mais ça peut paraître un peu déroutant au début, tout comme l’odeur de la ville et aux abords du fleuve et aussi votre architecture différente du reste du pays.
— Il faut vraiment que tu fasses quelque chose qui n’a jamais été fait, qui sorte de l’ordinaire, sinon ça ne se vendra jamais.
— Je sais, c’est pour cela que j’ai besoin d’aide pour comparer ce qui existe déjà et avoir une vision différente. J'ai déjà des pistes, mais ça va être un gros travail. Je ne pense pas pouvoir m’y consacrer à temps plein, car je devrais travailler pour avoir de l’argent pour vivre, mais je vais tout faire pour le mener à bien.
— Je l’espère pour toi, en tout cas si tu as besoin d’aide, tu sais que tu peux compter sur nous et le reste de la communauté, je suis sûre qu’ils seront ravis de ce projet aussi.
Addison profita du lundi et mardi pour prendre des photos et aller encore un peu plus vers les anciens de la ville pour avoir quelques informations sur certaines choses qu’elle avait vu et d’autres entendues. Les anciens avaient d’abord été réticents mais Addison leur expliqua son projet et certains acceptèrent de se confier et de participer à ce projet. La jeune femme avait maintenant quelques contacts et une bonne centaine de clichés intéressants. Elle avait un carnet bien rempli sur la ville et un autre avec toutes ses idées sur la mise en page et comment faire son projet.
Elle avait encore une étape indispensable à faire avant de pouvoir retourner à New-York : parler au maire et obtenir les autorisations en cas de besoin. Son oncle réussit à lui obtenir un rendez-vous pour le mercredi en fin de matinée.
Addison était un peu nerveuse avant sa rencontre avec le maire, son oncle la rassura un peu puis ce fût le moment de se lancer.
— Bonjour, M. le maire.
— Bonjour Addison, je vous en prie asseyez-vous. Votre oncle ne m’a rien dit sur l’objet de ce rendez-vous donc je vous écoute.
— Je me suis rendue compte que le tourisme était important pour la ville et j’ai pensé à une idée pour montrer une autre facette de la ville. J’aimerai faire un guide touristique un peu en forme de carnet de voyage pour montrer la ville du point de vue d’un étranger et comment elle peut-être plus intéressante et qu’il ne faut pas hésiter à venir la visiter et s’y arrêter quelques jours.
— Il y a déjà beaucoup de chose sur notre ville, en quoi votre projet sera t‘il vraiment différent ?
— Je vais casser un peu les idées reçues sur la ville que l’on peut avoir, ça part de mon expérience personnelle et j’aimerais aussi parler d’anecdotes que les habitants m’ont confié et aussi parler un peu plus de la cuisine et pas seulement ce que l’on sait, sans faire un livre de cuisine non plus mais montrer toutes les richesses de la ville.
— Je vois… et quelle est votre légitimité de parler de notre ville ? Vous n’êtes pas d’ici… Je ne sais pas si l’on peut vous faire confiance pour faire de la publicité pour la ville.
— J’y ai de la famille et je pars de mon point de vue. C’est vrai que je ne suis pas née ici, j’ai grandi ailleurs et j’ai passé beaucoup de temps à New-York mais en venant ici, j’ai pu voir des membres de ma famille et j’ai pu découvrir la ville. J’ai vu que j’avais certains préjugés et qu’ils n’étaient pas fondés. Je voudrais parler de ça dans mon livre.
— Vous pensez que vous allez arriver à faire une bonne publicité pour la ville avec ce concept ?
— Oui, je le pense.
— Je ne sais pas si je peux vous faire confiance mais je vous accorde le bénéfice du doute. Je veux bien vous autoriser à la faire mais je vous ai à l’œil, je veux être tenu au courant de vos avancées et voir votre travail avant qu’il ne soit publié.
— D’accord merci beaucoup.
— Une dernière chose, il vous faudra revenir sur place assez régulièrement. Je ne veux pas d’un travail fait par internet mais un vrai travail de terrain, sur le terrain.
— Rassurez-vous, c’est prévu.
— Avant que vous ne partiez, avez-vous déjà une ébauche de projet ?
— Oui, je peux vous montrer ce que j’ai, si vous le voulez.
— Oui j’aimerai bien voir ça. Revenez ce soir vers 18 h.
— D’accord à ce soir.
Addison était soulagée d’avoir convaincue le maire de la laisser travailler sur ce projet. Elle ne savait pas comment cette collaboration allait se passer mais elle était confiante. Le maire voulait de l’honnêteté et une bonne image de la ville ce qu’elle voulait aussi. Elle espérait juste qu’il soit convaincu par ses clichés car elle avait étudié la photographie mais elle n’avait plus pris le temps de pratiquer depuis un moment. Elle espérait aussi que sa façon de travailler plairait au maire et aux habitants car c’était pour eux qu’elle faisait aussi ce travail. Elle avait une idée plus grande que juste ce livre mais elle avait préféré garder ça sous silence pour ne pas risquer de compromettre le projet.
Elle passa l’après-midi avec quelques habitants, cette fois des plus jeunes. Elle obtint des informations sur leurs loisirs et leur point de vue sur la ville.
Elle prit une heure avant de revoir le maire pour rassembler son travail et essayer de l’organiser un peu. Pour le moment c’était un peu en désordre mais elle essaya de classer ses photos par thème et en dossier. Elle fit de même avec ses notes et espérait que le maire pourrait lire son écriture car pour le moment il y avait beaucoup de notes sur papier. Elle n’avait pas encore mis beaucoup de choses sur son ordinateur.
Addison arriva juste à l’heure pour son deuxième rendez-vous avec le maire.
Cette fois, il y avait d’autres personnes avec lui. Elle ne pensait pas qu’elle allait déjà être jugée pour son travail mais ça allait être le cas.
— Ah vous êtes là, juste à l’heure, parfait ! Nous allons pouvoir commencer. J’ai invité quelques conseillers pour leur montrer votre travail afin d’avoir plusieurs avis, j’espère que cela ne vous embête pas.
— Non, non ce n’est pas grave. Pour le moment je n’ai pas énormément de choses qui soient mise en forme. Mes notes sont principalement manuscrites mais je peux vous montrer mes carnets et j’ai apporté mon ordinateur pour vous montrer mes clichés de la ville.
Addison leur présenta ses notes et photos. Les quatre conseillers présents et le maire regardèrent les photos sans faire de commentaires, juste quelques expressions sur leur visage pouvaient trahir ce qu’ils pensaient mais c’était un peu stressant pour la jeune femme car elle sentait que ce n’était que le début et qu’elle allait attendre un moment avant d’avoir une réponse. Une fois les photos montrées, ce fut le tour des carnets. Ce fût long car il fallait que chacun puisse feuilleter les carnets. Enfin au bout d’un moment le maire lui rendit ses biens et Addison attendit leur verdict.
— Je trouve que vous avez certains clichés qui sont vraiment très beaux, d’autres un peu moins mais dans l’ensemble intéressants car vous avez pris des photos de lieux qui ne sont pas toujours mis en avant. Vos notes sont prometteuses mais j’attends de voir comment vous allez organiser votre travail car pour le moment c’est assez brouillon.
— Je suis d’accord avec M. le maire, dit un conseiller, c’est une idée intéressante mais j’attends aussi de voir comment vous allez la mettre en forme.
Les trois autres conseillers émirent plus ou moins les mêmes remarques mais dans l’ensemble c’était encourageant pour Addison. Elle savait qu’elle devait faire ses preuves. Les gens d’ici étaient à juste titre méfiants des étrangers et elle devait leur prouver qu’elle était digne de confiance et qu’elle voulait du positif pour la ville et sa réputation. Le maire lui avait noté des remarques sur une feuille avec quelques pistes pour de futures recherches et des personnes à aller voir si elle voulait approfondir ses recherches.
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Le lendemain, elle décida d’aller à la boulangerie-pâtisserie de sa tante pour parler à ses anciens collègues de son projet de vive-voix car elle avait déjà échangé des messages avec Alicia et deux trois autres personnes. Elle avait aussi décidé de passer la journée à observer et discuter avec les clients. Elle pourrait en apprendre davantage sur la vie quotidienne en ville. A peine arrivée, elle fût bien accueillie et profita qu’il n’y avait pas grand monde pour leur parler de ce projet et elle obtint encore plus de personnes pour l’aider dans ce travail. Alma était contente de voir que sa nièce avait trouvé quelque chose qui demandait de l’investissement sur du long terme et non un projet rapidement fait comme elle en avait l’habitude.
Addison en profita pour parler à quelques guides touristiques qui s’étaient arrêtés pour prendre un sandwich et un dessert. Elle profita de l’occasion pour parler avec un guide qu’elle avait déjà croisé, celui-ci faisait des circuits un peu moins traditionnels et ça intéressait énormément la jeune femme.
— Bonjour, je suis désolée de vous déranger pendant votre pause mais j’aurai quelques questions à vous poser. Je fais un livre pour promouvoir la ville et j’ai vu que vous n’aviez pas le même type de circuit que vos confrères et j’aimerais en savoir plus.
— Bonjour, vous ne me dérangez pas. Je fais ce genre de circuit car j’avais envie d’élargir ma clientèle et avoir moins de concurrence mais aussi car j’avais envie de montrer d’autres endroits et facettes de la ville. Je fais aussi les grands classiques mais je commence à avoir pas mal de succès avec mes circuits insolites.
— C’est intéressant. Je vais me documenter un peu plus sur vos circuits pour en parler dans mon livre si vous êtes d’accord.
— Oui, c’est une bonne idée. Si vous voulez vous pouvez m’accompagner pour mes visites de l’après-midi comme ça, vous verrez par vous-même.
— Oui je veux bien, merci.
Addison, après avoir mangé avec quelques collègues durant leur pause, prit congé et alla au point de rendez-vous pour la visite.
Il y avait une dizaine de personnes et Addison en profita pour leur demander pourquoi ils avaient choisi cette excursion plutôt qu’une autre et nota toutes leurs réponses. Le guide se présenta, il s’appelait Adrien, un prénom dans la tradition française qu’il était fier de porter, puis la visite commença par le quartier français, ce qui était classique mais très vite le guide leur montra des choses qui n’étaient évoquées que partiellement dans d’autres visites. Ils s’éloignèrent du quartier pour passer dans des rues typiques mais peu fréquentées. Le guide était natif de la ville et sa famille lui avait transmis un riche savoir sur la ville. Il connaissait donc énormément de chose et il aimait transmettre ce savoir. La visite fût vraiment passionnante pour Addison et elle essayait de tout noter et de prendre plein de photos en même temps. Le guide avait remarqué qu’il avait su capter Addison et pour lui c’était une petite victoire car il avait entendu dire qu’Addison quand elle est arrivée n’avait pas beaucoup d’estime pour la Nouvelle-Orléans. Il était content de voir que sa ville faisait encore de l’effet sur des personnes comme Addison.
Après trois heures de visite, le groupe revint vers leur point de départ. Addison en profita pour remercier Adrien.
— Merci pour votre visite, vous avez l’air de connaître vraiment beaucoup de choses sur la ville.
— Je suis content que ça vous ait plu. Oui c’est normal, j’ai grandi ici et ma famille y est originaire depuis des générations.
— Je comprends mieux, en tout cas cette visite est vraiment atypique. Est-ce que si j’ai besoin d’information sur la ville je peux prendre contact avec vous ?
— Oui bien sûr, je serai ravi de vous aider. Voilà ma carte, n’hésitez pas à m’écrire ou m’appeler.
— Merci beaucoup, à bientôt.
Addison quitta Adrien en rangeant soigneusement sa carte de visite. Elle savait qu’elle allait sûrement faire appel à lui pour l’aider dans son projet. Elle rentra chez sa tante et son oncle et prépara ses affaires pour partir. Elle devait retourner chez elle et elle devait retrouver un travail et voir comment elle pourrait mener son projet à terme.
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Le lendemain matin, elle dit au revoir à son oncle et sa tante. Elle aurait aimé voir leurs enfants mais Liam ne revenait du Canada qu’en juin et Sophie était en internat et passait une partie des week-ends chez sa tante car elle n’habitait pas loin de son lycée. Addison savait qu’elle les verrait plus tard. Elle allait revenir et elle avait aussi invité sa famille et ses nouveaux amis et connaissances à New-York pour qu’ils puissent eux aussi faire l’expérience d’aller dans une ville qui ne les attirait pas du tout ou pas beaucoup. Une fois sa voiture chargée, Addison prit la route.
Elle avait prévu de faire plus ou moins le même chemin qu’à l’aller pour rentrer. Elle s’arrêta donc chez sa cousine et lui fit part de son projet. Angela trouva elle-aussi l’idée intéressante et se proposa pour faire des illustrations et prendre des informations sur Atlanta et avoir le point de vue d’un étranger sur la ville. Cet été, Angela devait faire un stage dans un autre état pour un projet d’études, du coup, elle pourra donner son point de vue sur une autre ville.
Addison fut contente de retourner à New-York, mais son esprit était encore à la Nouvelle-Orléans. Elle avait rencontré des personnes attachantes et avait commencé une discussion par message avec Adrien. En plus d’être un excellent guide, Addison le trouvait sympathique et mignon et il avait juste un an de plus qu’elle. Ils parlaient surtout du projet de la jeune femme mais de temps en temps la conversation dérivait sur des sujets plus personnels. Addison était contente d’avoir ce nouvel ami dans sa vie. Elle ne savait pas si ça irait plus loin ou si ça resterait juste une relation amicale et de travail mais elle prenait les choses comme elles venaient donc elle laisserait faire le destin.
Elle, qui avait été si réticente d’aller dans cette ville, revint de son voyage avec de nouveaux projets et un esprit plus ouvert qu’avant et avec de nouveaux amis et peut-être plus. Elle comprenait un peu mieux la vie là-bas et était décidée à faire changer d’avis ceux qui n’osent pas y aller et faire de même avec d’autres villes américaines et pourquoi pas plus tard à l’échelle internationale. Addison ne savait pas si son projet pourrait marcher, mais au moins il réunirait des gens de tous horizons et l’expérience pourrait être enrichissante au point de vue culturel, historique et humain.
La jeune femme allait pouvoir revoir sa cousine, sa tante et son oncle plus souvent et peut-être retrouver un peu ses racines familiales avec ce projet et à terme renouer avec sa famille entière. Elle devait d’abord retrouver du travail en attendant d’avoir assez d’argent pour se permettre de voyager et d’avoir des vacances, mais Emma avait des contacts qui cherchaient des personnes comme elle donc elle était confiante. Elle allait pouvoir continuer de vivre sa vie comme elle le voulait, tout en voyageant plus et en rencontrant d’autres personnes. Au final, ce séjour à la Nouvelle-Orléans lui aura permis de trouver un point de repère entre sa vie et celle de sa famille. L’avenir était prometteur pour Addison. Que son projet fonctionne ou pas elle en ressortirait grandie et avec un esprit plus ouvert.
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