Chapitre 3

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Jack ouvrit les yeux. Il était toujours à l'intérieur de ce train. Mais en face de lui, plus personne. Anata avait disparu.

"Elle s'est absentée quelques instants... Elle va revenir" pensa Jack avant de s'apercevoir que le wagon était tout simplement vide.

"Mais où sont-ils ?" paniqua t-il. Le train par contre continuait d'avancer, tel un véritable train fantôme. Jack se tourna vers la fenêtre, il faisait nuit dehors. Il pouvait voir les étoiles et la lune.

Soudain, il vit deux longs bras noirs s'agripper à la vitre, avant de voir un visage. Il s'agissait d'un commando de l'ombre, ces ombres de grande tailles reconnaissables à leurs yeux jaunes et leur deux cornes... ainsi que leur rire démoniaque. Jack paniqua encore plus, se souvenant de ce que ces choses avaient pu faire lors de la guerre de Dalkia. L'ombre se mit à rire. L'instant d'après, elle disparut.

— Jack ! cria une jeune femme qui semblait apeurée.

Jack se tourna vers l'origine de cette voix familière, la banquette d'en face. C'était Olympe. Elle était assise là en face de lui, là où se trouvait Anata avant de disparaître. Comment était-ce possible ? Elle était pourtant restée à Dalkia.

— Olympe ? Mais c'est pas possible tu...

Traversant son débardeur kaki, une tache rougeâtre commença à apparaître sur le torse de la jeune femme. Cette tâche s'agrandit. C'était du sang. Il y en avait de plus en plus. Comme si elle venait à l'instant de recevoir un coup de couteau ou une balle dans le ventre. Jack se leva et se précipita vers elle.

— Non... non... non... Olympe, restes avec moi... À l'aide !!!! Aidez moi !!! hurla t-il bien qu'il savait pertinemment qu'il n'y avait personne.

Soudain, il y eut un éclair. "Comment c'était possible ?" le ciel était pourtant dégagé. Le tonnerre fit sursauter Jack.

Il était de nouveau assis sur sa banquette, le cœur battant la chamade. Anata était assise là où elle devait être.

— Pas de panique...Ce n'est qu'un orage lui dit-elle.

— Oui... oui. J'ai été surpris, répondit Jack qui réalisait que tout ce qu'il venait de voir n'était pas réel.

— Non... tu as la tête de quelqu'un qui vient de faire un cauchemar.

— On ne peut rien te cacher à toi, répondit Jack en riant.

"C'était un cauchemar" se dit-il en se rassurant avant de demander à la jeune Komitose l'endroit où ils étaient.

— Là, on vient de passer Raenimor... ça fait deux heures qu'on est partis de Keliz...

— Deux heures...

— Et oui... tu as dormis pendant deux heures... Encore cinq et nos chemins se sépareront.

— Je... euh... tu voudrais qu'on reste en contact après le voyage c'est ça ?

— Pourquoi pas... ça me ferait plaisir. J'adore rencontrer des nouvelles personnes. Attends, je vais te passer mon numéro de téléphone... Vous avez bien le téléphone à Dalkia ?

— Euh... oui...

— Je sais t'inquiètes... je plaisantais.

Anata prit son sac pour y chercher son téléphone portable, un morceau de papier et de quoi écrire. Le téléphone portable était une technologie à peine naissante sur Exotis mais déjà très courante sur Utopia dans les pays avancés.

Pendant ce temps, Jack repensait à "Raenimor". Il se souvint alors du moment où il s'était fait interroger par l'Empereur Emilien du Efdéème. Selon lui, son propre frère avait était tué au cours de la bataille de Raenimor il y a une trentaine d'année durant la dernière grande guerre. Une bataille qui a opposé le Véerème, le Efdéème et une mystérieuse armée composée des commandos de l'ombres menés par le père de Jack. Un père qu'il n'avait jamais connu.

— Jack ? Jaack... ici Utopia, dit Anata faisant revenir Jack à la réalité. Tiens voici mon numéro, dit la jeune Komitose en tendant à Jack un petit morceau de papier plié en deux.

— Ah... merci, désolé, j'étais perdu dans mes pensées, répondit Jack en prenant le petit bout de papier que lui tendait sa nouvelle amie.

— Je t'ai aussi noté mon adresse. Enfin celle de mes parents puisque j'habite encore chez eux. Au cas où tu voudrais m'écrire ou même passer...

Jack était étonné de voir à quel point Anata était "amicale". On racontait que les komitoses femelles étaient des êtres très charmants et chaleureux. Jack savait désormais que ça n'était pas que des "on dit". Il déplia le papier pour le lire.

— Ah... tu habites à Médila ?

— Oui.

— J'en ai déjà entendu parler...

Médila était une très grande ville katalonienne située près de la frontière entre Katalonia et Pacifia. Jack en avait entendu parler parce que Médila possédait un circuit de course faisant parti du tournoi HotRace, une célèbre compétition de kartings rassemblant les meilleurs pilotes du monde sur des circuits comportant des montées, des descentes, des virages incurvés ainsi que divers aléas de terrain tels que des accélérateurs ou encore des décélérateurs. Ces courses étaient très populaires sur Utopia, autant que pouvait l'être la Formule 1 sur Exotis. La plus grande différence était la séparation des hommes et des femmes. Sur utopia, les courses de karting étaient mixtes.

En plus d'accueillir l'un des grands rendez-vous de la HotRace, Médila était la ville où résidait le champion du monde en titre : Chase Crow, un humain.

— Pour les courses de Kart ? demanda Anata.

— Oui... Je les suivais à la télé avant la guerre. Chase Crow est toujours dans les meilleurs ?

— Oui il a gagné la HotRace 1989. Pour le moment il est encore en tête pour celle de cette année mais au coude à coude avec une autre pilote. Une elfe.

— Une Elfe ?! s'étonna Jack.

Les elfes n'étaient pourtant pas réputés pour leurs compétences de pilotage.

— Oui, Shayla Leona, une nouvelle qui vient de commencer cette année. Première compétition internationale et déjà dans le top dix. Comme Chase à ses débuts.

— Avec cette foutue guerre, j'en ai raté des trucs... Mais du coup, si tu es de Médila... Qu'est-ce que tu faisais à Keliz ?

— J'y travaillais... Dans un restaurant en tant que serveuse. Et là je vais à Eletria pour rejoindre mes parents... ils sont en séjour là-bas.

Un membre d'équipage du train prit la parole.

— Mesdames messieurs, nous arrivons à la gare d'Adellia.

Le train ralentit progressivement jusqu'à s'arrêter complètement. Adellia était une ville pacifienne. L'architecture de la gare était donc à l'image de la culture elfique. Une gare assez grande, flanquée de grandes colonnes maculées de blanc. Conformément à la culture Elfique, la végétation avait une place importante. La population présente dans la gare était majoritairement elfique. Très peu de non elfes habitaient à Pacifia. Les rares humains, léonéens ou autres représentants non elfes que Jack et Anata pouvaient apercevoir à travers les fenêtres du train devaient être des commerçants, peut-être des touristes, comme les parents d'Anata mais tous n'étaient que de passage.

Un adepte Chlorophylle elfe, entra dans le wagon et s'installa sur l'une des dernières banquettes de libre.

— Je les trouve vraiment bizarres ces types... dit Jack.

— Qui ? les adeptes ? demanda Anata après s'être retournée pour voir de qui parlait Jack.

— Oui, répondit-il sèchement.

— Tu ne crois pas en ce qu'ils racontent ?

— Tu y crois toi ?

— Oui... Enfin... seulement au fait que ceux qu'ils appellent "Chlorophylliens" puissent exister, répondit Anata avant de voir que Jack la regardait bizarrement. Mais je ne suis pas d'accord avec le fait qu'il faille en faire une religion... Tu dois sûrement me trouver bizarre maintenant.

— Nan, Nan pas du tout...

— Je ne dis pas que les Chlorophylliens ont existés... Je dis simplement qu'il est possible qu'ils ont existés. Mon espèce a perdu son niveau technologique à cause d'un cataclysme il y a des dizaines de milliers d'années. On est passé d'espèce prospère, capable de faire des vols spatiaux à une espèce quasiment primitive. Selon nos légendes, on aurait été en guerre contre eux. Mais on ne peut pas aujourd'hui certifier que c'est vrai. On sait qu'on a été pris dans une guerre... Mais on ne sait pas vraiment contre qui.

— Oui ça je sais... Je connais un peu votre histoire. Je sais que vous avez connu une guerre de grande ampleur il y a hyper longtemps... Mais toi, tu penses que c'était contre qui ?

Anata réfléchit quelques secondes avant de lui répondre.

— J'en sais rien. Pour moi c'est le passé. Quelque soit les hypothèses avancées par telle ou telle personne, je pense que l'important c'est le moment présent. Tous le monde a oublié cette époque trop lointaine pour laquelle on a très peu de sources.

— Et pour ce que les adeptes racontent... comme quoi ces "Chlorophylliens" seraient revenus il y a près de deux mille ans pour mettre fin à une guerre entre les humains et les elfes ?

— Là je dirais que c'est leur religion qui racontent ça... ils peuvent croire ce qu'ils veulent.

— Et les géants et les Anges... tu crois qu'ils peuvent exister eux-aussi ?

— Pour les géants, je dirais la même chose que pour les Chlorophylliens, c'est possible. Pour les Anges en revanche, je suis presque certaine d'en avoir déjà vu un.

Jack se mit à rire.

— Tu me fait marcher, c'est ça ?

— Non.

Jack vit à travers le regard de la Komitose qu'elle disait vrai. Elle avait bien vu un Ange. Ou du moins elle en était réellement persuadée.

— J'avais douze ans, reprit-elle. Je faisais du camping avec mes amies. Un soir, on a décidé de sortir en cachette pour aller explorer les bois. On s'est approchés d'une rivière et on a vu une silhouette blanchâtre en train de boire l'eau de la rivière. Il a dû nous entendre, il s'est retourné puis la seconde d'après, il avait disparu.

— Disparu ?

— Oui, envolé. Il faisait noir, on a pas bien vu. C'est pour ça que je t'ai dit que j'étais "presque certaine" d'en avoir vu un. Si ça se trouve c'était autre chose. Mais je ne vois pas qu'est-ce que ça aurait pu être d'autre.

— Un phénix ?

— Non. Pas de cette couleur... les phénix ne sont pas blancs. Et puis, il n'y a pas de phénix à Katalonia.

— Un cheval-ailé alors ?

— Oui... ça aurait pu, il parait qu'on peut en voir à cet endroit. Mais non, la chose que j'ai vu semblait plus... enfin je veux dire qu'il semblait humanoïde, bipède, deux bras et deux jambes, comme toi et moi. Mais avec des ailes en plus.

— Ouais, possible, répondit Jack.

Le train se remit en route et quitta progressivement la gare d'Adellia.

"Un Ange" pensa Jack, "Pourquoi pas. Après-tout, je vais bien au Pays des Rêves moi...".

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