Chapitre 13
Base militaire efdéème de Kassios, Efdéème, Utopia, 15 juillet 1990, 11h00
Akeba Léonas était dans une base efdéème avec les deux cents hommes fournis par Orko. Une partie de l'enceinte avait spécialement été aménagée pour accueillir ce contingent spécial.
— Matez moi ça ! Des ARK-45 ! Ça c'est du matos, dit un mercenaire humain, tout heureux de voir le matériel que leur fournissait le Efdéème.
Le fusil d'assaut ARK-45 conçu par l'armée efdéème elle-même était l'un des fusils d'assaut les plus fiables et redoutables d'Utopia. On avait souvent tendance à le comparer à la T-60 véerème, une autre arme emblématique d'Utopia. L'ARK-45 équipait la plupart des soldats efdéèmois depuis près d'une dizaine d'années et avait fait ses preuves lors de la guerre de Dalkia.
— Ça change de nos merdes habituelles... reprit un mercenaire elfe en s'emparant de l'un des fusils.
— C'est pas l'arme qui fait la qualité d'un soldat, le corrigea Akeba après avoir pris soin de vérifier qu'aucun efdéèmois n'était dans les parages. Les ARK-45 sont de très bonnes armes, mais elles n'ont pas permis au Efdéème d'éviter la défaite à Dalkia.
— Ouais... mais ça c'est autre chose... répondit un mercenaire Komitose qui ne savait pas vraiment quoi répondre à ça.
— Équipez-vous... reprit Léonas, on part dans trente minutes et l'agent Zavaleta ne va pas tarder à venir pour le briefing.
Parmi les deux cents hommes fournis par Orko, on trouvait des Humains, des Komitoses, des Léonéens et des Elfes. Pour chacune de ces espèces, les deux sexes étaient représentés. Mais parmis ces deux cents mercenaires, seulement six allaient être déployés pour la mission à venir. Les autres, étaient mis de côté, pour une opération ultérieure. Un déploiement qui serait encore plus important. Pour cette première mission, Akeba n'avait besoin que de six d'entre-eux. Les six meilleurs.
C'est pourquoi, parmi le vivier de mercenaires, il avait sélectionné : Mallick Ramza, une Humaine à la peau noire, crâne rasé, experte au maniement des armes blanches et tireuse hors pair, Eldiir Fel'venar, un Elfe recherché sur tout le continent Pacifique pour avoir assassiné pas moins de quarante trois individus sous prétexte qu'il voulait dépasser le record de meurtres en série qui était alors de vingt et une victimes. Autant dire qu'il avait explosé ce triste record. Dans ce petit commando on retrouvait également Simus Krait, un imposant Léonéen de près de soixante ans, expert en démolition, Lého Lanissa, un Komitose connu pour être l'un des meilleurs tireurs d'élite à la solde d'Orko, Kléon Dragonof, un Humain d'une quarantaine d'années, barbu et chauve, connu pour avoir mené de nombreuses opérations de sabotage et de contrebande pour Orko, et aussi pour avoir combattu et vaincu un léonéen adulte dans un combat à mains nues. Enfin, le dernier membre de l'équipe était un Humain qui répondait au nom de "Stone". Akeba connaissait sa véritable identité, Bryan Carlié, et savait que cet homme de trente ans nourrissait une passion atypique pour les gros calibres. Une passion qui l'avait poussé à maîtriser un grand panel d'armes lourdes comme les sulfateuses, les fusils mitrailleurs lourds, les fusils à pompe ou encore les fusils de précision lourd. On disait de lui qu'il était sans pitié. Certains le surnommait "l'homme au cœur de pierre" ou simplement "Stone", surnom qu'il avait repris comme identité principale.
L'agent Zavaleta s'approcha du chasseur de prime Elfe.
— Vous pensez qu'ils feront affaire ? lui demanda t-il encore septique à propos de cette "sélection".
— Vous m'avez demandé de rassembler les six meilleurs hommes qu'Orko nous avait fournis. Je suis sûr qu'ils feront l'affaire. À côté d'eux, la plupart de cuex que je n'ai pas retenus, font figure d'enfants de chœur.
Akeba désigna Stone de la tête.
— En particulier celui-là.
— Pourquoi ? demanda l'agent efdéèmois après l'avoir regardé quelques secondes.
— Il est assez spécial en son genre, mais il n'hésitera pas à employer les grands moyens pour remplir à bien sa mission. Croyez moi, de toute la team, c'est lui que j'apprécie le plus.
— J'espère que vous savez ce que vous faites Leonas.
— Les Véerèmois n'auront pas le temps de réagir... Ça je peux vous le garantir.
— Nous verrons, termina l'agent efdéèmois avant de se diriger vers les six autres mercenaires.
Akeba resta debout à côté de lui.
— Très bien ! cria Zavaleta pour attirer leur attention. Vous avez été choisis parce que selon Leonas, vous êtes les meilleurs. Votre mission est simple. Vous introduire dans l'ambassade véerème de Katalonia et prendre en otage l'ambassadeur véerèmois. Bien entendu, vous agirez sous couverture. Vous ne combattrez pas sous la bannière efdéème ni sous celle d'Orko. Officiellement, vous agirez pour une organisation extrémiste, le front de libération Pacifique qui à pour vocation de débarrasser tout le continent Pacifique de l'influence véerème. Vous aurez des uniformes, des écussons, des drapeaux et même des cris de guerre, pour rendre le tout plus crédible. Nos experts sont déjà en train de créer des pages web sur cette organisation. Il y aura des vidéos, des messages, nos ennemis n'y verront que du feu. La mission d'aujourd'hui n'a de but que de faire parler de cet "organisation". Des questions ?
Mallick Ramza leva le bras.
— Si vous souhaitez que l'on agisse sous couverture... que vos ennemis ne découvrent pas que l'on travaille pour vous... Pourquoi nous fournir des ARK-45 ?
La question était loin d'être idiote. Mais Zavaleta avait la réponse. Si le Efdéème avait décidé de fournir ses propres armes à ces mercenaires, il y avait une raison.
— Lorsque nous avons envahi Dalkia, nous avions stocké plusieurs caisses contenant des ARK-45. À notre départ, nous ne les avons pas récupéré... On sait grâce à nos espions que la plupart de ces caisses se sont retrouvées entre les mains de trafiquants qui les ont mis en vente sur le marché noir. L'arme y est actuellement très prisée. L'ennemi ne sera pas étonné de vous voir les utiliser... D'autres questions ?
Stone leva la main.
— Allez-y, dit Zavaleta.
— Combien seront les gardes ?
— C'est une assez grande ambassade. Nous estimons la présence militaire ennemie à une cinquantaine d'hommes environ.
— Dommage... répondit Stone.
Zavaleta et Akeba se regardèrent dans les yeux avant de replonger leur regard sur le mercenaire.
— Qu'est-ce qui est dommage ? demanda l'agent efdéèmois.
— Dommage qu'il n'y en ait pas plus.
Les cinq autres mercenaires éclatèrent de rire et vinrent chacun leur tour taper dans la main de Stone.
— Je vous l'avez dit, lança Akeba à Zavaleta. Il est spécial dans son genre mais redoutable.
— Ce qui me fait peur, lui répondit Zavaleta à voix basse, c'est qu'ils pensent vraiment avoir une chance face à cinquante soldats véerèmois... Le succès de la mission repose sur la discrétion, la furtivité. Le Véerème ne devra pas savoir qu'ils sont là, avant qu'ils aient prit en otage la cible. Tâchez de leur expliquer ça avant notre départ... c'est clair ?
Akeba regarda l'agent efdéèmois avec son regard le plus froid. Lorsque Zavaleta quitta la pièce, il était seul avec ses six hommes.
— Nan mais sérieusement, ricana le mercenaire Komitose, cinquante hommes... Nan mais ils nous prend vraiment pour des gonzesses ou quoi ?
— Je t'emmerde, lui répondit Mallick.
Akeba prit Lanissa par le col de sa veste et le claqua contre le mur. Les cinq autres malfrats restèrent de marbre face à cette scène.
— Écoutes moi bien petite merde, lui dit Akeba avant de s'adresser aux autres toujours en tenant le Komitose fermement. Ecoutez moi tous ! Vous n'aurez le droit de vous défouler sur les véerèmois que lorsque l'ambassadeur sera sous notre joug, c'est bien clair ?!
— Ou-oui, c'est clair, répondirent tous les mercenaires excepté Lého Lanissa, toujours plaqué contre le mur.
— Tu as bien compris toi ? lui demanda Akeba.
— Ouais.
— Le Efdéème nous paie très cher, reprit Léonas après avoir relâché le Komitose. Bien plus cher que ce qu'Orko ne vous paiera jamais. Alors on s'introduit dans l'ambassade, on place des charges, on trouve la cible, on fait sauter les charges pour détourner l'attention des gardes et ensuite seulement ensuite, vous pourrez vous défouler sur les véerèmois pour nous permettre de fuir. Maintenant, finissez de vous équiper, on part dans vingt minutes.
Sur cette phrase, Akeba quitta la salle à son tour et rejoignit Zavaleta. Ce dernier était avec l'agent Greaves ainsi que deux officiers efdéèmois.
— Que comptez vous faire de l'ambassadeur une fois capturé ? leur demanda Léonas.
— Plutôt qu'est-ce que vous comptez en faire ? Cette mission vise à faire parler du Front de libération Pacifique. Le Efdéème vous demande de faire vivre cette organisation pour que lors de vos prochaines missions pour nous, nos ennemis soient convaincus d'avoir affaire à une organisation extrémiste agissant pour elle seule et non à une organisation agissant pour notre compte.
— Donc vous savez déjà où nous déployer après cette mission ?
— C'est exact, répondit Greave. Mais pour le moment, nous ne pouvons pas vous en dire plus, mis à part le fait que cette fois-ci, tous vos hommes seront concernés.
— Vous savez, reprit le chasseur de prime Elfe. Moi tant que je suis payé...
Akeba, tout comme les autres mercenaires, avaient l'habitude de faire le "sale boulot" comme diraient certains. Tant qu'ils étaient payés, ça ne leur faisait ni chaud ni froid. Mais Léonas savait qu'un jour, ce petit manège cesserait de fonctionner. Un jour, le Véerème finirait par découvrir que le "Front de libération Pacifique" n'était autre qu'un instrument à la solde du Efdéème et cette guerre froide qui durait depuis maintenant quelques jours entre les deux camps, se transformerait en conflit armé. Il espérait juste que ce moment arriverait le plus tard possible, pour qu'il puisse d'ici là accumuler le plus d'argent possible. Même si, dans son cas, il était fort probable que les agents Greave et Zavaleta continueraient de faire appel à lui pour diverses opérations.
Depuis les déclarations de guerre, aucun affrontement direct entre les deux puissances n'avait eut lieu. Les deux camps, le Efdéème d'un côté et le Véerème et ses alliés, de l'autre semblaient s'observer, se préparer en attendant de savoir qui des deux taperait le premier. Il était évident que le Efdéème voulait frapper en premier. Mais pas avant d'avoir semé la peur sur le continent Pacifique.
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