Chapitre 18
Grant Kodyn et ses hommes avançaient le long d'une rue, aux côtés de troupes nord-véerèmes. Les soldats locaux connaissaient eux aussi la légende des célèbres Commandos MOCH. Tous avaient déjà entendu cette fameuse phrase : "Dix MOCH peuvent changer le cours d'une bataille, Cent MOCH celui d'une guerre". Ainsi ils étaient rassurés de les savoir de leurs côtés.
Même si l'armée nord-véerème avait bien réagit à l'attaque surprise, et qu'elle semblait avoir pris le dessus sur les hommes du Front de Libération, les terroristes avaient cependant accomplis leur mission. Ils devaient faire le plus de dégâts possibles avant de se replier. Chose qu'ils étaient apparemment en train de faire. Et selon les informations transmises par les combattants nord-véerèmois, les terroristes étaient en train de fuir la ville et de converger vers un point précis de la forêt neutre. Sans doute que quelqu'un les y attendaient. Et c'est précisément là que se rendait l'escouade de MOCH de Grant Kodyn et les forces armées nord-véerème.
Mais pour Kodyn, quelque chose ne tournait pas rond... Pourquoi avoir attaqué Adrième ? Pourquoi avoir attaqué le Nord-Véerème ? Le Front de Libération Pacifique disait pourtant vouloir lutter contre le Véerème... Sans le savoir, Kodyn se posait là les mêmes question que Jack Lorage.
Soudain, un bruit de moteur se fit entendre. Comme si un ou des véhicules arrivaient droit vers eux. Kodyn leva le poing et le serra pour dire à ses hommes de s'arrêter. Les soldats nord-véerèmois n'étant pas sous ses ordres, ils auraient très bien pu continuer d'avancer. Mais le plus haut gradé présent aux côté de Kodyn, le lieutenant Anaximandre Niel, l'imita et fit signe à ses propres hommes de stopper leur avancé.
—Vous entendez ça ? demanda le leader des Commandos MOCH.
—Quelque chose approche, répondit Niel.
—C'est peut-être rien du tout, ajouta Perez, un MOCH de l'escouade de Kodyn, présent lui aussi à Dalkia trois ans plus tôt. On dirait simplement des... voitures.
Quelques secondes plus tard, les fameux véhicules apparurent devant la petite troupe. Il s'agissait de véhicules tout terrain équipés d'une mitrailleuse de gros calibre. Le modèle de la voiture n'était pas nord-véerèmois. Il s'agissait de Cima 330, un véhicule produit par Dalkia mais commercialisé dans bon nombre de nations humaines.
—À couvert tous le monde ! cria Kodyn après avoir vu des armes les pointer.
Ils n'eurent pas le temps de s'abriter que les assaillants ouvrirent le feu sur eux. La première salve de tirs abattit quatre soldats nord-véerèmois et en blessèrent grièvement un autre. Les tirs étaient si puissants qu'ils avaient déchiré la jambe droite du pauvre soldat. Ce dernier hurlait de douleur pendant que les autres se mirent à couvert derrière ce qu'ils pouvaient: des voitures et des murs principalement.
—Il faut le récupérer ! cria le lieutenant Niel à Kodyn en parlant du jeune soldat amputé de la jambe droite, toujours au sol et à découvert.
Grant ne répondit rien. Il savait que le sort du jeune homme était très probablement scellé. Il observa autour de lui et le seul moyen de lui porter secours était de se mettre dans le champ de tir des mitrailleuses ennemis. Il fit alors signe à sa meilleure tireuse, Bénédicte Caldera de contourner la zone et de trouver un moyen de monter en haut de l'un des bâtiments pour pouvoir abattre les artilleurs depuis les hauteurs. Celle-ci lui fit un signe de la tête, montrant qu'elle avait compris la manœuvre puis s'exécuta.
Dans l'une des trois voitures terroristes, assis sur le siège passager, un mercenaire humain avait reconnu l'armure caractéristique des Commandos MOCH.
—Léonas, ici Destrier 2, on a repéré des Commandos MOCH.
—Quoi ?! Les MOCH ici ?! Eliminez les jusqu'aux derniers et regagnez le point d'extraction !
—Compris, conclut le chef de l'unité avant que son conducteur ne l'interpelle.
—Qu'est-ce qu'on fait de lui Bones ? demanda t-il en désignant le nord-véerèmois toujours à terre.
—Il a l'air de bien souffrir... Laissez-le. Il finira bien par crever. Inutile pour l'instant de gaspiller nos munitions sur un homme qui ne représente aucune menace. On le descendra en dernier, répondit Bones avant de s'adresser à son canonnier. Continues de tirer !
Les trois véhicules ouvrirent à nouveau le feu. Certaines balles réussirent à passer au travers des murs derrière lesquels s'étaient abrités des MOCH et des nord-véerèmois. Un autre soldat tomba au sol.
Deux combattants nord-véerèmois dégoupillèrent chacun une grenade avant de les jeter vers les Cima 330. Deux d'entre-elles, dont celle du chef de l'unité, purent faire marche arrière de justesse afin d'éviter les explosions. La troisième voiture, celle qui était le plus près n'eut pas le temps de se replier et fut détruite dans l'explosion.
Quelques secondes plus tard, Bénédicte arriva sur le toit de la maison adjacente et abattit l'artilleur de la voiture de Bones avant de faire de même avec celui du dernier véhicule. Après quoi, les autres purent se mettre à découvert pour éliminer les mercenaires restants.
—Léonas... Léonas... ils ont... commença Bones en s'adressant à nouveau par radio à son supérieur.
Il n'eut cependant pas le temps de terminer sa phrase qu'une pluie de balles brisa le pare-brise de son véhicule pour se loger dans son torse et dans sa tête.
Le lieutenant Niel et deux autres de ses hommes se précipitèrent vers leur camarade blessés. Sa blessure donnait des frissons à voir.
—Un médecin ! cria Niel. Un médecin !
—Il l'ont eu ! répondit l'un de ses hommes. Il est mort...
Heureusement, dans l'escouade de Kodyn, un MOCH, Kenny Leng, était spécialisé dans les premiers secours. Ce dernier ce précipita vers le jeune nord-véerèmois qui se vidait de son sang.
—Il est salement amoché... dit-il, on peut essayer de ralentir l'hémorragie mais il faut le conduire au plus vite à un centre de médical.
—Et moi il ne me reste plus que quatre hommes, ajouta Niel à Kodyn. Si je dois en désigner pour le conduire au refuge, on ne sera plus assez pour continuer...
Adrième possédait un hôpital, mais il était bien trop loin. Le jeune soldat ne tiendrait probablement pas la route jusque là-bas. Les secours les plus proches se trouvaient à l'aéroport, dans le refuge qu'avaient installés l'armée et les personnels de secours.
Kodyn réfléchit un instant. Il regarda le soldat blessé. Il perdait beaucoup de sang et si l'hémorragie n'était pas rapidement stoppée, sa mort serait inévitable. Puis il regarda ses propres hommes qui n'attendaient que ses ordres. Aucun d'entre-eux n'avait été tué ou blessé durant l'escarmouche. Il s'en félicita.
—Prenez leurs voitures... Ramenez le au refuge... Mes hommes et moi allons continuer.
—Compris, répondit Niel avant de s'adresser à ses hommes cette fois-ci en criant pour passer au dessus des hurlements d'agonie du jeune soldat. On le ramène au camp !
—Kenny, tu pars avec eux, dit Kodyn.
—Bien commandant.
Les MOCH attendirent que leur frère d'arme et les soldats nord-véerèmois soient partis avant de reprendre leur route. Pendant ce temps, Bénédicte les avait rejoints.
—Il faut leur faire payer... dit un Commando à Kodyn, en parlant des terroristes.
Ce dernier lui tapota l'épaule pour lui dire qu'il en aurait l'occasion.
—Ok, dit-il. On va reprendre notre avancée. Tant qu'une seule de ces pourritures sera dans cette ville, notre mission continue !
—Oui chef ! crièrent en cœur les autres.
***
Au même moment, Jack et Naturia étaient toujours en train d'aider les secours à déblayer les structures effondrées. Ils avaient déjà réussi à sortir quatre personnes des gravats lorsque Jack entendit un homme crier.
—Par ici ! Aidez moi !
Le jeune paranormal se dirigea vers ce qui lui semblait être l'origine de l'appel à l'aide. Il escalada quelques blocs de béton jusqu'à atteindre une cavité à travers laquelle il pouvait apercevoir un homme d'une trentaine d'années, les cheveux marrons, courts, bouclés, portant un manteau style trench de couleur marron. Il était a plus de cinq mètres sous l'endroit où se tenait Jack et visiblement, il avait suffisamment d'espace pour se tenir debout. Il était inaccessible. Il fallait que Jack déplace un ou deux blocs pour permettre à l'homme d'escalader et de sortir de là où il se trouvait. Mais c'était risqué. En déplaçant un bloc, il pourrait, sans le vouloir, faire s'écrouler les autres et tuer ce pauvre homme.
—Je vais vous sortir de là ! Lui cria pourtant Jack. Vous êtes blessé ?
—J'ai dû me faire une entorse... Rien de grave, mais je crains ne pas pouvoir escalader pour sortir !
Merde, pensa Jack. Il ne pourra donc pas escalader. Je devrais le sortir moi-même de là.
Il s'écarta de quelques mètres avant d'utiliser ses dons pour déplacer un premier bloc, puis un second avec une énorme concentration. Il avait déjà soulever une pierre d'à peu près le même gabarit. Sauf que là, en plus de devoir les soulever, il avait dû les déplacer pour les déposer ailleurs. Ce qui le fatigua.
—Maintenant je vais vous soulever ! Restez tranquille ! Cria Jack.
—Quoi ?! Comment ?! demanda l'homme étonné.
Jack tendit son bras vers lui et commença à le faire léviter. Un Paranormal pensa l'homme. La fatigue se faisait de plus en plus ressentir. Jack sentait qu'il commençait à faiblir. Mais il ne pouvait pas lâcher cet homme. S'il le faisait, il ferait une chute de plusieurs mètre pour retomber là où il était. Ce qui le tuerait ou au mieux, le blesserait encore plus que ce qu'il était.
Alors qu'il ne restait que quelques dizaines de centimètres avant de pouvoir sortir complètement l'individu, Jack ne vit pas qu'à quelques mètres en face de lui, deux mercenaires étaient sur le point d'ouvrir le feu.
—Attention Jack ! cria Naturia qui arriva in extremis.
Surpris, Jack lâcha l'homme avant d'attraper son bras, l'empêchant de tomber.
—Tenez bon !
Naturia eut tout juste le temps de désarmer les deux mercenaires, par la simple force de sa pensée, pendant que Jack tirait de toute ses forces pour aider l'homme à sortir des décombres. Ce dernier donna du siens en poussant avec sa seule jambe valide.
Les deux Commandos MOCH qui accompagnaient Naturia et Jack ouvrirent le feu sur les deux assaillants. Naturia aurait plutôt voulu les désarmer pour les livrer aux nord-véerèmois. Elle détestait tuer, contrairement aux MOCH qui n'hésitaient pas à le faire si besoin.
—Merci... dit l'homme, enfin sortit des décombres.
—De rien... Je n'ai fais que ce que je devais faire.
—Alors... vous êtes un paranormal... ajouta l'individu.
—Oui... tout comme elle, répondit Jack en désignant son amie.
—Je vois... Et les deux qui vous accompagnent sont des Commandos MOCH. Ouais, j'ai déjà entendu parler d'eux.
Jack remarqua qu'il lança un regard assez étranges aux deux Commandos. Apparemment, il ne semblait pas les apprécier.
—Je suis Desmond Wilson, se présenta l'homme en tendant la main à Jack.
—Jack Lorage, se présenta ce dernier en serrant la main de Wilson.
—Enchanté... et encore merci.
Des soldats nord-véerèmois vinrent l'aider à descendre les gravats. Jack le regarda un instant avant de se tourner vers son amie.
—Merci, lui dit-il. Sans toi, je serais sûrement mort.
Trois hélicoptères de transport militaire, passèrent au dessus d'eux. Ils semblaient se diriger vers le refuge. Jack reconnut les couleurs de l'armée Dalkienne.
—Les dalkiens sont arrivés, dit-il.
—Et les véerèmois ne devraient plus tarder eux non plus, ajouta l'un des deux MOCH.
***
Kodyn et ses hommes avançaient, pour intercepter les terroristes fuyards. Sur leur chemin, ils avaient été devancés par quelques chars nord-véerémois qui semblaient eux-aussi se diriger vers le point de ralliement des hommes du Front de libération.
Soudain, le sol s'effondra emportant Grant Kodyn dans une chute de quatre à cinq mètres. les autres eurent à peine le temps de faire quelques pas en arrière pour éviter de tomber eux-aussi.
—Commandant ! crièrent les MOCH.
Quelques instants plus tard, Kodyn se releva et ramassa son fusil. il semblait se trouver dans un tunnel de métro. Probablement que les bombardements avaient fragilisé le sol au point qu'il avait cédé lorsque le chef des Commandos MOCH passa dessus.
—Commandant ! Vous allez bien ? demanda Bénédicte.
—Ça va. Continuez sans moi... Je vous rejoindrez. Ne perdez pas de temps... Interceptez ces ordures !
—Quoi ? Vous êtes sûr ?!
—Oui... ne vous inquiétez pas pour moi. Faites-le pour les nord-véerèmois.
—Bien commandant, répondit Bénédicte après quelques secondes de réflexion. Bonne chance !
Bénédicte et les autres reprirent leur chemin vers le point de ralliement des terroristes.
Pendant ce temps, le chef des MOCH pointa son fusil devant lui et avança petit à petit, dans un noir quasi complet. Soudain, quelque chose le saisit par le bras et le jeta en l'air. Kodyn perdit son fusil et fut projeté sur un mur situé à quelques mètres, en plein sur un panneau publicitaire ventant les vertus d'un produit de beauté anti-âge.
—Tiens tiens... entama une voix assez grave. Voyez vous ça. Un Commando MOCH.
Kodyn se releva et jeta son regard sur l'individu qui se tenait devant lui, à quelques mètres. Il s'agissait d'un Léonéen.
—J'ai toujours rêvé de tuer un Commando MOCH de mes propres mains.
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