Jack mit quelques dizaines de minutes à trouver le sommeil. Lorsqu'il le retrouva, il se vit plongé dans un rêve des plus étranges.

Il était au beau milieu d'un paysage assez singulier. Il semblait si... vide. Tout était froid et gelé. Il y avait de la forêt et des prairies à perte de vue. Tout était blanc et recouvert de neige. Il ne semblait y avoir aucune habitation à des kilomètres à la ronde. A l'exception toutefois d'un immense palais situé dans les montagnes, à des kilomètres de là où se trouvait Jack. Il était tellement loin qu'il était impossible pour Jack de se le décrire.

Sans qu'il ne sache pourquoi, il marchait vers ce palais, quand soudain, il entendit une voix. Il s'agissait d'une voix féminine, assez imposante. Il avait l'impression de la voir sans vraiment la voir. Il avait l'impression qu'elle était partout et nulle part à la fois. Comme s'il avait de brèves images d'elle. Une jeune femme à la peau légèrement bleutée. Pas assez bleue pour être celle d'une Komitose. Il était impossible pour Jack de savoir s'il s'agissait d'une humaine, d'une elfe, ou même d'une elfe noire.

Cette voix s'adressait directement à lui.

—Je sais qui tu es, lui dit-elle. Je sais que tu aspires à me rencontrer. Tu as besoin de moi.

—Mais, qui êtes vous ? demanda Jack en regardant partout autour de lui, tout en continuant d'avancer, comme s'il n'était plus maître de ses mouvements. Montrez vous !

—Tu vois le palais ? rends toi là-bas... Je t'y attendrai.

—Mais... Mais je ne sais même pas où je suis, fit Jack, je ne sais pas où se trouve ce "palais".

—Tu te trouve actuellement dans l'une des provinces de Luheu, celle la plus au nord.

—Les provinces de Luheu ? Mais elles sont sous contrôle pacifien. C'est en territoire elfique.

—Rend toi là-bas. Je t'y attendrai.

—Attendez... Vous êtes celle dont m'a parlé Naturia ? Vous êtes...

Jack n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'il se réveilla en sursaut, aux côtés d'Olympe. La réveillant par la même occasion.

—Tout va bien ? demanda cette dernière, inquiète.

—Oui. J'ai juste fait un rêve étrange.

Olympe se retourna pour jeter un rapide coup d'oeil au réveil qui affichait "3h27", avant de s'adresser à nouveau à Jack.

—Rendors toi. Il n'est que trois heures et demi du matin.

—Ouais, répondit le paranormal tout en continuant à penser à ce qu'il venait de voir. Je suis vraiment désolé.

—C'est pas de ta faute.

Jack se rallongea et ferma les yeux. Olympe mit quelques minutes à se rendormir contrairement à lui qui n'y arrivait pas. Les minutes passaient et commençaient à être longues. Discrètement, Jack jeta un coup d'oeil au réveil qui indiquait alors "4h57". Jack comprit que le sommeil ne viendrait pas... qu'il passerait le reste de la nuit éveillé, à côté de celle qu'il aimait. Il la regarda dormir quelques secondes avant de fermer les yeux et de repenser aux trois dernières années.

***

Quelques heures plus tard, pendant le petit déjeuner, Jack repensa à ce rêve. Pour lui ça ne pouvait pas en être un. Pour lui, il s'agissait de cette "sorcière" dont lui avait parlé la gardienne du Pays des Rêves. Et l'endroit où il était, lui rappelait ces "terres gelées" dont lui avait parlé Naturia. Pour lui, la sorcière lui avait envoyé un "message" pour lui permettre de la retrouver. Elle seule pouvait lui dire qui étaient vraiment ses parents. C'était la raison pour laquelle il devait se rendre dans cet étrange palais. Celui que lui avait indiqué cette mystérieuse voix. De plus, sans pouvoir se l'expliquer, Jack savait comment s'y rendre. C'était comme si, en plus de lui avoir dit où il devait aller, elle lui avait montré comment.

De son côté, Olympe voyait que quelque chose n'allait pas. Pour elle, Jack semblait préoccupé par quelque chose. Quelque chose l'angoissait.

—Ça va ? demanda t-elle ? Tu n'arrêtes pas de touiller ton café en regardant le vide... tout va bien ?

Jack s'arrêta net et lâcha sa cuillère, puis il leva les yeux vers la jeune femme.

—Olympe il faut que je te dise un truc.

—Quoi ?

—Ça va te paraître un peu bizarre mais... Je crois que le rêve que j'ai fait cette nuit n'en été pas un.

—Comment ça ? Tu veux dire comme lorsque tu avais cru voir cette "Naturia" dans la tente des MOCH pendant la guerre ?

—Euh... non là c'est autre chose.

—D'ailleurs, le coupa Olympe. Elle était vraiment venue cette nuit-là ?

—Oui... Oui, elle était là. C'est une amie des MOCH et ils l'avaient laissé entrer, expliqua rapidement Jack avant de revenir à son rêve de la nuit dernière. Cette nuit c'était différent. Il n'y avait personne. Tout était dans ma tête. Mais c'était comme si quelqu'un m'avait appelé à distance, tu me suis ?

—Oui... la télépathie.

Jack la fixa une fraction de seconde avant de reprendre.

—Là encore ça va te paraître insensé, mais je crois qu'il s'agit de la femme dont m'a parlé Naturia. Celle qui aurait connu mes parents. Je ne sais pas comment elle sait que j'existe... Ou même comment elle sait que je voulais la rencontrer. Mais je crois que c'était elle.

Jack regarda à nouveau sa petite amie qui restait aussi silencieuse qu'immobile.

—Tu dois sans doute croire que je délire... reprit-il.

—Non... Pas du tout, répondit Olympe sortant de son silence. Je te crois.

—Tu me crois ? demanda Jack, surpris.

N'importe qui aurait pu croire que ce qu'il racontait sortait directement de son imagination qui lui aurait joué un tour. Mais Olympe était plus ouverte à ce sujet. Elle s'était toujours montrée intéressée aux paranormaux, à leurs pouvoirs. Tout cela la fascinait. Elle les trouvaient passionnants. Peut-être l'une des raisons pour lesquelles elle était tombée amoureuse de Jack.

—Oui. Tu es paranormal, répondit-elle. Je sais que tu n'es pas vraiment... comme nous. Je veux dire, tu as des dons que je ne comprendrais jamais. Et peut-être que la télépathie en fait parti. Je t'aime comme tu es Jack. Même si parfois, il t'arrive des choses étranges, je t'ai toujours apprécié et je te soutiendrais toujours.

Jack était profondément touché par ce qu'Olympe lui disait.

—Alors tu... tu me comprendrais si je te disais qu'il faut que je reparte ?

—Quoi maintenant ?! s'exclama la jeune femme. Mais tu viens d'arriver...

—Ouais, je sais mais ça sera moins long cette fois. Quelques jours tout au plus. Il faut que j'aille voir quelqu'un qui... qui serait capable de me dire qui sont mes parents. C'est important pour moi...

—Oui... oui je comprends, fit la jeune femme après quelques secondes de réflexion. Mais c'est juste que... je n'ai pas envie de te voir partir, encore une fois.

—Je ne serai absent que quelques jours, insista Jack. Cette fois tu auras à peine le temps de t'habituer à mon absence.

—C'est pas drôle Jack. Je sais que c'est important pour toi. Moi aussi j'ai envie que tu sache enfin qui sont tes parents et donc qui tu es vraiment. Mais je vais encore me faire du soucis pour toi. Même si ce n'est que "quelques jours".

Jack posa la main sur le bras d'Olympe, pour la rassurer.

—Ne t'inquiètes pas, ça ira.

—Je viendrai bien avec toi. Mais je ne peux pas... Je dois former les recrues, fit Olympe d'un air déçu. Déçue de laisser une nouvelle fois son compagnon partir sans pouvoir l'accompagner.

Un silence s'installa. Jack regardait sa partenaire sans trouver quoi que ce soit à lui répondre. Il aimerait tant voyager avec elle. Mais il savait que ce voyage, il devait le faire seul. C'est finalement Olympe qui brisa le silence quelques secondes plus tard.

—Seulement quelques jours, donc ?

—Une semaine grand max. Je te le promet. J'y vais, elle me dit ce que je veux savoir et... et je reviens.

—Et... ? demanda Olympe avec un sourire qui commençait à se dessiner sur ses lèvres.

—Et quoi ? demanda Jack qui ne comprenait pas où elle voulait en venir.

Olympe eut du mal à se retenir de rire.

—Quand tu reviendras... Qu'est-ce qu'il se passera... entre nous ? demanda t-elle en riant.

Jack commença à comprendre ce qu'elle voulait entendre. Elle avait besoin d'être rassurée. De savoir qu'un jour, tout ça serait fini. Qu'ils pourraient enfin vivre leur amour, ensemble.

—Je ne te quitterai plus... on pourra enfin vivre tous les deux, répondit le paranormal en embrassant la jeune femme sur la joue.

—Je t'aime, lui répondit cette dernière.

—Je t'aime aussi Olympe. Je t'aime plus que tout.